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Coronavirus : Chinatown déserté suite à l’épidémie

Chinatown coronavirus Londres deserté épidémie Chinatown coronavirus Londres deserté épidémie
Laurernt Colin
Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 4 mars 2020, mis à jour le 4 mars 2020

Vides depuis plusieurs semaines, les tables des restaurants chinois londoniens retrouvent petit à petit une clientèle effrayée par l’épidémie de coronavirus.

 

Alors que lundi, le Guardian annonçait 39 personnes infectées au Royaume-Uni, la peur du virus affecte la fréquentation des restaurants chinois. A Chinatown, les restaurateurs ont enregistré pendant le mois de février une baisse de 40 % à 50 % des réservations, notamment parmi les habitués. La majorité de ces déserteurs sont d’origine chinoise et évitent Chinatown par peur d’être contaminés. A peine le premier cas de coronavirus déclaré au Royaume-Uni, un restaurateur confiait en février avoir subi une perte de clientèle de 50 % dans ses restaurants entre Chinatown et Birmingham. Comme le confirme pourtant l’OMS, il n’y a pas la moindre preuve que le virus puisse se transmettre par la nourriture : il ne peut pas survivre plus de quelques heures à la surface des aliments, selon des recherches préliminaires. La question de l’approvisionnement, centrale dans la peur des consommateurs, n’est pas une source possible de contamination au regard des dernières recherches. Une crainte sans réel fondement, mais pas sans conséquence. L’atmosphère habituellement électrique de Chinatown a laissé place à une véritable ville fantôme.

Ce n’est cependant pas un cas isolé. A Manchester, Sydney, New-York et Paris on retrouve des situations semblables. Partout, les restaurants chinois enregistrent une forte baisse de leur activité. La peur a raison des touristes comme des habitués, et ce sont les restaurants qui en font les frais. La présidente de la fédération des associations chinoises de Manchester, Lisa Yam, a confirmé qu’une grande partie des membres de la communauté chinoise de la ville ne fréquentent plus les restaurants.

 

Chinatown coronavirus Londres épidémie déserté
Photo : Laurent Colin

 

Corona-psychose ?

 

C’est un épiphénomène qui semble se propager plus vite que la maladie elle-même. Face à la peur des habitués comme des touristes, les restaurateurs jouent la carte de la propreté pour rassurer leurs clients, comme à Sydney où les pancartes “The restaurant has been sanitised !” fleurissent sur les devantures des restaurants chinois. En France, on met l’accent avant tout sur la provenance locale des produits. Le patron de l’Aigle Royal, à Quimper, tient à rassurer ses clients. L’équipe du restaurant est « avant tout française, d’origine chinoise certes, mais nous habitons en France. Nos produits sont français, locaux, surtout en ce qui concerne les produits frais ». Même son de cloche du côté de New York, où le propriétaire d’un établissement déclare que l’épidémie est « terrible pour les affaires. ». Il précise que « aucun de nos aliments ne vient de Chine, mais les clients n’y accordent pas d’importance. Je ne sais pas ce qui a provoqué cette peur. La désinformation y est pour beaucoup ».

Des mesures sont prises par les dirigeants politiques afin de lutter contre cet épiphénomène du virus. A Manchester, le maire Andy Burnham et l’ex-leader du parti travailliste Jeremy Corbyn ont affiché leur soutien aux restaurateurs de Chinatown, se faisant photographier en train de manger dans un des établissements concernés. Au-delà de la peur du virus, de nombreux cas d’ostracisation ou de stigmatisation à l’égard de la communauté chinoise ont été rapportés. « Il est honteux que la communauté chinoise ait été confrontée à un racisme accru et à plus de 50 % de pertes commerciales depuis l’épidémie de coronavirus. Je suis venu à Chinatown ici à Manchester, une ville jumelée avec Wuhan depuis 33 ans. Nous sommes solidaires de la communauté chinoise » a tweeté Jeremy Corbyn.

 

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Photo : Laurent Colin

 

Suffisant pour mettre un terme à la crise ?

 

Les premiers résultats sont en tout cas encourageants. Les clients font leur retour petit à petit. Des consommateurs mieux informés sur les modalités de transmission du virus, qui ne craignent plus d’être infectés par la nourriture ou le personnel des restaurants. Le salut des propriétaires des commerces de Chinatown passera donc avant tout par la lutte contre la corona-psychose, et la diffusion d’informations par les autorités compétentes.