Marisa Paredes, figure emblématique du cinéma espagnol et muse de Pedro Almodóvar, est décédée ce mardi 17 décembre à l’âge de 78 ans des suites d’une insuffisance cardiaque. Cette disparition soudaine a bouleversé le monde artistique et culturel, suscitant un flot d’hommages de la part de ses collègues, de personnalités politiques et d’admirateurs. Hier, au Teatro Español, situé sur la place Santa Ana à Madrid — là où sa famille a vécu et où elle est née — une chapelle ardente a été organisée en son honneur.
Chema Prado, époux et compagnon de Marisa Paredes pendant plus de quarante ans, a exprimé avec émotion sa douleur face à cette perte brutale, survenue des suites d’une insuffisance cardiaque soudaine. Hier matin, le cercueil de l’actrice est arrivé au Teatro Español, accompagné de ses proches, dont sa fille María Isasi.
Placé au centre de la scène, entouré de couronnes de fleurs et d’un portrait de l’actrice, le cercueil a rassemblé famille, amis et admirateurs venus lui rendre un dernier hommage empreint de respect et d’amour. Pour honorer son héritage, le parti Más Madrid a proposé de renommer la salle verte des Teatros del Canal et le prix de la culture de la communauté de Madrid à son nom, ainsi que d’attribuer à titre posthume la médaille de la ville et de baptiser un futur centre culturel en sa mémoire.
Marisa Paredes, une “chica Almodóvar” inoubliable
Considérée comme l’une des plus grandes actrices de sa génération, Marisa Paredes s’est particulièrement illustrée grâce à sa collaboration avec le réalisateur Pedro Almodóvar, avec qui elle a tourné six films. Leur première rencontre cinématographique remonte à Entre tinieblas (Dans les ténèbres, 1983). S’ensuivent des œuvres devenues cultes, comme Talons aiguilles (1991), où elle incarne Becky del Páramo, une chanteuse déchirée par sa relation avec sa fille, et interprète magistralement le boléro Piensa en mí.
Elle a aussi marqué les esprits dans La fleur de mon secret, Tout sur ma mère, Parle avec elle et La peau que j’habite, leur dernière collaboration. Ces rôles almodovariens, souvent empreints de blessures intimes et de dignité, ont fait d’elle une “chica Almodóvar” par excellence. Pedro Almodóvar, bouleversé par sa disparition, a salué “l’extraordinaire qualité interprétative” de celle qui a incarné certains des personnages les plus mémorables de sa filmographie : “Tout ce qu’elle a fait, elle l’a fait bien plus que merveilleusement.
Une vie dédiée au cinéma et aux causes sociales
Née à Madrid le 3 avril 1946, Marisa Paredes débute sa carrière à seulement 14 ans. Elle a depuis tourné dans plus de 75 films et s’est aussi illustrée sur les planches, bâtissant une carrière riche et variée. Au-delà de ses rôles iconiques, Marisa Paredes était également une voix engagée de son temps. Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a tenu à rendre hommage à cette grande artiste, soulignant son implication dans la défense des causes sociales et son regard progressiste sur la société : “Nous avons perdu une voix très influente. Il était difficile de ne pas la voir dans les mobilisations sociales.”
Marisa Paredes laisse derrière elle un héritage indélébile dans le monde du cinéma. Avec son départ, l’Espagne perd non seulement une actrice d’exception, mais aussi une figure culturelle qui a marqué des générations. Marisa Paredes nous quitte, mais ses personnages, eux, continueront à vivre à travers les écrans et dans le cœur des spectateurs.