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La culture est-elle indispensable aujourd’hui ?

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Vlah Dumitru - Unsplash
Écrit par Charles Flageul
Publié le 31 décembre 2020, mis à jour le 31 décembre 2020

C’est un débat qui anime la société d’aujourd’hui. Considérons-nous la culture comme une priorité ou un secteur de « seconde zone » ? Est-elle essentielle en cette période de pandémie ? Devons-nous privilégier les courses de Noël au détriment de la situation catastrophique des théâtres en faillite ? Toutes ces questions déchaînent actuellement le monde de la culture au Royaume-Uni et partout ailleurs. La mise en vigueur du Tier 3 dans plusieurs villes du pays a provoqué un véritable raz-de-marée dans le milieu artistique britannique. Ainsi, certains théâtres se préparent à mettre la clé sous la porte contrairement à de grands centres commerciaux.

Quelles sont les conséquences dramatiques de l’indifférence du gouvernement à propos de la vie culturelle britannique ?

 

La culture, un besoin vital en temps de crise sanitaire

 

Récemment, lorsque le gouvernement britannique a placé Londres en Tier 3, tous les sites non-essentiels ont été immédiatement fermés au public contrairement aux centres commerciaux ; une véritable injustice selon les acteurs culturels.

« La culture non-essentielle ? » Quelle injure pour les artistes ! Contrairement à ce que pensent les politiques ; l’art ou encore le théâtre occupent une place primordiale dans la vie de chacun d’entre nous. Les hommes cherchent dans la culture une ouverture sur le monde et sans aucun doute une échappatoire au monde monotone et austère dans lequel ils vivent. Le confinement de mars a révélé notre besoin d’échapper à l’ennui du quotidien, d’où l’importance de la culture.

 

La culture sacrifiée au profit des courses de Noël

 

Mais comment se fait-il que tous les centres commerciaux soient ouverts contrairement aux cinémas ou musées sous le Tier 3 ? Pourquoi bénéficient-ils de ce privilège et non les acteurs et comédiens qui ne vivent que pour leur art ? La culture est-elle un secteur de seconde zone ?

Aujourd’hui, les artistes londoniens sont indignés face à la fermeture temporaire des établissements artistiques et culturels. Quand nous comparons les centres commerciaux bondés sous le Tier 3 et les centres artistiques complètement vides, nous pouvons comprendre leur colère, surtout quand les gestes barrières sont respectés au millimètre près dans les théâtres et cinémas :

« Le respect des mesures sanitaires et la culture sont tout à fait compatibles. Les centres artistiques tels que les cinémas, théâtres et musées sont des lieux sans danger ! Selon moi, les distanciations sociales sont largement respectées. Le personnel d’accueil vérifie soigneusement la température des spectateurs et leur propose du gel hydro alcoolique, et quant aux sièges, ils sont strictement espacés. », déclare Joey Newport, comédien originaire de Norfolk.

Aujourd’hui, du fait de la pandémie, les théâtres et salles de spectacles sont contraints de s’organiser différemment. Les musées peuvent être visités à distance, les pièces de théâtre sont jouées en retransmission sur des plateformes de streaming, les concerts sont annulés ou programmés sur Instagram ou Facebook. Pour certains, c’est un non-sens absolu car rien ne remplacera le bonheur de jouer physiquement sur scène.

Joey dénonce passionnément l’incohérence des règles du Tier 3 :

« C’est très frustrant pour les employés de la culture d’entendre que les grands centres commerciaux peuvent rester ouverts et non les salles de spectacles, surtout quand nous savons que les mesures sanitaires ne sont pas toujours respectées dans les magasins. »

 

Conséquence : la capitale européenne du théâtre en fâcheuse posture

 

Après huit mois de silence, Londres retrouve aujourd’hui ses théâtres dans un état de détresse. En raison de la pandémie, les salles de spectacles sont restées fermées quasiment toute l’année 2020 alors que la capitale vend en moyenne 15 millions de billets chaque année. Certains établissements avaient rouvert leurs portes au public dès la fin du confinement, malheureusement, les salles ont été contraintes de baisser le rideau mercredi dernier en raison de la mise en vigueur du niveau d’alerte maximal.

Les directeurs des salles de théâtre craignent aujourd’hui la fermeture définitive de leurs établissements. Cet été déjà, 70% s’inquiétaient de faire faillite d’ici la fin de l’année 2020. Parmi les principales victimes de la crise sanitaire, les petits théâtres vont être les premiers touchés par les restrictions gouvernementales. Cette année, les ventes de billets ont chuté de près de 93% dans tout le pays. Malgré l’aide de 1,75 milliards d’euros pour l’ensemble de la culture, les institutions artistiques redoutent que cette somme d’argent soit majoritairement versée aux plus grandes salles de théâtre et non aux plus vulnérables. 300 000 individus travaillent habituellement au service des théâtres, cependant, 70 % d’entre eux ne sont pas salariés. Ils ne peuvent donc pas bénéficier du chômage partiel. Par conséquent, un tiers de ces employés pensent trouver un emploi ailleurs.

Face à cette situation sans précédente, Joey Newport a décidé de venir en aide au secteur :

« Malgré le report de toutes les comédies et performances sur les scènes de nos théâtres, le secteur de la culture essaye de gérer au mieux la crise. Certains employés n’ont pas pu recevoir 80% de leur salaire, ils n’ont même pas pu bénéficier du chômage partiel. Par conséquent, nous nous entraidons et faisons tout nous même ! Moi par exemple, j’ai récemment lancé un concept caritatif dont le but est de collecter des fonds pour les artistes et comédiens en détresse. C’est l’une des industries laissées le plus à l’abandon par les politiques. »

 

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