À l’approche des élections consulaires, qui auront lieu le 30 mai prochain au Royaume-Uni, Lepetitjournal.com vous présente les huit listes candidates dans la circonscription londonienne. Aujourd’hui, Samy Ahmar, qui conduit la liste Français·es du monde : union de la gauche écologiste et solidaire, revient sur ses projets et ses ambitions.
Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter aux élections consulaires ?
Sixième de la liste d’union de la gauche en 2014, j’exerce la responsabilité de conseiller consulaire depuis 2018, soit trois ans. Trois ans, c’est ce qu’il faut pour maîtriser les dossiers qui concernent les Français·es de Grande-Bretagne, dont la complexité s’est accrue avec le Brexit. C’est aussi le temps qu’il faut pour développer des relations de travail et de confiance avec l’administration consulaire et les acteurs du monde associatif, éducatif, culturel et politique de la communauté française au Royaume-Uni. Je souhaite utiliser cette expérience pour élargir notre collectif d'élu·es de gauche (aujourd’hui trois conseillers sur neuf) et, ce faisant, rééquilibrer le conseil vers plus de justice sociale, d’inclusivité et d’écologie dans les prises de décision.
Comment définiriez-vous votre liste et son orientation politique ?
Notre liste d’union de la gauche rassemble 26 femmes et hommes engagé·e·s, progressistes et écologistes, qui reflètent la diversité des Français·es du Royaume-Uni et adhèrent aux valeurs de la gauche : équité, inclusivité, défense du service public, aide aux plus démuni·e·s, écologie. Ce collectif combine une expérience de terrain, une connaissance intime des problématiques locales liées à l’éducation, au Brexit ou encore aux services consulaires, ainsi qu’un ancrage dans tous les secteurs clés pour la communauté française d’outre-Manche : de l’enseignement à la restauration, en passant par le théâtre, la finance verte, l’associatif ou la recherche.
Quels sont les trois principaux projets que vous portez ?
Nous avons décliné neuf pôles d’engagements dans notre campagne : les services consulaires, l'éducation, la culture, le Brexit, l’écologie, l’action sociale, l’entrepreneuriat, la jeunesse et l’égalité femme-homme.
Concernant les services consulaires, nous souhaitons les rendre plus inclusifs et écoresponsables en remédiant à trois fractures. Tout d’abord une fracture géographique : pour les Français⋅es résidant hors de Londres, nous désirons encourager la dématérialisation du plus grand nombre de services possibles et augmenter le rythme des tournées consulaires, ce qui permettra en outre de réduire l'empreinte écologique du consulat. Ensuite, une fracture numérique : un accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap, qui peinent à utiliser les services en ligne, et qui sont plus nombreux qu'on ne le pense au Royaume-Uni. Et enfin, une fracture sociale : les jeunes, ou encore les femmes victimes de violences ou en situation de grande précarité utilisent très peu les services qui sont pourtant à leur disposition, comme le service social du consulat général.
En matière d’éducation, nous proposons une refonte du Plan École, lancé il y a près de 12 ans, et qui ne reflète plus les besoins des familles françaises du Royaume-Uni dans le contexte post-Brexit. Nous insistons notamment sur l’importance du réseau d'écoles FLAM pour la transmission de la langue et la culture française, sur le besoin de contrôler les frais de scolarité qui sont en forte augmentation dans les établissements homologués, ainsi que sur la nécessité de développer les filières bilingues dans les écoles anglaises pour diversifier et pérenniser l’offre.
Nous continuerons également à travailler en lien étroit avec le consulat pour informer et aider nos compatriotes dans leurs démarches liées au Brexit.
Quel est, selon vous, le problème prioritaire à résoudre pour les Français établis au Royaume-Uni ?
Comme nous avons pu le constater à l’occasion des nombreux webinaires que nous avons tenus depuis plus d’un an, les principaux problèmes auxquels font face nos compatriotes sont liés au Brexit et à la situation sanitaire. La conjonction de ces deux événements a fait ressortir les difficultés que pouvaient ressentir certains de nos compatriotes, notamment ceux installés hors de Londres, à accéder aux services du consulat pour établir des formalités d’état civil, à l’image du renouvellement de leur titre d’identité. En outre, un besoin croissant d’information a émergé : conséquences du Brexit sur la protection sociale en France (retraite, fiscalité…), questions pratiques (permis de conduire, formalités douanières) et, bien sûr, sur le settled status.
Comment comptez-vous y remédier ?
En ce qui concerne l’amélioration de l’accès aux services consulaires, deux pistes sont à explorer. La première est l’augmentation des tournées consulaires sur l’ensemble du territoire afin d’éviter à nos compatriotes éloignés de Londres d’avoir à se déplacer. La seconde solution que nous proposons est de développer la dématérialisation des demandes de titres afin d’éviter un déplacement au consulat.
Par ailleurs, en dépit d’un effort de communication important réalisé par le consulat, beaucoup de nos compatriotes ignorent, par exemple, l’existence d’un dispositif d’aide sociale liée au Covid-19 ou de subvention aux associations. Notre rôle d’élu consulaire est aussi de mieux faire connaître ces dispositifs. Nos élus de gauche y travaillent tout au long de l’année, notamment par l’intermédiaire de l’association Français du Monde.