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Canicule en Espagne : près de 400 morts liées à la chaleur à Madrid et Barcelone

Chaleur extrême, mortalité accrue : une étude britannique confirme l’impact direct du changement climatique sur les décès liés à la canicule dans 12 grandes villes européennes. Barcelone figure parmi les plus touchées.

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Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 9 juillet 2025, mis à jour le 19 juillet 2025

C’est une hécatombe discrète, mais bien réelle. Entre le 23 juin et le 2 juillet 2025, une vague de chaleur a fauché au moins 394 vies à Madrid et Barcelone, selon une étude publiée ce mercredi 9 juillet par l’Imperial College de Londres et la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM). Des décès que les chercheurs attribuent au changement climatique, identifié comme responsable de 65 % de l’excès de mortalité enregistré dans la péninsule, mais aussi dans une dizaine d’autres métropoles européennes.

Au total, 2.305 personnes ont succombé à la chaleur dans douze grandes villes du continent. D’après l’étude, sans la hausse des températures liée à la combustion des énergies fossiles, 1.500 d’entre elles seraient encore en vie. « Cela montre pourquoi les vagues de chaleur sont qualifiées de tueurs silencieux », souligne Malcolm Mistry, professeur associé à la LSHTM.

 

Jusqu’à 41,6 °C ce week-end : l’Espagne suffoque sous un dôme de chaleur saharienne

 

Chaleur meurtrière : Barcelone, plus touchée que Madrid

Les chiffres sont frappants : 340 morts à Barcelone, 118 à Madrid. Et pourtant, c’est la capitale qui a suffoqué sous les températures les plus hautes – 30,16 °C en moyenne contre 29,04 °C à Barcelone. Comment expliquer ce paradoxe ?

La réponse tiendrait à la vulnérabilité sociale, affirment les chercheurs. À Barcelone, la part plus importante de logements occupés par des personnes seules pourrait aggraver l’exposition à la chaleur. Des foyers moins bien isolés, moins ventilés, parfois sans climatisation. Et des habitants laissés pour compte.

Le contraste s’explique aussi par l’effet modérateur de la mer. Madrid, au cœur de la péninsule, encaisse de plein fouet la montée des températures, sans le répit qu’offre le littoral. Lors de la dernière vague, la ville a connu un bond de 3,68 °C, bien plus marqué que les 1,13 °C observés à Lisbonne, protégée par l’Atlantique.

 

Barcelone, future capitale européenne des décès liés à la chaleur ?

 

Les seniors en première ligne

Le rapport insiste sur une donnée alarmante. Parmi les morts recensées, près de 9 sur 10 avaient plus de 65 ans. Des personnes fragilisées par l’âge ou la maladie, dont les corps n’ont pas résisté à la chaleur extrême.

Ce chiffre rappelle une évidence : la canicule tue d’abord les plus vulnérables. Il souligne l’urgence d’adapter les politiques de santé publique. Car le risque ne tient pas qu’au mercure, il se cache aussi dans la solitude d’un appartement mal ventilé, dans l’absence d’un voisin, d’un appel ou d’une main tendue.

 

Juin 2025 : canicule la plus précoce jamais enregistrée en Espagne

Cette vague de chaleur, poursuivent les chercheurs, est arrivée trop tôt dans la saison. En temps normal, ces températures ne surviennent qu’en juillet ou en août. Or, le corps humain n’est pas encore acclimaté à la chaleur en début d’été, ce qui accroît le risque de complications graves.

Selon le service Copernicus, juin 2025 a été le plus chaud jamais enregistré en Espagne, et l’un des plus étouffants en Europe. Deux vagues successives ont balayé l’ouest et le sud du continent, faisant grimper les thermomètres au-delà des 38 °C et provoquant un stress thermique majeur dans les zones urbaines.

Et ce n’est que le début. Les auteurs du rapport sont catégoriques : les morts liées à la chaleur vont se multiplier, tant que nous continuerons à brûler pétrole, gaz et charbon. Face à ces épisodes, ils appellent à une réaction politique à la hauteur : réduction drastique des émissions, et adaptation urgente des villes, en particulier pour les plus fragiles.

Car derrière les statistiques, ce sont des vies fauchées, souvent dans l’indifférence, par un ennemi invisible mais désormais bien réel : la chaleur extrême.

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