Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Législatives 2024: le duel des finalistes de la 5ème circonscription

À la veille du second tour des élections législatives, interview croisée du député sortant indépendant Stéphane Vojetta, et du candidat du Nouveau Front Populaire, Maxime Da Silva.

Duel Maxime Da Silva-Stephane VojettaDuel Maxime Da Silva-Stephane Vojetta
Écrit par Francis Mateo
Publié le 3 juillet 2024, mis à jour le 4 juillet 2024

Quels sont les enjeux de cette élection ?

Stéphane Vojetta : Au premier tour, j'ai fait campagne sur mon bilan de député depuis trois ans, en rappelant que mon action n'était pas encore totalement accomplie, et que j'avais donc besoin de la poursuivre pour transformer l'essai à Paris. Je veux continuer à mettre la pression aussi bien sur les ministères que sur les administrations, afin notamment d'aller jusqu'au bout de la démarche sur la dématérialisation du processus de renouvellement des passeports et du vote par procuration. Autant de chantiers sur lesquels on a déjà bien avancé.
Si je suis réélu, je participerai aussi à ce bloc central de l'Assemblée Nationale qui exclut les députés RN et LFI, même si je reste indépendant, car je veux être absolument libre de mes mouvements et de mes actions.

 

Maxime Da Silva : Nous avons deux projets qui s'affrontent au niveau local : le projet du Nouveau Front Populaire, que je porte, et le projet Macroniste. Or, à l'échelle du pays, puisqu'il s'agit des élections à l'Assemblée Nationale, nous avons un duel entre le nouveau Front Populaire et le Rassemblement National, dont les Macronistes ne font pas partie. Car dimanche prochain, nous aurons soit un gouvernement du nouveau Front Populaire, soit un gouvernement du Rassemblement National. Donc, si les Français de cette circonscription veulent un député qui appartient à une majorité et qui se bat pour améliorer les services publics, faciliter les démarches administratives et défendre les droits sociaux, ils doivent absolument m'élire.

 

Quelles solutions concrètes proposez-vous pour améliorer les conditions de résidence des Français de l'étranger ?

 

Maxime Da Silva : Il y a plein de chantiers à ouvrir. Si je prends, par exemple, le cas des services publics consulaires, vous avez aujourd'hui des coupes budgétaires et des suppressions de postes qui font que ces services publics consulaires sont en état de délitement, qu'il est de plus en plus difficile d'obtenir ses documents d'identité, de déclarer une naissance... Donc, nous allons recruter massivement dans les services publics consulaires pour qu'il n'y ait plus des attentes interminables ou des difficultés d'accès pour les Français de l'étranger. Nous allons également mettre fin aux disparitions des joyaux de la communauté française à l'étranger, comme on l'a connu avec la fermeture de l'Institut français à Valencia. Ce qui est clair, c'est que l'argent public manque pour les Français de l'étranger, et pour le rayonnement de la France à l'international.

 

Stéphane Vojetta : Il y a deux sujets prioritaires : les démarches administratives, et l'accès aux lycées français de l'étranger. Sur les démarches administratives, c'est très intéressant, parce qu'il y a vraiment deux visions philosophiques totalement opposées entre mon adversaire du second tour et moi. Je considère qu'on ne peut plus continuer à obliger les gens à se déplacer, parfois de très loin, pour faire des démarches administratives, les contraindre à prendre des avions, des voitures, des trains pour un rendez-vous de dix minutes au consulat afin de renouveler leurs documents d'identité. En plus, c'est une aberration écologique. Il faut mettre à profit la technologie pour parvenir à la dématérialisation que j'appelle de mes vœux. J'ai mis la pression sur les gouvernements et les ministres successifs afin d'y arriver, et nous sommes en chemin pour atteindre cet objectif ».


Quelle politique préconisez-vous pour l'accès aux établissements d'éducation français dans cette cinquième circonscription ?

 

Stéphane Vojetta : La maîtrise de la hausse des frais de scolarité du lycée français de Madrid a été l'un de mes chevaux de bataille principaux. Et cela m'a appris aussi à comprendre le mode de financement des lycées français, avec les flux croisés entre l'AEFE, les établissements et le mode de rémunération des employés, notamment des enseignants. Mon constat, c'est qu'il n'y a pas de réponse simple et facile, contrairement à ce que prétendent ceux qui veulent faire croire au père Noël ! En revanche, on peut résoudre certaines difficultés. On a eu par exemple un gros problème avec la MLF, la Mission Laïque Française, qui gère dix établissements en Espagne, et qui a pris des décisions d'augmentation tarifaire brutales et injustifiées à mon sens. Donc, je me suis battu à Paris pour qu'on puisse revenir sur ces augmentations tarifaires, et pour imposer un audit, afin de changer la gouvernance MLF.

Je veux aussi permettre aux établissements de financer leurs investissements avec des emprunts bancaires plutôt que des avances remboursables à trois ans de la part de Bercy. Actuellement, les établissements d'éducation en gestion directe, dont les lycées français de Madrid, Barcelone, Valence et Lisbonne, disposent de ce seul moyen de financement, qui se répercute immédiatement sur la hausse des frais de scolarité. Alors qu'un accès à des prêts bancaires permettrait automatiquement à ces établissements de lisser leur endettement sur quinze ou vingt ans, ce qui ferait donc baisser la pression sur les frais de scolarité.

 

Maxime Da Silva : Aujourd'hui, les bourses sont insuffisantes. Il y a des Français de l'étranger qui doivent prendre la décision de déscolariser leurs enfants des établissements français. Donc, il faut faire un effort substantiel sur l'argumentation du montant des bourses, comme il faut le faire au niveau national, d'ailleurs. Tout en stoppant les augmentations de frais de scolarité. L'idée est de s'accorder avec l'objectif du Nouveau Front Populaire au niveau national, c'est-à-dire d'aller vers la gratuité totale de l'école publique. Que ce soit sur les fournitures, les transports ou encore l'accès à la cantine.

Cependant, il ne s'agit pas de supprimer les frais de scolarité des établissements français de l'étranger, pour la simple et bonne raison que dans certains cas, comme par exemple à Alicante, vous avez deux tiers des élèves qui ne sont pas Français. Et ce n'est pas l'argent public français qui va prendre en charge les frais de scolarité d'autres concitoyens. Car il n'est pas possible de différencier les élèves qui sont de familles françaises des autres ; on n'est pas comme le Rassemblement National, on n'est pas pour la préférence nationale ! Du coup, la politique pour faciliter l'accès à ces établissements passe par l'augmentation des bourses.

 

Comment concevez-vous votre rôle de député si vous êtes élu ou réélu ?

 

Maxime Da Silva : J'ai pris l'engagement de vivre dans la circonscription si je suis élu. Mais le rôle premier et institutionnel d'un député, c'est de voter les lois et de contrôler l'action du gouvernement. Donc, il faut bien sûr avoir une présence à l'Assemblée Nationale pour défendre les dossiers qui concernent à la fois l'ensemble des Français, mais également se battre pour les intérêts des Français de l'étranger. Enfin, il y a des méthodes à inventer et à mettre en place pour pouvoir associer les gens de cette circonscription à cette démarche. C'est pour cela que j'ai pris l'engagement de créer, si je suis élu, un parlement de circonscription qui permettra aux habitants et aux habitantes des quatre pays qui composent la circonscription de prendre part à la décision publique de contrôler mon action à l'Assemblée Nationale, et d'être consultés sur toutes nos prises de position. On peut y parvenir notamment grâce au développement des outils numériques, tout en ayant conscience que tout le monde n'y a pas accès de manière égale. Il faut réussir à construire des outils qui permettent d'associer un maximum de personnes. Mon objectif sera d'aller à la rencontre des personnes que je représenterai à l'Assemblée Nationale, y compris nos concitoyens qui sont dans des zones enclavées.

Stéphane Vojetta : C'est très particulier d'être député des Français de l'étranger, parce que nous sommes sur des territoires qui sont très étendus. En ce sens, il faut de l'expérience et un ancrage. Je crois être le seul des 577 députés résidant réellement à l'étranger, puisque je vis à Madrid depuis 20 ans. Et du coup, ma méthode est simple : être constamment au contact de nos concitoyens dans la circonscription, notamment à travers une ligne WhatsApp que j'ai mise en place. Tout le monde connaît mon numéro de téléphone portable, et chacun peut s'inscrire sur cette ligne pour établir un dialogue direct avec moi. Cela me permet de prendre vraiment le pouls de la circonscription et de réaliser très rapidement quels sont les problèmes qui surgissent ; cela m'a beaucoup aidé à identifier des problèmes au moment du Covid, notamment, et à transmettre très rapidement des requêtes à Paris. Je suis également en contact permanent avec les piliers de la communauté française que sont les établissements scolaires, les associations, qui elles-mêmes sont capables de relayer des demandes ou des constatations. Ensuite, c'est aussi mon rôle de convaincre les ministres et les administrations pour apporter des réponses.

 

Quels sont vos arguments pour convaincre des électeurs ayant voté pour des candidats éliminés au premier tour ?

 

Stéphane Vojetta : Je leur dirais qu'il y a d'un côté le modèle qu'ils connaissent, le député proche du terrain que je suis, et qui va s'atteler à défendre les Français de l'étranger, notamment contre les tentatives des Mélenchonistes de mettre en place une imposition universelle. Et puis, de l'autre côté, on a un candidat qui, clairement, ne connaît pas les Français de l'étranger, mais qui veut gagner pour donner un siège de plus à LFI au sein du groupe de gauche, pour permettre à Mélenchon d'être Premier ministre, et pour mener à Paris des batailles qui n'auront rien à voir avec celles qui intéressent les Français de l'étranger.

J'ajoute que j'ai le soutien de Laurent Goater, représentant des Républicains dans notre circonscription : il s'est explicitement exprimé en ma faveur, contre la France Insoumise, lors de ce second tour ; comme c'est aussi le cas des Écologistes, qui ont émis un communiqué officiel pour appeler à voter pour moi lors de ce second tour de dimanche prochain.


Maxime Da Silva : Le premier argument, c'est que le vote pour Stéphane Vojetta est un vote inutile, puisqu'il a fait campagne au premier tour en promettant d'appartenir à une majorité de construction qui est impossible au regard des résultats du premier tour. Donc, il a fait une promesse qu'il est incapable de tenir aujourd'hui. Le seul vote utile dimanche, c'est le vote pour le Nouveau Front Populaire.

Deuxièmement, je veux adresser un message direct aux électeurs et aux électrices qui ont voté pour d'autres candidatures afin de pouvoir sanctionner la politique d'Emmanuel Macron : aujourd'hui, le vote sanction contre le président de la République est bel et bien le vote du Nouveau Front Populaire. Mon concurrent au deuxième tour est un Macroniste qui se dit indépendant, mais qui a voté toutes les lois de violences sociales et écologiques du président Macron depuis qu'il est député. Donc désormais, c'est soit Macron, soit nous !

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions