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"Rusalka", opéra de Dvorak au Teatro Real

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Écrit par Monique Auxenfans
Publié le 12 novembre 2020, mis à jour le 12 novembre 2020

Le Teatro Real offre jusqu'au 27 novembre 2020, 10 représentations d'une nouvelle production de "Rusalka", d'Antonin Dvorak, coproduite avec la Säschsische Staatoper de Dresde, le Teatro Comunale de Bolonia, le Gran Teatre del Liceu de Barcelone et la Palau de les Arts Reina Sofia de Valence, où elle sera présentée après ses débuts à Madrid. 

"Rusalka", représentée pour la première fois à Prague en 1901, et en 1924 à Madrid, est l'avant-dernier des onze opéras de Antonin Dvorák (1841-1904) et sans aucun doute le plus célèbre de tous. 

Le livret, du poète et dramaturge tchèque Jaroslav Kvapil, est basé sur la légende de l'Europe du Centre qui inspira le livre Ondine (1811) de Friedrich de la Motte Fouqué et sur La petite sirène (1837) de Hans Christian Andersen.
C'est l'histoire d'une nymphe des eaux qui décide d'abandonner son monde aquatique à n'importe quel prix, pour devenir humaine et mortelle et ainsi avoir une âme pour pouvoir aimer le prince qui vient parfois se baigner dans le lac et dont elle est tombée amoureuse. Son père la met en garde des dangers qui l'attendent, mais sachant qu'il ne pourra la retenir, il lui conseille de demander l'aide de la marâtre sorcière Jezibaba. Celle-ci la prévient : humaine, elle souffrira et sera muette dans l'impossibilité de communiquer verbalement avec les humains.
Dès que le Prince apperçoit Rusalka, il en tombe amoureux et lui demande de rester avec lui. Tandis que le Prince cherche à percer le secret de sa mystérieuse fiancée muette et glacée, une princesse étrangère, bien que n’éprouvant aucun sentiment pour lui, laisse éclater sa jalousie vis-à-vis de Rusalka. Elle entreprend dès lors de séduire le Prince, moquant le mutisme de Rusalka. 
  
"Pourquoi as-tu peur de t'abandonner à la passion ?" lui demande le Prince. Rusalka, déconcertée, se sent impuissante, comme une actrice dans une représentation théâtrale dont elle ne connaît pas le texte du rôle qu'elle doit interpréter. Rusalka reste muette face à l'homme de ses rêves comme une créature froide des eaux. La communication entre les deux mondes se révèle impossible. Rusalka n'appartient plus désormais ni au monde des eaux, ni au monde de l'humanité. Elle est devenue humaine, mais pas complètement. Le Prince, non plus, n'appartiendra plus jamais au monde des humains. "Et ce qui aurait dû être une bénédiction pour eux deux, l'amour, s'est converti en malédiction".

Très beau duo final entre deux êtres qui ont abandonné, par amour, leurs natures respectives, humaine et aquatique.

Un triste et émouvant conte de fées moderne

La grandeur de cet opéra extraordinaire réside, suivant le metteur en scène Christof Loy, dans le fait que, dans les grandes oeuvres de l'histoire, "il s'agit d'explorer la vie et non de juger les façons de la vivre". "Son retour au Teatro Real après presqu'un siècle d'absence inexplicable est un événement très important" conclut Joan Matabosch, directeur artistique du Teatro Real.