Le Musée Thyssen-Bornemisza présente jusqu'au 26 mai 2019, une retrospective de l'artiste français, d'origine germano-polonaise, Balthasar Klossowski de Rola (1908-2001), plus connu comme Balthus (le surnom qu'on lui donnait dans sa jeunesse), organisée conjointement avec la Fondation Beyeler de Riehen/Bâle où elle a d'abord été exposée.
Artiste légendaire, mystérieux, avec son style figuratif très personnel, unique, original et étranger à toute étiquette, Balthus figure parmi les plus grands artistes du XXe siècle.
La réalisation de cette exposition a été possible grâce aux nombreux prêts provenant d'institutions internationales prestigieuses telles que le MoMA, le Metropolitan Museum de New York, le Centre Pompidou de Paris et le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington, entre autres, et de collections particulières et également au soutien de la famille et plus spécialement de Setsuko Ideta, sa veuve venue spécialement à Madrid pour cette occasion.
Portraits polémiques de jeunes adolescentes
L'exposition, première monographique présentée en Espagne depuis plus de vingt ans, réunit 47 œuvres qui couvrent toutes les étapes de sa carrière avec quelques-unes de ses réalisations majeures : "La rue" (1933) pour la première fois en Espagne, "La toilette de Cathy" (1933), "Les enfants Blanchard" (1937), "Les beaux jours" (1944-1946), "Thérèse" et "Thérèse rêvant" (1938) magnifiques exemples de ses portraits polémiques de jeunes adolescentes où il exprime "la nostalgie pour ce moment magique où l'on quitte l'enfance sans tomber dans le conformisme de l'adulte".
En novembre 2017, à l'initiative d'une activiste du mouvement #Metoo, près de 12.000 signatures ont demandé que "Thérèse rêvant" (accusée de "romancer la sexualité infantile") soit décrochée du Metropolitan Museum. La pétition fut rejetée par le musée, qui a argumenté que "l'art, précisement, est porteur d'ambigüité et de perspectives multiples sur le monde" et "qu'il est important de le montrer afin que chacun puisse faire sa propre opinion".
Balthus touche avec le regard, jamais avec les doigts
L'historien d'art Didier Semin réfléchit sur l'œuvre originale de Balthus : "Il ne suscite pas de gêne mais de l'inquiétude" et le photographe japonais Araki d'ajouter : "Balthus touche avec le regard, jamais avec les doigts". Balthus, peintre d'avant-garde indépendant à contre courant affirme pour sa part : "Je n'ai aucune envie de figurer parmi les représentants des dernières nouveautés. Je veux simplement accomplir mon destin de peintre".
Activités parallèles :
Le 11 avril le musée organise une journée consacrée à la trajectoire artistique et vitale de Balthus.
Du 2 mars au 6 avril, cycle de films présentant un lien avec la biographie de Balthus, tels que "Roma" (1972), une ode à la ville où il fut directeur de la Villa Medicis pendant plusieurs années, "Les enfants terribles" (1950) de Pierrre Melville, adaptation du roman de Jean Cocteau, basée en partie sur la relation de l'auteur avec la famille Klosswski, entre autres.
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