Temps verbaux complexes, genre grammatical déroutant, faux amis traîtres et sons intraduisibles… La langue de Molière n’est pas tendre avec les apprenants britanniques. Lepetitjournal.com est allé à la rencontre de trois étudiants anglais qui, entre efforts, quiproquos et éclats de rire, racontent leur apprentissage semé d’embûches, mais aussi de petites victoires.


Si environ 40 % des Français déclarent comprendre et parler l’anglais, ils ne sont que 20 % de Britanniques à pouvoir en dire autant du français. Mais pourquoi la langue de Molière semble-t-elle si difficile à apprivoiser outre-Manche ?
Pour vous, Lepetitjournal.com de Londres s’est penché sur les principaux obstacles linguistiques auxquels se heurtent les apprenants britanniques. Pour ce faire, nous avons rencontré trois d’entre eux : Mary, John et Richard, tous étudiants et courageusement engagés dans l’apprentissage du français.
Système ou volonté? Pourquoi les Britanniques n'apprennent-ils pas d'autres langues ?
La conjugaison française, aussi ardue que laborieuse
Imparfait, plus-que-parfait, subjonctif, conditionnel passé,... la langue française regorge de temps verbaux, bien plus nombreux qu’en anglais, et souvent sans équivalents directs. Là où l’anglais se repose sur une structure plus simple et des auxiliaires polyvalents, le français exige rigueur, mémorisation et finesse dans le choix des temps.
Pour Mary, lycéenne britannique, jongler avec les conjugaisons est l’une des principales sources de découragement : “C’est un cauchemar à chaque fois que j’essaie de faire une phrase en français”, confie-t-elle en riant. “Je me mélange déjà les pinceaux avec l’utilisation du présent, du passé et du futur, alors pour ce qu’il en est du subjonctif et du conditionnel… c’est mission impossible !”
Le genre grammatical : un casse-tête à la française
Inexistant en anglais, le genre grammatical, cette distinction entre masculin et féminin, déroute plus d’un apprenant britannique. Habitués à une langue qui ne fait aucune différence de genre entre the car et the house, nos voisins d’outre-Manche doivent intégrer une toute nouvelle logique.
“Pour chaque mot, nous devons apprendre par cœur son genre : le, la, un, une… C’est un travail qui me paraît parfois insurmontable”, confie John. “Et c’est franchement décourageant, surtout au début, quand on pense qu’on a tout faux à chaque phrase.”
Car au-delà de la mémorisation, le genre entraîne des conséquences en cascade : accords des adjectifs, des participes passés, des pronoms… Un mot mal genré peut faire trébucher toute la phrase. L’absurdité ressentie par certains anglophones devant le fait qu’une chaise soit féminine, mais un bureau masculin, illustre bien le sentiment d’arbitraire face auquel ils se trouvent. Et les règles, souvent floues ou truffées d’exceptions, n’arrangent rien.
“Parfois je me dis que ce serait plus simple si tout était neutre, comme en anglais”, ajoute John en souriant, “mais je suppose que ça fait aussi partie du charme du français… même si c’est un charme un peu cruel !”
Les false friends qui induisent en erreur...
En anglais comme en français, certains mots se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mais cachent en réalité des significations bien différentes. Les false friends, ou faux amis, sont l’un des pièges linguistiques les plus redoutables, puisqu’ils donnent souvent l’illusion de comprendre, pour mieux semer la confusion.
Prenez par exemple library, il ne s’agit pas d’une librairie, mais bien d’une bibliothèque. Quant à sensible, qui signifie en anglais raisonnable ou sensé, il n’a rien à voir avec notre sensible français, que l’on associe plutôt à l’émotivité. Et que dire de actually ? Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne veut pas dire actuellement, mais plutôt en réalité, en fait.
“Au début, je pensais que je comprenais beaucoup plus de mots que ce n’était le cas”, explique Richard. “J’ai dit un jour à mon professeur que je trouvais son cours très sensible… Je voulais dire intelligent, bien pensé. Elle m’a regardé avec un drôle de sourire en me remerciant, mais j’ai compris après coup que ce n’était pas du tout ce que je voulais dire !”
Ces malentendus, souvent cocasses, peuvent devenir frustrants à mesure que le niveau progresse. Ils rappellent que, malgré les ressemblances entre les deux langues, chaque mot mérite d’être vérifié… et que la confiance aveugle peut coûter cher à l’oral comme à l’écrit.
Des sons inexistants en anglais ?
Au-delà du vocabulaire et de la grammaire, c’est parfois à l’oral que les difficultés se font le plus sentir. Pour les apprenants britanniques, certains sons du français sont tout simplement inexistants en anglais, et donc particulièrement ardus à reproduire. Le fameux u français, si proche du ou mais pourtant très différent –, le r guttural ou encore les voyelles nasales comme on, in ou un font partie des pièges phoniques les plus coriaces.
À cela s’ajoutent les liaisons, tantôt obligatoires, tantôt facultatives, voire interdites, qui peuvent brouiller la compréhension et rendre l’écoute du français d’autant plus complexe. Ce flou sonore ajoute une couche de difficulté à une langue déjà bien technique.
“Le son u, je n’y arrive toujours pas. À chaque fois que j’essaie, on me reprend !” raconte Mary, en riant. “Et les liaisons… parfois j’ai l’impression que les mots s’enchaînent sans pause, comme si tout était collé. C’est comme écouter une chanson sans connaître les paroles : on devine plus qu’on ne comprend.”
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