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L'Outre-mer s’insurge et s’unit à Londres !

Ils sont près d’une centaine et ont décidé de s’unir à Londres. Réunionnais, Martiniquais, Guyanais ou encore Mahorais se sont rassemblés, vendredi 18 octobre, devant l’ambassade de France. L’objectif de la journée ? Faire entendre la voix d’un peuple délaissé, livré à lui-même dans des conditions de plus en plus précaires.

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Écrit par Ewan Petris
Publié le 21 octobre 2024, mis à jour le 22 octobre 2024

“Nou pa ka pèd fwa ! ” (nous ne perdrons pas la foi !). Des mots forts qui résonnent vendredi 18 octobre au pied de l’ambassade française du Royaume-Uni. Ils sont une cinquantaine à s’être réunis pour chanter, danser et se faire entendre, en soutien aux populations d'outre-mer, confrontées à de nombreuses difficultés ces derniers temps. Mais surtout, l’enjeu de la journée était d’expliquer aux passants ce qu’il se passe du côté des DROM.

D’ailleurs, qui de mieux que Teddy, porte-parole de la manifestation, pour décrire les dernières semaines ? : "En Martinique, Guadeloupe, Guyane, Mayotte et La Réunion, nous sommes tous sous la même domination. Cela fait trop longtemps que ça dure. La plupart d’entre nous sont arrivés à Londres dans les années 2010. 10 à 15 ans plus tard, ce sont toujours les mêmes problèmes de misère et de domination des békés*. La réponse de l'État français ? Envoyer des CRS."

 

L’enjeu des Békés* - En Martinique notamment, le débat sur la "domination des békés" renvoie à l'héritage colonial et aux inégalités persistantes. Les "békés", descendants de colons européens, contrôlent une grande partie de l'économie locale malgré leur minorité. Cette situation est perçue comme un "monopole économique", exacerbant les tensions sociales avec la majorité afro-descendante.

 

La réponse au gouvernement par l’unisson

 

Selon Teddy, le gouvernement français joue un rôle primordial dans le débat, mais les solutions proposées par l’État ne sont pas les bienvenues : "Chez nous (Martinique), les CRS sont interdits depuis le décret de 1959 (suite à une débâcle publique). Et pourtant, la réponse du préfet en Martinique a été d’envoyer un, puis deux, puis trois avions de CRS. Depuis qu'ils ont atterri, il y a de la violence." 

Remontés par ces actions parfois violentes contre leurs proches, les manifestants ont pensé à un geste symbolique : "Nous sommes ici devant l'ambassade française à Londres pour représenter nos terres."

 

Informer, détailler et expliquer : la mission du jour

 

Tambours, flyers, pétitions : chaque manifestant œuvre pour sa région. "Les Britanniques nous posent des questions car ils ne sont pas au courant. Il faut informer les autres, car nous ne sommes pas écoutés en France. Nous avons des problèmes d'eau qui durent depuis des années, que ce soit en Guadeloupe, en Martinique, ou même des manques d'effectifs dans les centres hospitaliers, et rien ne change."

Bien qu'ils ne soient qu'une petite communauté d'environ 80 membres, ils estiment leur action symbolique. "La communauté d'outre-mer n'est sûrement pas aussi répandue que la communauté française ici, mais nous représentons nos ancêtres et nous sommes devant un endroit symbolique, c’est ce qui compte", souligne Teddy.

 

“Je ne peux plus retourner en Martinique”

 

Le sentiment d'injustice se ressent dans les chants entonnés par les manifestants. "Je ne peux pas retourner là-bas à cause de tout cela", s’insurge le porte-parole de la manifestation, qui sous-entend notamment la difficulté de trouver du travail sur place. Même constat lorsqu'il s'agit de simplement retourner sur leur territoire de cœur : "Quand nous voyageons, nous faisons nos courses à Londres, une des villes les plus chères du monde, pour éviter les prix sur place."

Il poursuit en évoquant les magasins où les produits du quotidien sont bien plus chers qu'en métropole : "Nous achetons un produit à un ou deux pounds ici, alors qu'il coûte cinq ou six euros là-bas, voire 7 euros dans de grandes chaînes comme Carrefour." Teddy conclut, avec amertume : "Il y en a marre. On dit souvent 'il vaut mieux être seul que mal accompagné'. Si c'est pour nous accompagner dans des circonstances comme celle-là, laissez-nous tous seuls."

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