La voile se conjugue bien au féminin. Dans un sport encore largement étiqueté comme masculin, Clarisse Crémer, Sam Davies et Pip Hare sont parvenues à déconstruire les préjugés grâce à un tour du monde de haut niveau.
La neuvième édition du Vendée Globe restera sans doute gravée dans la mémoire de tous les amateurs de sensations fortes. Entre le sauvetage de Kévin Escoffier par Jean Le Cam, l’abandon du Britannique Alex Thomson, pourtant favori de la course au départ des Sables-d’Olonne, et la victoire à suspense de Yannick Bestaven, les navigateurs ont réussi à faire oublier un début de course marquée par l’absence de public. Mais la plus grande performance est à mettre au crédit des six femmes - un record dans l’histoire du Vendée Globe - ayant participé à la compétition cette année. Parmi elles, trois ont véritablement marqué l’épreuve de leur empreinte.
Clarisse Crémer, nouvelle recordwoman du tour du monde à la voile
Septième femme à franchir la ligne d’arrivée dans l’histoire de la course, Clarisse Crémer a fait forte impression. Aux commandes du bateau vainqueur du Vendée Globe en 2012-2013, la Parisienne, également diplômée de l’école HEC, a terminé douzième de la course, en 87 jours, 2 heures, 24 minutes et 25 secondes. Un succès pour la navigatrice, qui devient la propriétaire d’un record féminin du tour du monde en solitaire en monocoque jusqu’ici détenu par Ellen MacArthur.
Si, au départ de l’épreuve, son objectif était seulement « d’aller au bout », la jeune femme a su déjouer tous les pronostics grâce à des dispositions techniques bien au-dessus de la moyenne. Elle qui ne pratique la voile que depuis quatre ans s’est même permis de ralentir en fin de course pour s’assurer d’arriver à bon port. Une performance de choix pour la navigatrice, qui a aussi conquis le cœur des supporters grâce à une communication bien huilée.
Sam Davies, pas encore arrivée mais déjà saluée
Ingénieure diplômée de Cambridge, Sam Davies s’était déjà faite remarquer en terminant quatrième du Vendée Globe 2008-2009. Cette année, malgré une collision qui l’a contrainte à abandonner un peu moins d’un mois après le départ, la Britannique a mis de côté son amertume pour continuer son tour du monde hors-course. Pour le plaisir, mais pas seulement.
Navigatrice engagée, elle soutient l'association humanitaire « Mécénat Chirurgie Cardiaque », qui permet aux enfants souffrant de graves malformations cardiaques d'être opérés en France quand cela est impossible dans leur pays d’origine faute de moyens techniques ou financiers. Pour chaque nouvel abonné Facebook, Twitter ou Instagram sur le compte « Initiatives Cœur », ses sponsors reversent un euro à l’organisme. Son opération 1 clic = 1 cœur a déjà permis de sauver 285 vies.
Après plus de trois mois de course, elle pense arriver mercredi 24 février aux Sables-d’Olonne, en compagnie de la skippeuse Isabelle Joschke. Pour l’occasion, deux enfants bénéficiaires de son programme l’attendront sur le ponton. Une belle image !
Les anciens s’inclinent devant Pip Hare
Alors que cette année, plus de la moitié des bateaux étaient équipés de foils - des appendices permettant d’atteindre les 70 km/h sur l’eau -, Pip Hare a fait le pari de naviguer à bord d’un vieux monocoque construit par l’illustre skipper, Bernard Stamm, en 1999. Plus lourde et donc plus compliquée à manœuvrer, son embarcation lui a donné du fil à retordre.
Pourtant, peu importe les difficultés, la Britannique a gardé le sourire tout au long de la course. « Je pense que je suis tombée amoureuse de la voile quand j'étais adolescente et que j'ai commencé à naviguer toute la journée avec d'autres jeunes, sans mes parents. J'ai adoré cette liberté. Quand tu es ado, tu veux prendre tes décisions tout seul, mais il y a peu de choses où tu peux te le permettre sauf quand tu pars naviguer. Je crois que c'est pour ça que j'ai adoré encore plus la voile », a-t-elle confié, passionnée, à l’AFP.
Pip Hare a finalement terminé dix-neuvième du Vendée Globe, sur trente-trois participants. Un exploit salué par le quadruple champion olympique de voile, Ben Ainslie, qui lui a fait part de son admiration : « Ce que tu fais est génial. Nous te suivons tous et sommes tous à fond derrière toi ». De son côté, Jean Le Cam, arrivé quelques jours plus tôt, est venu fêter comme il se doit son arrivée.
Marquée à vie par cette aventure extraordinaire qu’est le Vendée Globe, les trois femmes n’ont désormais plus qu’une seule idée en tête : repartir sur l’eau en 2024. Avec, cette fois, l’ambition de gagner ?
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