L'Espagne se transforme sous l'effet de l'immigration : alors que le pays frôle les 49 millions d'habitants, les nouvelles arrivées alimentent une croissance démographique sans précédent. Comment ces nouvelles dynamiques migratoires redessinent-elles le pays ?
Derrière les statistiques, des visages et des histoires : Colombiens, Marocains, Espagnols nés à l'étranger, tous participent au record de population atteint par l'Espagne. Au 1er octobre 2024, on compte 48.946.035 résidents. Ce chiffre, le plus élevé jamais enregistré, s’explique principalement par un afflux massif d’immigrants qui compense le recul des naissances chez les Espagnols. Selon les statistiques de population publiées par l’Institut National de la Statistique (INE), l’immigration est aujourd'hui un moteur clé de la dynamique démographique en Espagne.
Une population espagnole en hausse en 2024, grâce à l’immigration
Au troisième trimestre 2024, l'Espagne a accueilli 101.568 nouveaux résidents étrangers, portant la population étrangère à 6,7 millions. En comparaison, le nombre de personnes de nationalité espagnole a augmenté de manière plus modeste, avec seulement 33.322 nouveaux inscrits. Ce contraste souligne le rôle central de l'immigration dans la croissance démographique du pays.
Parmi les nouvelles arrivées, les Colombiens sont les plus nombreux, avec 34.600 personnes, suivis des Marocains (25.500) et des Espagnols nés à l’étranger (25.200). D'autres nationalités renforcent également cette dynamique migratoire, notamment les Vénézuéliens (21.200), les Péruviens (15.800) et les Italiens (9.000).
Malgré la hausse globale de population, le nombre de personnes nées en Espagne n'augmente que dans 13 provinces, et de manière minime. Ce faible dynamisme de natalité met en évidence le défi de renouvellement démographique auquel le pays fait face, avec une croissance qui dépend de plus en plus des résidents nés à l’étranger.
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La Communauté valencienne et Madrid en tête des régions les plus attractives
Certaines régions d'Espagne attirent particulièrement les nouveaux arrivants. Au troisième trimestre, la population a augmenté dans toutes les communautés autonomes, avec des hausses marquées dans la Communauté valencienne (+0,54%), Madrid (+0,46%), la Catalogne (+0,39%) et les Baléares (+0,32%), toutes au-dessus de la moyenne nationale de +0,28%. Viennent ensuite la Cantabrie et Murcie (+0,26%), suivies de la Navarre et des Asturies (+0,25%). Des régions comme la Galice, la Castille-La Manche et le Pays Basque, même si elles affichent une croissance plus modérée, bénéficient elles aussi de cet afflux migratoire.
Les départs ont également marqué le troisième trimestre, avec 10.100 Espagnols quittant le pays, suivis de 7.600 Marocains et de 6.600 Colombiens. D'autres nationalités, comme les Roumains, les Ukrainiens et les Péruviens, ont aussi quitté l’Espagne, bien que ces chiffres restent bien en deçà des arrivées enregistrées.
Face à la faiblesse de la natalité, l'Espagne s'appuie sur l'immigration
Avec une augmentation de 134.890 personnes ce trimestre et une croissance annuelle estimée à 425.801, l'Espagne affiche une balance migratoire largement positive, majoritairement alimentée par l’immigration. L’attractivité de l’Espagne, en particulier pour les ressortissants d’Amérique latine et d’Afrique du Nord, contribue à cette dynamique migratoire. Cependant, cette dépendance aux flux migratoires révèle aussi la fragilité de la croissance démographique nationale, de plus en plus tributaire de l'immigration pour maintenir son équilibre.
Si l’Espagne gagne en diversité, elle devra toutefois faire preuve de vigilance pour garantir l'équilibre entre croissance démographique et bien-être social, et éviter une fracture dans sa cohésion sociale.