La sentence du Tribunal Suprême ne marque pas une fin, mais une étape supplémentaire dans l'affrontement institutionnel entre Madrid et Barcelone.
Tout se déroule exactement comme prévu dans le procès des indépendantistes inculpés pour l'organisation du référendum illégal sur l’indépendance de la Catalogne le 1er octobre 2017. La sentence du Tribunal Suprême est tombée ce 14 octobre avec une condamnation pour "Sédition, malversation et désobéissance". Et des peines de 9 à 13 ans de prison ferme pour les neuf prévenus incarcérés à titre préventif depuis près de deux ans, à commencer par l'ex-vice-président du Govern de Catalunya, Oriol Junqueras, qui écope de la sanction la plus lourde (lire ici le détail de la sentence).
Tout aussi prévisible : la vague de protestations immédiates dans l’ensemble de la Catalogne, notamment dans les principales artères du centre de Barcelone ; des mouvements qui avaient été en partie annoncés par les organisations indépendantistes avant même la prononciation du verdict. Au plan politique et institutionnels, les acteurs ont également réagi comme attendu : le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a considéré la sentence du Tribunal Suprême comme le terme d'une dérive indépendantiste, et le président de la Generalitat Quim Torra a taxé de "vengeance" ce même verdict, en appelant à une réponse "civique et pacifique" de la part de la citoyenneté en Catalogne.
Et maintenant ?
Donc, tout se passe comme prévu... hélas, puisque le jugement du Tribunal Suprême n’apparaît pas comme un terme, mais bien comme une suite, une nouvelle étape dans le conflit institutionnel entre l'Espagne et la Catalogne. Ce qui conduit inévitablement à la question : et maintenant ? En ce qui concerne d'abord le sort des neufs indépendantistes incarcérés, le Tribunal Suprême a laissé une marge de négociation au gouvernement espagnol en réduisant la marge incompressible d'emprisonnement à un quart de la peine... même si Pedro Sanchez a affirmé que les condamnés accompliront leurs peines dans leur intégralité.
Dans les rues de Catalogne, les organisations indépendantistes ne relâcheront pas la pression dans les prochains jours. Aux premières heures des manifestations qui ont suivi le verdict, l'aéroport de Barcelone a été désigné comme l'une des principales cibles dans une logique de blocage, comme le seront les routes, autoroutes et voies ferroviaires. Avec des conséquences légales qui peuvent s'ensuivre.
Au niveau institutionnel enfin, la crispation ne peut que s'accentuer, surtout avec la réactivation du mandat européen de détention à l’encontre des instigateurs du référendum ayant trouvé refuge hors d'Espagne, notamment l'ex-président de la Generalitat Carles Puigdemont. De leur côté, les coreligionnaire de Quim Torra veulent également en appeler à la justice européenne pour répliquer à la sentence du Tribunal Suprême. À la fin, le conflit continue...