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Barcelone, future capitale européenne des décès liés à la chaleur ?

Une étude publiée dans Nature Medicine par la London School of Hygiene & Tropical Medicine désigne Barcelone comme la ville européenne la plus vulnérable aux décès liés à la hausse des températures. Sans mesures urgentes, plus de 246.000 personnes pourraient succomber aux vagues de chaleur dans la capitale catalane, d’ici la fin du siècle.

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Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 9 février 2025, mis à jour le 13 février 2025

 

Ces dernières années, Barcelone est passée du statut de ville ensoleillée à celui de four urbain.

 

Barcelone, la ville la plus exposée aux vagues de chaleur en Europe

Ce n’est plus un secret pour personne : Barcelone souffre du réchauffement climatique. Ces dernières années, la capitale catalane est passée du statut de ville ensoleillée à celui de four urbain. Des journées suffocantes et des nuits tropicales où le thermomètre refuse obstinément de descendre… Mais au-delà de cette sensation de sauna, les chiffres donnent franchement des sueurs froides.

L’étude de la London School of Hygiene & Tropical Medicine estime que si les températures mondiales augmentent de 4°C d’ici 2100, plus de 2,3 millions de personnes pourraient succomber aux vagues de chaleur en Europe. L’arc méditerranéen serait la zone la plus touchée, et Barcelone deviendrait la ville la plus exposée, devant Rome, Naples ou encore Athènes.

 

En 2050, le climat de Barcelone sera similaire à celui d’Adélaïde

 

 

Climat : ces dix villes européennes où le réchauffement fera le plus de victimes

Selon les projections des experts, voici le triste classement des métropoles qui enregistreront le plus de décès liés aux températures extrêmes d’ici 2099 :

 

  1. Barcelone (Espagne) – 246.082 morts
  2. Rome (Italie) – 147.738 morts
  3. Naples (Italie) – 147.248 morts
  4. Madrid (Espagne) – 129.716 morts
  5. Milan (Italie) – 110.131 morts
  6. Athènes (Grèce) – 87.523 morts
  7. Valence (Espagne) – 67.519 morts
  8. Marseille (France) – 51.306 morts
  9. Bucarest (Roumanie) – 47.468 morts
  10. Gênes (Italie) – 36.338 morts

 

Les grandes villes méditerranéennes seront les plus exposées aux vagues de chaleur, mais de nombreuses petites villes en Espagne, en Italie et à Malte connaîtront aussi une mortalité élevée. À l’inverse, certaines villes du nord de l’Europe, comme Londres, pourraient voir une baisse des décès grâce à des hivers plus doux. Toutefois, ces exceptions ne compensent pas l’ampleur de la crise : 2,3 millions de morts supplémentaires sont attendus en Europe d’ici la fin du siècle si rien n’est fait.

 

Pourquoi Barcelone est-elle si vulnérable aux canicules ?

L’étude a pris en compte plusieurs facteurs pour établir ces prévisions :

  • Augmentation des températures avec des vagues de chaleur de plus en plus longues et intenses.
  • Trop de béton, pas assez de verdure : le manque d’espaces verts empêche la ville de respirer et accentue l’effet d’îlot de chaleur urbain.
  • Une population vulnérable : forte densité démographique et nombre croissant de seniors, la ville regorge d’habitants plus fragiles face aux températures extrêmes.
  • Pollution persistante : les niveaux de pollution élevés ne font qu’aggraver la situation, rendant l’air encore plus irrespirable en période de canicule.

Et comme si ce cocktail était encore trop léger, il faut ajouter un dernier ingrédient explosif : Barcelone est une ville dense, saturée de béton et d’asphalte, qui absorbent et retiennent la chaleur. Le manque d’espaces ombragés et la proximité de la mer, qui peut augmenter l’humidité ambiante, compliquent encore la situation.

 

L'été est passé en 50 ans de 90 à 145 jours en Espagne

 

 

70% des décès pourraient être évités

Les scientifiques sont formels : 70% des décès liés à la chaleur pourraient être évités.
Mais pour cela, ils insistent sur l’urgence d’adopter des mesures. Parmi les solutions envisagées :

  • Augmenter les zones vertes pour casser l’effet d’îlot de chaleur.
  • Créer des refuges climatiques : parcs ombragés, fontaines, lieux climatisés accessibles à tous, où l’on puisse souffler sans risquer l’insolation.
  • Faciliter l’accès à la climatisation pour les populations les plus vulnérables.
  • Réduire la pollution afin d’améliorer la qualité de l’air ambiant.

D’après les chercheurs, si ces mesures sont mises en place et que l’augmentation des températures reste contenue à 2°C (accords de Paris), des centaines de milliers de vies pourraient être sauvées.

 

Le compte-à-rebours a déjà commencé

Sur le papier, des solutions existent. Mais leur mise en œuvre est ardue. Pierre Masselot, co-auteur de l’étude et épidémiologiste environnemental, le dit sans détour : l’adaptation nécessaire est "massive" et, vu l’ampleur du chantier, il est difficile d’imaginer une transformation aussi radicale dans un laps de temps aussi court.

L’enjeu ne concerne pas seulement Barcelone. Partout en Europe, les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes, plus longues et plus intenses. Des villes entières transformées en étuves, des populations vulnérables en première ligne et un bilan humain qui s’annonce dramatique. Face à cette réalité, la question est simple : agirons-nous à temps ?

 

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