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Brigades Internationales: 80 ans depuis leur démantèlement

brigades internationalesbrigades internationales
Joan Miro / 1937
Écrit par Léa Surugue
Publié le 15 novembre 2018, mis à jour le 15 novembre 2018

L'année 2018 sonne les 80 ans de la fin des Brigades Internationales venues en Espagne combattre les forces de Franco. Andre Malraux, Ernest Hemingway ou Simone Weil s'y engagèrent pour la jeune république espagnole.

 

Il y a 80 ans, l'expérience des Brigades Internationales, venues combattre les forces de Franco en Espagne, prenait fin. Près de 35.000 volontaires avaient rejoint le pays, à partir de 1936, afin de défendre la République espagnole contre le fachisme. 10.000 d’entre eux étaient Français.

A la fin de l'année 1938 et au début de l'année 1939, les volontaires étrangers engagés en Espagne aux côtés des Républicains quittent massivement l’Espagne, donnant lieu à des adieux déchirants avec leurs compagnons d’armes espagnols.

Retour sur cette incroyable moment de l’histoire, lorsque de nombreux volontaires, de différentes nationalités et idéologies politiques, s'engagèrent en Espagne pour défendre la République et la démocratie, à la veille du second conflit mondial.

 

Bataillon Edgar André
Bataillon Edgar André, premier régiment de la XI Brigade internationale des Brigades internationales / Inconnu


Origine et dissolution des Brigades internationales

Créées en 1936, les Brigades internationales étaient des formations militaires composées de combattants volontaires étrangers. Elles ne furent officiellement reconnues par le gouvernement espagnol républicain qu’en septembre 1937 et réorganisées en cinq brigades. La brigade franco-belge fut baptisée "La Marseillaise". Ces brigades ont représenté un phénomène original au sein d’une guerre civile symptomatique des tensions et de la violence de l’Entre-deux-guerres. Les volontaires étrangers étaient acquis aux idéaux de la République, de la démocratie et du Front Populaire. Ouvriers, employés, intellectuels, ils étaient communistes, mais aussi socialistes, anarchistes, militants antifachistes et venaient de tous les milieux sociaux.

Déjà avant 1938, un grand nombre de volontaires avaient été forcés de rentrer dans leurs pays d’origine, souvent pour cause de blessures. A l’été 1938, le Comité international pour la non-intervention préconise le retrait des étrangers engagés en Espagne dans les deux camps -que ce soit auprès des Brigades internationales ou des forces de Franco. Pour obtenir un éventuel appui diplomatique et financier de la France et du Royaume-Uni, Juan Negrin, qui dirige le gouvernement républicain, annonce alors, lors d’un discours à la Société des Nations, le départ des combattants étrangers engagés du côté républicain. Les Brigades internationales sont dissoutes.

 

Membres du bataillon  "Hans Beimler"
Membres du bataillon  "Hans Beimler", vers 1937, front de Guadalajara / Inconnu


Qui étaient les combattants célèbres engagés en Espagne ?

Les Français et les immigrés venus de France ont représentés à un moment du conflit plus de 40% de tous les combattants étrangers du côté républicain. Parmi eux, de personnalités connues, ou qui le deviendront par la suite.

C’est le cas du grand romancier André Malraux, auteur de "La Condition Humaine" (pour lequel il a reçu le prix Goncourt). Poussé par son engagement antifachiste et son goût de l’aventure, il participa aux batailles du conflit espagnol en 1936 et 1937, une aventure qui l’inspirera ensuite pour écrire son roman "L’Espoir". Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il fit ensuite partie de la Résistance à partir de 1944, et participa aux combats pour la Libération de la France. Il fut nommé ministre de la Culture sous Charles De Gaulle.

 

Manifestation de solidarité ouvrière à Barcelone
Manifestation de solidarité ouvrière à Barcelone, entre 1936 et 1937 / Photo tirée du domaine public

 

On peut également citer de nombreux individus partis en Espagne et qui deviendront ensuite des poids lourds de la Résistance sous l’occupation nazie, comme par exemple Henri Rol-Tanguy (responsable des Forces Françaises de l'Intérieur de Paris en 1944), ou encore les résistants Marcel Lamant et Marcel Langer, tous deux exécutés pendant la guerre.

La philosophe Simone Weil, très engagée en faveur du monde ouvrier, se rendit également en Espagne pour combattre, mais elle dû être rapatriée pour cause de blessures.

D’autres personnalités célèbres sont aussi venues du reste du monde pour se battre en Espagne : c’est le cas des auteurs Ernest Hemingway et George Orwell. Cette guerre inspirera d’ailleurs à Hemingway l’un de ses romans les plus mémorables, "Pour qui sonne le glas". C’est aussi sur le terrain du conflit espagnol que l’auteur rencontrera sa troisième épouse, la journaliste Martha Gellhorn, venue couvrir les combats. On peut enfin aussi citer la présence en Espagne du réalisateur de documentaires néerlandais, Joris Ivens.