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Le Brexit aurait-il accéléré l’approbation du vaccin ?

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Carlos Albert Gomez Iniguez - Unsplash
Écrit par Corentin Mittet-Magnan
Publié le 4 décembre 2020, mis à jour le 4 décembre 2020

Les ministres du gouvernement de Boris Johnson ont enchaîné les déclarations enthousiastes et vantardes cette semaine pour expliquer pourquoi le Royaume-Uni était capable, avant tout le monde, de donner son feu vert à la distribution du vaccin des laboratoires Pfizer et BioNTech.

 

Le Royaume-Uni sera donc, dès mardi prochain, le premier pays à lancer une campagne de vaccination de masse contre le Covid-19. Si cette nouvelle est réjouissante et doit permettre aux millions de Britanniques de retrouver une vie plus normale au printemps, selon le calendrier du gouvernement, force est de constater que ces messieurs du gouvernement ne sont pas vaccinés contre les mensonges.

Nous passerons rapidement sur les propos du ministre de l’éducation Gavin Williamson, selon lui, la rapidité d’approbation du vaccin s’explique de la façon suivante : « Nous avons les meilleurs régulateurs dans le domaine médical. Bien meilleurs que ceux des Français, des Belges ou des Américains. Parce que notre pays est un bien meilleur pays que n’importe quel autre ». Une déclaration, claire et limpide qui permettra sûrement d’améliorer grandement les relations si simples et cordiales qu’entretient actuellement le Royaume-Uni avec ses voisins outre Manche et outre Atlantique.

Cette déclaration, aussi futile soit-elle, n’est rien comparée à celles, tout simplement mensongères, de ses collègues de la santé, Matt Hancok, et chargé des relations avec le Parlement, Jacob Rees-Mogg. Pour le premier, c’est « grâce au Brexit » que le « régulateur britannique » a pu prendre une décision plus rapidement et pas « au rythme des Européens, qui avancent plus lentement ». Le second affirme ; « si nous avons pu approuver ce vaccin aussi rapidement, c’est uniquement parce que nous avons quitté l’UE ».

La frénésie du moment a visiblement fait oublier aux ministres que jusqu’au 31 décembre, le Royaume-Uni restait soumis aux règles en vigueur dans l’Union. En vérité, c’est d’ailleurs une règle européenne qui a permis aux Britanniques d’approuver le vaccin plus tôt. En effet, bien que ce soit à l’Agence Européenne du Médicament (EMA) de donner son feu vert pour la mise sur le marché d’un vaccin, chaque pays de l’UE dispose de la possibilité de pas attendre l’approbation de l’Agence et d’utiliser une procédure d’urgence pour distribuer le vaccin sur son territoire. Les 27 ont d’ailleurs tous fait le choix de ne pas utiliser cette procédure. Mais, c’est bien celle-ci qui a permis à l’agence britannique, la Medecine and Helthcare Products Regulatory Agency, d’approuver avant tout le monde le vaccin. La directrice de l’agence, June Raine le reconnaît d’ailleurs : « Nous avons été en mesure d’autoriser la fourniture de ce vaccin en utilisant les dispositions du droit européen ».

La fanfaronnade de ces ministres est assez ridicule et montre probablement une grossière tentative de cacher de mauvais résultats. Gavin Williamson est loin de pouvoir se vanter de sa gestion des examens de fin d’année dans l’enseignement secondaire et Jacob Rees-Mogg a probablement mieux à faire quand l’on voit l’état des relations entre le gouvernement et le Parlement. Enfin, nous espérons que Matt Hancock saura gérer sans accroc la campagne de vaccination, car jusqu’ici, son bilan de la gestion de la crise sanitaire n’est pas reluisant.

Côté européen, l’EMA doit se prononcer avant le 29 décembre sur le vaccin de Pfizer et BioNTech.

 

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