Violoncelliste professionnel, Romain Malan utilise la musique pour des causes sociales, ainsi que pour véhiculer des messages de paix et d’espoir auprès des personnes vulnérables. Nous l’avons rencontré pour parler de son parcours de musicien, son installation à Londres il y a 11 ans, ainsi que des moments particulièrement marquants de sa carrière.
Présentez-nous votre parcours !
Je suis violoncelliste professionnel, spécialisé dans la musique dans des contextes sociaux. J’ai fait des études de violoncelle au Royal College of Music, puis un master au Goldsmiths College en « Community Music », autrement dit, la musique dans le cadre de projets sociaux ou thérapeutiques. Je dirige des chorales de réfugiés, ou de personnes souffrant d’un handicap. Il y a 4 ans, j’ai créé, le World Harmony Orchetra, composé de musiciens venants du monde entier qui jouent pour des causes caritatives. Il y a un an, nous sommes devenus une entreprise sociale : notre focus se porte sur les adultes vulnérables, qui auraient besoin de musique dans un but thérapeutique.
De plus, nous avons lancé un concept de concerts respectant la distanciation sociale, pour les personnes à risque, confinées. Ces concerts se déroulent dehors. J’ai réussi à instaurer ces concerts dans tout Londres et autres parties de l’Angleterre. Nous venons de recevoir une subvention pour jouer plus de 200 concerts pendant l’automne et l’hiver qui arrivent.
Comment a germé l’idée de mettre votre métier au service de causes sociales ?
Quand j’étais en cursus de violoncelliste classique, je trouvais qu’un élément manquait. Mes études étaient axées autour du perfectionnement de la pratique de l’instrument et je me demandais le but pour lequel je faisais cela. Déjà en France, je jouais pour ma mère, qui était atteinte d’Alzheimer et je remarquais les effets bénéfiques que cela avait pour elle. Par conséquent, au lieu de poursuivre une carrière dans le violoncelle classique au Royal College of music, j’ai voulu explorer un aspect plus social à la musique, en faisant un master en « Community Music »
Quand vous êtes-vous installé à Londres ?
Je suis arrivé à Londres en 2009, à l’origine pour suivre ma professeure de violoncelle, qui travaillait à la fois en France et en Angleterre ; et comme beaucoup de Français qui s’installent ici, je m’y suis tellement plu que j’ai décidé de rester.
Avez-vous toujours voulu suivre une carrière dans la musique ?
Je joue du violoncelle depuis que j’ai 5 ans, la musique a toujours fait partie de ma vie. Toutefois, c’est à Londres que j’ai fait mes premières expériences dans la musique sociale, en dirigeant plusieurs chorales et en créant mon propre orchestre.
Une anecdote ou un moment particulièrement fort de votre carrière ?
Un moment qui m’a particulièrement marqué a été un concert que j’ai joué sur la plage de Folkestone, pour des réfugiés, en face des camps de réfugiés de Calais, lors de la journée mondiale de la paix. C’était très fort en émotion et un peu fou, car cela sort du cadre des concerts ordinaires !
Quelles sont les conseils que vous auriez aimé recevoir lorsque vous avez commencé votre activité ?
Il faut se lancer et ne pas avoir peur ! Tant qu’on est étudiant, on a le temps d’expérimenter différentes choses. De plus, je trouve qu’il est important de préciser qu’il ne faut pas être extroverti afin de pouvoir diriger des chorales ou des orchestres : personnellement, je suis plutôt timide, mais je sens que j’ai réussi à sortir de ma coquille grâce à la musique qui est, pour moi, un moyen idéal pour briser la glace. Par ailleurs, je trouve qu’il est important de s’ouvrir, d’être à l’écoute des gens et de s’adapter car la musique c’est avant tout le partage ! Il ne faut pas penser devoir sacrifier son talent pour se lancer dans le social : par exemple, personnellement, avec le World Harmony Orchestra, j’arrive à combiner la musique de haut niveau et le social !
Les incidences du Covid et du confinement ? Comment avez-vous traversé cela ?
Le Covid-19 a ébranlé le secteur de la musique, tout comme l’industrie créative en général. J’ai fait de mon mieux pour m’adapter et être résiliant face aux difficultés que posaient les restrictions imposées par le Gouvernement pour les musiciens. En tant que musicien, j’ai senti le devoir de montrer que je pouvais être créatif et me surpasser, même en période difficile. Je pense qu’il y a toujours moyen de s’adapter ! J’ai continué à donner des cours et à diriger mon orchestre en ligne, et d’organiser des concerts respectant la distanciation sociale.
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Songez-vous à un retour en France ?
J‘aimerais continuer et développer mes projets actuels, à savoir les chorales et mon orchestre. Le présent me plait bien, et j’aimerais que cela dure le plus longtemps possible. Cependant, comme nous l’avons vu avec la crise sanitaire du Covid-19, il est impossible de prédire l’avenir. Dans tous les cas, je voudrais m’adapter aux challenges de mon temps et faire du mieux possible.
Une chose est sûre, je veux rester à Londres. Je m’y plais et c’est ici que j’ai commencé toutes mes initiatives sociales.
Quel est votre lieu préféré à Londres (celui où vous pouvez de temps en temps trouver refuge…)
Mes endroits préférés à Londres sont les nombreux parcs et autres espaces verts. J’ai la chance de vivre entre trois parcs, dans lesquels je vais me balader tous les jours, avec ma femme et ma fille. Par ailleurs j’aime beaucoup déambuler dans des rues calmes, avec des petits commerces et cafés indépendants.
Pour suivre le « World Harmony Orchestra » :
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