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Variant Bêta : pourquoi il inquiète le Royaume-Uni ?

Downing StreetDowning Street
Jordhan Madec - Unsplash
Écrit par Maël Narpon
Publié le 19 juillet 2021, mis à jour le 20 juillet 2021

A partir d’aujourd’hui, tous les vacanciers en provenance de France, même vaccinés, devront se soumettre à une quarantaine de dix jours à leur arrivée en Angleterre ou en Ecosse. En cause : des inquiétudes quant au variant Bêta.

 

Ces décisions ont été prises vendredi dernier en raison du développement du nombre de cas de variant Bêta (naguère variant Sud-Africain) sur le sol français, faisant de la France le premier pays à être placé sur la liste « orange plus ». Cela signifie que le pays reste officiellement sur liste orange mais que des contraintes plus strictes sont appliquées aux personnes qui en arrivent. Pourquoi ce variant a-t-il provoqué une telle réaction outre-Manche ?

 

Qu’a-t-il de si particulier pour que la France soit placée en liste « orange plus » ?

Pour l’heure nous savons qu’il a émergé en Afrique du Sud au cours de l’année 2020 et a été détecté dans 120 pays. Il a été classifié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme « variant préoccupant ». Cette appellation vaut à la souche Bêta d'être considérée, au même titre que les souches Alpha, Gamma et Delta, comme plus contagieuse, plus virulente et plus résistante aux vaccins que la souche d'origine du Covid-19. Le variant Bêta serait 50% plus contagieux que cette dernière, c'est en tout cas ce que suggère un rapport de Santé publique France datant du 29 avril 2021

Aujourd’hui, elle représente un nouveau cas détecté sur dix en France. Cette hausse pousse le gouvernement britannique à s’inquiéter des conséquences d’une potentielle augmentation des infections qui pourraient s’étendre au Royaume-Uni par le biais des voyageurs arrivant de l’Hexagone.

S’exprimant pour le programme Today de BBC Radio 4, le professeur John Edmunds, l’un des scientifiques chargés de conseiller le gouvernement de Boris Johnson, a décrit le variant Bêta comme une « menace » pour le Royaume-Uni en raison des preuves suggérant une capacité à contourner les effets des vaccins.

« Le variant Bêta est resté une menace tout du long. Il est probablement moins infectieux que le variant Delta qui se propage dans le pays en ce moment. Son avantage est qu’il est plus capable d’éviter la réponse immunitaire. […] Alors que la population ici est de plus en plus immunisée, les conditions sont propices pour que le variant Bêta en tire avantage, c’est pourquoi je comprends les inquiétudes », a-t-il déclaré.

 

Peu de cas recensés actuellement au Royaume-Uni

Au 23 décembre 2020, l’ancien secrétaire d’Etat à la santé Matt Hancock avait annoncé l’arrivée du variant Bêta sur le sol britannique, véhiculé par deux voyageurs en provenance d’Afrique du Sud. Depuis lors, 1073 cas ont été détectés au Royaume-Uni, dont 961 en Angleterre. A titre de comparaison, 250 000 cas de variant Delta ont été recensés. Aucun cas du variant Beta n’a été recensé la semaine dernière, et seulement neuf l’ont été la semaine d’avant.

 

Quelle efficacité vaccinale sur ce variant ?

L’inquiétude concernant son apparente résistance aux vaccins n’est pas nouvelle mais semble s’être confirmée au cours des derniers mois. Selon le professeur Sir Andrew Pollard, directeur de l’Oxford Vaccine Group, le variant Bêta peut échapper à l’immunité prodiguée par le vaccin.

S’adressant au programme Today de BBC Radio 4, il ajoute que, à l’instar du variant Delta, la souche Bêta serait capable de passer outre l’immunité vaccinale à un certain degré. C’est pourquoi il suspecte qu’elle soit « capable de se propager au sein des populations vaccinées ». « Nous savons que les personnes ayant reçu les vaccins à ARN messager, comme Pfizer, ou ceux ayant reçu l'AstraZeneca (vaccin à vecteur viral) sont susceptibles d’être infectés par le variant Bêta », conclut-il. Pour autant, le spécialiste s’attend à ce que les injections d’AstraZeneca continuent à fournir « une protection très élevée » contre les admissions hospitalières et les décès.