Dans la capitale française, les écoles bilingues ne sont pas légion et le casse-tête est souvent de taille pour les familles qui rentrent en France, désireuses d’offrir une éducation à dimension internationale à leurs enfants.
Barbara de Baudry d'Asson, la fondatrice d’Union School Paris, répond à nos questions et nous en révèle un peu plus sur son école qui ouvre à la rentrée prochaine. Enthousiaste, elle met en avant « une proposition éducative inédite à Paris ». Une structure pensée pour les enfants, qui allie avec bonheur académisme et bilinguisme.
Bonjour Barbara, allons droit au but, en quoi votre école est-elle différente ?
L’école ouvrira en septembre 2022. Elle sera unique plus que différente, car c’est tout le concept qui est novateur. Tout d’abord, nos élèves pratiqueront l’anglais 17h30 par semaine, ce qui est colossal, en immersion avec des enseignants natifs. Les enfants passeront d’une langue à l’autre tout au long de la journée. Nous enseignerons le programme de l’Éducation nationale en allant bien au-delà de ses attentes et suivrons aussi le English curriculum.
Notre école sera « hors contrat » donc non subventionnée par l’État. C’est un choix fort. Nous voulons en effet avoir le loisir de sélectionner nos enseignants et également de bien les rémunérer, de manière à ce qu’ils soient heureux chez nous, avec les enfants.
Vous annoncez des horaires allongés, pouvez-vous préciser ?
Nos élèves viendront à l’école 8h30 à 18h et rentreront à la maison les devoirs faits. Nous offrons un véritable parcours éducatif. L’éveil de leur curiosité est fondamental dans notre pédagogie, nous les faisons donc toucher à un maximum de domaines : codage, jeu d’échecs, chant, musique, théâtre, jardinage, éducation au développement durable (ateliers animés par la Fondation Good Planet), peinture, sculpture, dessin, yoga, méditation, philosophie. Révéler une passion est aussi un objectif assumé. Nous travaillons également avec une ancienne danseuse de l’Opéra de Paris à l’intégration d’un module de mouvements quotidiens. Une manière intéressante de faire prendre conscience de leur corps aux enfants.
Vous êtes parvenue à vous entourer d’experts et pour la première fois à convaincre des chercheurs du CNRS de collaborer avec une école privée, la vôtre. Vous en êtes fière ?
Oui très fière et enthousiaste ! Nous allons travailler avec le prestigieux Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’Education de l’enfant (LaPsyDE CNRS la Sorbonne) codirigé par Olivier Houdé et Grégoire Borst. Avec eux, nous formons nos enseignants sur ce que l’on sait aujourd’hui de manière avérée en sciences cognitives de l’éducation.
Nos élèves auront pour leur part dix minutes quotidiennes de petits jeux élaborés par nos Experts, jeux destinés à stimuler leur contrôle inhibiteur et optimiser leur niveau d’attention. Ils apprendront notamment par ce biais la manière dont fonctionne leur cerveau, impactant positivement leur capacité d’apprentissage. Les travaux du LaPsyDE, menés par d’éminents chercheurs français, sont encore trop peu diffusés auprès du grand public, bien qu’extrêmement reconnus à l’international.
Vous avez aussi noué deux autres partenariats qui font écho à votre projet éducatif…
Nous allons travailler avec le LAPéA, Laboratoire de Psychologie et d'Ergonomie Appliquée dirigé par Todd Lubbart. L’objectif ici est d’évaluer le potentiel créatif de nos élèves en graphisme et langage, de donner à nos enseignants les outils pour développer ce potentiel et mesurer l’évolution en fin d’année. Une démarche intelligente car nous savons aujourd’hui que la créativité est l’une valeur les plus attendues sur le marché du travail.
Nous débutons également une collaboration avec Modyco, le laboratoire du CNRS spécialisé en bilinguisme. Quatre fois dans l’année, une « photographie » du niveau d’anglais et de français des élèves (en phonologie, syntaxe, vocabulaire et compréhension) sera faite avec un retour vers nos professeurs afin d’individualiser au maximum nos enseignements.
C’est très utile car nous allons accueillir des enfants dont les parents parlent anglais à la maison ou des familles revenant d’expatriation. Les enfants ne seront donc pas confrontés aux mêmes difficultés dans les deux langues, d’où l’importance de faire des points réguliers et de démontrer ce que nous sommes capables de faire en matière de bilinguisme.
Avec ces « photographies » récurrentes, l’idée est donc de proposer un enseignement sur-mesure ?
Les résultats permettront en effet aux professeurs d’individualiser au maximum les enseignements. Un enfant qui reviendra d’Angleterre peut par exemple bien écrire et parler anglais, mais avoir des difficultés à rédiger en français. En l’identifiant très tôt, nous focaliserons notre travail sur cela. Comprenez qu’il est essentiel d’être centrés sur l’élève et de lui procurer une éducation sur-mesure et très flexible afin de développer ses qualités et dans le même temps de gommer ses points faibles.
Comment entendez-vous sélectionner les élèves ?
Il n’y aura pas de test à l’entrée, mais un entretien avec le Directeur de l’établissement. Il s’agit plus au départ d’une adhésion des parents aux valeurs de l’école. Nous nous engageons dans un contrat avec les parents afin que leur seule mission soit le suivi du programme de lecture à la maison que nous allons élaborer. C’est finalement tout ce que nous leur demanderons.
Barbara, qui avez-vous placé à la tête de l’établissement ?
Là encore, nous sommes allés chercher un expert. Notre Directeur est un Anglais, parfaitement bilingue. Il a dirigé pendant huit ans Cottesmore, une boarding school anglaise de renom ainsi que plusieurs établissements suisses bilingues particulièrement réputés. Ian Tysoe a ainsi accepté de relever un nouveau challenge. Fier d’être là dès la création de l’école, il va pouvoir injecter tant de choses dans notre projet pédagogique. Nous sommes très heureux de l’avoir avec nous.
Vous semblez très attachée à l’excellence académique ?
Oui, très, mais pas seulement. Les années passées à Union School doivent rester gravées parmi les plus beaux souvenirs de nos élèves et leur permettre d’intégrer les plus grandes écoles, françaises ou étrangères. Pour nous, cela n’exclut en rien le jeu, la bienveillance ou la confiance. Nous savons combien développer la confiance est vertueux en matière d’apprentissage.
Ouvrir les portes de votre école pour « ouvrir » les esprits est aussi votre marque de fabrique ?
L’école se doit d’accueillir des personnes inspirantes qui viendront témoigner sur leur métier, leur activité, leur expérience de terrain. Qu’en était-il de ces personnes au même âge que les élèves et comment est née leur passion ? Qu’il s’agisse d’un sportif, d’un chercheur, d’une artisane ou d’une styliste, l’idée est de suggérer aux enfants que tous les domaines sont à leur portée, maintenant ou plus tard. La détection des centres d’intérêts, voire des talents de nos élèves, corrobore notre manière de travailler en symbiose avec les parents tout au long l’année.
Quelle importance concédez-vous à ce que vos élèves puissent réaliser leurs rêves ?
Vous savez, j’ai eu la chance de visiter l’entreprise d’Emmanuelle Vernoux. Elle dirige le dernier atelier indépendant, fournissant en France des pièces de dentelles et paillettes aux maisons de haute couture, parmi lesquelles Chanel. Emmanuelle a étudié dans un premier temps l’Histoire, avant de se consacrer à sa passion en passant un CAP métiers d’art. Devenue costumière elle a ensuite monté son atelier dans le Marais à Paris. Elle a osé et fait preuve d’audace pour se lancer et décrocher ses premiers contrats. Elle a fait de son rêve une réalité. Tous les parcours méritent d’être entendus et partagés. Des histoires composées de rencontres et d’entraide, qui vont inévitablement marquer le cerveau des enfants.
L’entraide, un autre cheval de bataille de l’école ?
Oui. L’entraide et la solidarité constituent en effet un grand axe de notre programme. Avec nous, les enfants pourront se familiariser au bénévolat. Pour cette raison, nous avons entrepris un partenariat avec l’association Mon-A qui impliquera tout l’établissement. Ainsi, nos élèves participeront à la fabrication de kits créatifs destinés aux enfants hospitalisés. Une belle aventure, pleine de sens.
Une aventure qui se construit, jusqu’au bâtiment ?
Les travaux sont en cours. Nous construisons actuellement notre école au 27 rue de la Faisanderie dans le 16ème arrondissement de Paris, à quelques pas de la station de métro Porte Dauphine. Un bâtiment de 1 200 m2 va accueillir neuf classes de chacune 20 élèves. L’école sera aussi pourvue d’un gymnase, de deux cours de récréation, d’une bibliothèque et d’une salle des professeurs. Un établissement neuf en plein cœur de Paris, pensé pour nous, doté de murs végétalisés et même d’un potager !
Union School : quel est le message subliminal ?
Le nom de notre école comporte nombre de symboliques très positives. Plus qu’un clin d’œil à l’Union Jack (le drapeau du Royaume-Uni), il s’agit surtout de participer à l’union de nos deux cultures, française et britannique, de nos deux langues. Cela marque aussi notre envie de réunir les enfants, les familles et le corps professoral au sein d’une vraie communauté. L’idée est de concevoir notre école comme un petit village, un cocon où tout le monde se sent bien. J’ai très envie que les parents soient heureux de déposer leurs enfants le matin et de se côtoyer entre eux.
Les enfants porteront-ils l’uniforme Union School ?
Oui et nous le voulons unique. Nous sommes en train de les concevoir. Mais pas question de leur faire arborer de véritables costumes à l’anglaise. Les enfants porteront des sweatshirts, polos ou teeshirts aux couleurs de l’école. Chacun sera ainsi fier d’appartenir à notre communauté, de le revendiquer, dans un esprit «casual chic, avec un petit côté raffiné. Les premiers prototypes sont enthousiasmants. Un soin apporté au design et aux petits détails que l’on retrouve aussi sur notre site internet et notre compte Instagram.