Édition internationale

Rapport du NEU : un corps enseignant démoralisé en Angleterre et au Pays de Galles

Une enseignante en Angleterre ou au Pays de Galles, désabusée par le systèmeUne enseignante en Angleterre ou au Pays de Galles, désabusée par le système
Écrit par Maël Narpon
Publié le 6 avril 2023

Alors que de nouvelles grèves du corps enseignant sont attendues le 27 avril et le 2 mai, un rapport récent du National Education Union (NEU) a rendu compte de la situation précaire du personnel éducatif. Les enseignants en Angleterre et au Pays de Galles, notamment les jeunes, ont grandement témoigné de leur désabusement vis-à-vis de leur profession. 

 

Dans une récente étude du 5 avril menée auprès de 17.891 de ses membres, le syndicat du personnel enseignant National Education Union a rendu compte de la difficile situation vécue par les professeurs et personnels enseignants en Angleterre et au Pays de Galles. Avec des chiffres très éloquents, c’est une bonne partie du corps enseignant dans ces deux pays (et principalement en Angleterre) qui se dit désabusée par le milieu de l’enseignement, notamment les personnes en début de carrière, que ce soit dans les établissements privés ou publics. A l’heure des grèves dans tous les domaines au Royaume-Uni, l’étude dévoile, entre autres, qu’un enseignant sur cinq de 29 ans ou moins confesse avoir pris un deuxième emploi. Cela dans le but de pallier le faible revenu de son activité pédagogique, qui suit difficilement l’augmentation du coût de la vie. 

 

Manque de recrutement, trop faible rémunération… les enseignants et personnels de soutien anglais et gallois face à la réalité

Plusieurs facteurs sont pointés du doigt, mais de nombreux membres du corps enseignant ne prévoient pas de s’éterniser plus de cinq ans dans le milieu de l’enseignement. C’est pourquoi 16% des enseignants prévoient de quitter la profession dans deux ans, et 41% des personnes interrogées prévoient de partir dans cinq ans. Ces données ne prennent pas en compte les réponses neutres. Près d'un quart des répondants du personnel de soutien (23%) estime ne plus travailler dans l'éducation d'ici 2025, quand près de la moitié (48%) s'attendent à en partir d’ici 2028.

 

La grande majorité des personnes interrogées disent s’être adaptées à l’augmentation du coût de la vie en réduisant le chauffage domestique. Un quart d’entre elles déclarent même sauter des repas tandis qu’une personne sur cinq aurait pris un deuxième emploi pour joindre les deux bouts. Pour Mary Bousted, secrétaire générale adjointe du NEU, ce dernier point n’a rien de surprenant et traduit une réalité plus que regrettable : « C'est une dure réalité pour le personnel éducatif actuel que tant de personnes soient obligées de prendre un deuxième emploi pour survivre. Il n'est pas surprenant que tant d’entre elles quittent la profession ou aient l'intention de le faire dans un avenir très proche. Cela n'empêche pas que cela reste une tragédie et un gaspillage de talents. »

 

Un enseignant fatigué en Angleterre ou au Pays de Galles

Une perte de foi dans le métier d’enseignant très marquée chez les jeunes professeurs

S’ils sont beaucoup à vouloir quitter l’enseignement dans les années à venir, ce sont surtout les cas des jeunes enseignants et du renouvellement des effectifs qui inquiètent. Environ 90% des jeunes de 20 à 29 ans citent par exemple la charge de travail comme raison pour laquelle ils prévoient de quitter l'établissement dans cinq ans. Plus d'un jeune enseignant sur dix a également déclaré ne pas s’imaginer travailler dans l'enseignement d'ici deux ans. En plus de la charge de travail, sont invoqués comme motif le manque de confiance du gouvernement et la rémunération. Toutes les réponses cumulées indiquent ainsi d’inquiétantes pertes potentielles d’enseignants qualifiés, ce qui devrait engendrer un roulement important au sein des établissements éducatifs. 

 

Les enseignants ont ainsi mis en lumière les graves problèmes de recrutement dans le système éducatif en Angleterre et au Pays de Galles. Certains postes vacants ne peuvent être pourvus ou doivent faire l'objet de plusieurs annonces, causant de longues périodes de vacance à des postes plus que nécessaires ou la dispense des cours par des personnes non qualifiées ou remplaçantes. Une situation que ne peut que constater et déplorer le secrétaire d’Etat à l’Education Bridget Phillipson : « Des milliers d'enseignants expérimentés et nouvellement recrutés quittent les salles de classe en masse, tandis que trop peu de nouveaux enseignants arrivent pour les remplacer - et c'est l'éducation de nos enfants qui en paie le prix. » 

 

En attendant, des grèves d’enseignants doivent se tenir le 27 avril et le 2 mai, alors que les membres du NEU ont voté le 4 avril en faveur de trois jours de grèves supplémentaires en juin et juillet prochains. 

 

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.