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Espagne : principaux enjeux des élections du 10N

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David Carrero on Unsplash
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 4 novembre 2019, mis à jour le 5 novembre 2019

Lundi soir a eu lieu le seul débat télévisé qui opposait les cinq candidats à vouloir briguer le poste de président du gouvernement d’Espagne. Pour la quatrième fois en moins de quatre ans, les Espagnols vont en effet devoir retourner voter. Voici les enjeux de ce nouveau scrutin


1. Déjà quatre ans d’instabilité politique

Il faut rappeler que l’actuelle instabilité politique remonte aux élections de décembre 2015, avec l’irruption de Podemos et de Ciudadanos qui avaient mis un terme au bipartisme en Espagne. Fini les majorités absolues. Des alliances sont nécessaires pour pouvoir gouverner. Et c’est bien là le problème, ce qui a obligé Pedro Sanchez à convoquer ces nouvelles élections. Le risque de blocage politique semble pourtant toujours aussi important et pas sûr qu’une cohabitation soit possible.


2. Combattre la démobilisation 

Les gens sont fatigués de devoir retourner voter. La démobilisation plane sur les urnes et celle qui pourrait en pâtir le plus est la gauche. 

Selon les derniers sondages, le nombre d’indécis et d’abstentionnistes dans le cas du PSOE s’élève à plus de 20 % et atteint 25% pour Unidas Podemos. Cette démobilisation des électeurs est également préoccupante pour Ciudadanos, dont environ 1/3 des électeurs ne sait toujours pas s’il va aller voter et pour qui. Seul l’électorat traditionnel de droite parait mobilisé. Parmi ceux qui ont voté pour le PP, moins de 10% sont indécis ou s'abstiennent. Vox est celui qui présente l'électorat le plus mobilisé. 


3. Mathématiques : 176 sièges pour être président 

Une majorité de 176 sièges est nécessaire pour devenir président en Espagne. Or, les différentes combinaisons mathématiques semblent plus compliquées que lors de la dernière élection du 28 avril. En effet, selon les sondages, les socialistes restent favoris mais ne sont pas assurés de trouver une majorité. 
La possibilité d’une alliance avec les libéraux de Ciudadanos, qui leur aurait donné une large majorité de 180 sièges en avril mais qui ne s’était finalement pas faite, parait plus difficile. Si l’on ne s’en tient qu’aux chiffres, un mariage PSOE-Ciudadanos ne donnerait plus de majorité suffisante (entre 135 et 172 sièges suivant les sondages). 
Une alliance de gauche du PSOE avec Podemos et la nouvelle plateforme Más País ne semble pas plus envisageable ; la somme des 3 atteint difficilement les 160 sièges, à exception du Centre d’Investigations Sociologiques (CIS) qui leur donne 186 voies. Enfin, l’hypothèse d’une majorité de droite formée par le PP, Ciudadanos et Vox est toujours improbable. Aux dernières élections, ils atteignaient 147 sièges et les sondages les situent cette fois entre les 126 et 158 sièges. Une autre option est également envisageable, quoique difficile. Celle d’une cohabitation entre le PSOE et le PP. 
Mais tout ceci serait sans compter sur l’un des acteurs majeurs de cette élection : le vote des indépendantistes catalans. Leurs sièges (entre 15 et 20) pourraient en effet être décisifs pour permettre à une majorité de gouverner.

 

4. La Catalogne reste au centre du débat

En effet, la question catalane, toujours aussi brûlante, reste au centre du débat politique. Déjà les séparatistes catalans avaient contraint Pedro Sánchez à convoquer des élections anticipées en avril en refusant d'adopter le Budget, alors que venait de commencer le procès historique contre leurs ex-dirigeants. Après le verdict il y a quinze jours, la situation en Catalogne s’est embrasée et tout semble indiquer que les différents mouvements indépendantistes vont tout faire pour que l’actualité reste centrée sur cette région. Pedro Sanchez, qui voudrait éviter d’avoir à compter sur les partis catalans ERC ou JxCat pour former une majorité, doit essayer de jongler entre un discours ferme face à l’indépendantisme radical et une volonté de dialoguer, avec le retour dans son programme électoral d’un modèle fédéral, qui inclut plus d’autonomie. 
Tout porte à croire que ces nouvelles élections ne parviendront pas à débloquer une situation qui s’enlise de plus en plus. En avril, des alliances étaient possibles mais ne se sont pas matérialisées par faute de volonté politique. Pour ces nouvelles élections, la fragmentation semble s’accentuer encore et les leaders des différents partis devront trouver un terrain d’entente pour ne pas voir l’Espagne sombrer dans une instabilité endémique.
 

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