Le succès de Ouigo ne semble pas plaire au nouveau ministre des Transports Oscar Puente, qui a accusé l'entreprise ferroviaire française de pratiquer des prix trop bas, appelant à une "concurrence loyale" qui ne conduise pas à "l'anéantissement du rival".
À la veille des vacances de Semana Santa, Ouigo a dressé un bilan très positif de ses trois premières années d'activité en Espagne. La compagnie ferroviaire, qui peut se targuer d'avoir des taux d'occupation moyens de 90% avec des pics de 99 et 100%, a transporté presque 10 millions de passagers.
3 ans d'activité de Ouigo en Espagne
Ouigo a commencé ses opérations en Espagne le 10 mai 2021 avec dix départs quotidiens, reliant Madrid-Barcelone-Saragosse-Tarragone ; à partir du 7 octobre 2022, Madrid-Valence, et à partir du 27 avril 2023, Alicante-Albacete-Madrid. En 2024, la compagnie prévoit de passer de 7 à 15 destinations avec Valladolid, Ségovie et Cuenca; Elche et Murcie; et l'axe sud avec Séville, Malaga et Cordoue.
"Nous avons attiré des personnes qui n'avaient pas les moyens d'acheter des trains à grande vitesse auparavant, grâce à l'augmentation de l'offre et à la baisse des prix", a souligné Hélène Valenzuela. "Le train à grande vitesse est la seule chose qui a baissé ces dernières années en raison de l'inflation", a-t-elle ajouté. Au total, Ouigo affirme qu'au cours de ses trois années d'activité en Espagne, elle a parcouru près de 9 millions de kilomètres en 16.000 trajets et 37.800 itinéraires. En outre, la société estime qu'elle a généré un impact de 400 emplois directs et 2.000 emplois indirects en Espagne.
Les accusations du ministre espagnol
Ces propos ont semble-t-il agacé le ministre des Transports espagnol qui a profité d'une interview à la SER pour affirmer que les bas prix de Ouigo et d'Iryo (filiale de Trenitalia), "entraînent Renfe à avoir de mauvais résultats". Dans le cas spécifique de Ouigo, Oscar Puente l'a accusé de "dumping de prix" et de "mettre des obstacles" à l'entrée de l'Espagne en France.
Réponse de Ouigo
Face à de telles accusations, Alain Krakovitch, président de Ouigo Espagne et directeur de TGV-Intercités a rétorqué que "c'est la première fois qu'on nous reproche d'avoir des prix bas!". De son côté, la directrice générale de Ouigo Espagne, Hélène Valenzuela a assuré que leur politique tarifaire "fonctionne et est un élément structurant de notre offre. Elle ne changera pas. Nous avons fait croître le marché. Les trois opérateurs se sont développés sur les lignes où nous sommes en concurrence. Il y a une demande sociale très importante de la part des Espagnols et nous recevons beaucoup de lettres des autorités locales qui nous demandent d'être présents. Parce que là où nous n'opérons pas, les prix ne baissent pas". Ouigo a rappelé qu'elle travaille avec un modèle sans dépassement de coûts, basé sur le volume de passagers, ce qui leur permet d'avoir des prix aussi bas, à partir de sept euros par passager sur toutes les lignes où elle opère. Ouigo prévoit d'atteindre son objectif de rentabilité d'ici à 2025.
Lo tendré muy en cuenta en la próxima reunión en la que me pidáis que os rebajemos el canon que abonáis a ADIF. Está claro, por la respuesta, que podéis pagarlo. https://t.co/5P8XQ3P4Qb
— Oscar Puente (@oscar_puente_) March 21, 2024
La polémique continue
Oscar Puente a insisté, s'arrogeant la décision d'augmenter ou de diminuer les droits d'utilisation du réseau que paie Ouigo à Adif, avec un avertissement : "J'en tiendrai compte lors de la prochaine réunion au cours de laquelle vous me demanderez de diminuer la redevance que vous payez à l'ADIF. Il est clair, d'après la réponse, que vous pouvez vous le permettre". Après ces menaces larvées sur X (ex twitter) et pour calmer le jeu, le Ministre a déclaré plus tard que "les réseaux peuvent être utiles" car "il faut toujours pimenter les choses pour susciter la controverse". Le ministère des Transports a ensuite affirmé que "pour l'instant", leur seule initiative pour lutter contre le dumping présumé de Ouigo sont" les propos du ministre". Voilà qui nous rassure...