Matthieu Pallud s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale dès ses seize ans. Déjà fondateur de la plateforme de babysitting Mogy en 2019, il lance cette année un nouveau projet, l’application de tourisme FueGo : "Nous souhaitons réinventer le voyage pour créer une expérience authentique et durable". Matthieu Pallud est lauréat du Trophée entrepreneur des Trophées des Français du Royaume-Uni, remis par EDHEC Business School.
Passionné d’escrime, Matthieu Pallud arrive à Londres en septembre 2015 lorsqu’un club du nord de Londres lui propose d’y passer une année. Scolarisé au Collège français bilingue de Londres puis au lycée international Winston Churchill, et désormais étudiant en ingénierie biomédicale à l’Imperial College London, il n’a plus quitté Londres depuis.
L’aventure entrepreneuriale de Matthieu Pallud débute en 2019. Avec des camarades, il crée Mogy, une plateforme de babysitting adressée aux familles françaises de Londres. Grâce à Mogy, il est finaliste du prix 20 Under 20 de Wise, et récompensé par les Trophées des Français de l’étranger dans la catégorie Ancien élève de lycée français, remis par l’AEFE, en 2021.
Le 23 novembre 2023, il lancera la première version de son application de tourisme personnalisé co-fondée avec Nicolas Dehandschoewercker, FueGo. Le serial-entrepreneur nous parle de ses projets.
Comment vous est venue l’idée de votre première start-up, Mogy ?
Au lycée, j'ai remarqué que mes amis avaient des difficultés à trouver des familles pour faire du babysitting. De leur côté, les parents avaient aussi du mal à trouver des étudiants pour s'occuper de leurs enfants. Les deux se cherchaient mais personne ne se trouvait ! Nous avons donc essayé de créer une plateforme qui puisse les mettre en relation efficacement. Nous avons eu jusqu’à 250 et 300 babysitters. Nous nous sommes également étendus à travers le monde, à Lisbonne, Montréal, Madrid et Barcelone. Cette année, je souhaiterais me concentrer à nouveau sur Londres et étendre Mogy au public anglophone. Il y a beaucoup d'anglophones francophiles, et nous aimerions leur donner la possibilité de trouver des babysitters francophones facilement.
Vous avez récemment lancé votre projet FueGo, une “Réinvention du voyage pour une expérience authentique et durable” (selon vos propres mots), pouvez-vous nous en parler ?
J’ai cofondé FueGo avec mon associé Nicolas Dehandschoewercker. Avec cette application, nous souhaitons réinventer complètement la manière dont nous voyageons. Les guides de voyage qui existent aujourd’hui sont peu intuitifs et proposent beaucoup d’activités assez “cliché”. Sur ces plateformes, il est très difficile de trier et de filtrer toutes les propositions. D’autre part, elles ne sont plus en phase avec la manière dont nous recherchons des activités de nos jours. Avant, les recherches passaient par des filtres et des mots clés. Maintenant, les recherches par prompts comme sur ChatGPT sont devenues courantes. Sur FueGo, les utilisateurs pourront par exemple dire à l’application "Je suis seul à Soho, je veux boire un verre", et l’intelligence artificielle proposera les lieux clés où se rendre dans le quartier.
L’application proposera aussi un planificateur de voyage : organiser nos déplacements n’est pas évident lorsque l’on découvre un lieu pour la première fois. FueGo optimisera nos trajets en fonction de nos attentes et de notre situation géographique. Nous souhaitons vraiment créer une hyper personnalisation du voyage. À cela s’ajouteront des éléments d’un réseau social plus classique, avec le scroll d'un fil lié au tourisme.
Quand les utilisateurs auront-ils accès à FueGo ?
Nous sortons la première version de l'application le 23 novembre 2023. Elle répertoriera les prix de toutes les pintes et l'histoire de tous les pubs de Londres. L’année prochaine, nous nous étendrons aux autres activités à faire Londres, et en parallèle, nous souhaitons nous implanter à Paris pour les Jeux Olympiques de 2024. Nous avons lancé une levée de fonds de 120.000€ et sommes en recherche active d’investisseurs.
Le sport et l’entreprise sont un perpétuel apprentissage.
Le sport a eu une grande place dans votre parcours, quelles leçons en avez-vous tiré ?
Le sport m’a appris la résilience, qui caractérise mon parcours sportif et mon parcours entrepreneurial. Dans le sport, ce sont les victoires qui sont le plus souvent montrées, mais les échecs sont nombreux. Cela se traduit aussi dans l’entrepreneuriat. Même si un projet fonctionne du premier coup, il y a forcément des moments de doute et de remise en question. Il est important de comprendre pourquoi ce que nous faisons marche plus ou moins bien, d’essayer de changer les petits détails et de toujours continuer à travailler. Le sport et l’entreprise sont un perpétuel apprentissage.
Avoir une vision et un plan en tête est important. Il faut savoir faire abstraction de certaines critiques pour pouvoir continuer sur notre lancée.
Y-a-t-il des figures d’entrepreneurs qui vous ont inspiré dans vos aventures professionnelles ?
Elon Musk est assez inspirant. Il a été très critiqué pour sa gestion de Twitter, mais cela l’atteint très peu. Avoir une vision et un plan en tête est important. Il faut savoir faire abstraction de certaines critiques pour pouvoir continuer sur notre lancée. À mes yeux, Elon Musk représente aussi l'entrepreneuriat “utile”. Un de ses projets moins connus consiste par exemple à créer un tunnel souterrain pour les voitures, afin de faciliter les transits vers l’aéroport. À travers ses entreprises, il cherche toujours à avoir une valeur ajoutée à la société, et à permettre de résoudre des problèmes à court, moyen ou long terme.
Quel conseil pourriez-vous donner à un jeune expatrié français aspirant entrepreneur qui a peur de se lancer ?
D’abord, il ne faut pas avoir peur. Ensuite, il faut regarder toutes les options qui existent pour accomplir ses objectifs et se donner les moyens de réussir. Il ne faut pas oublier de rêver, et de rêver grand. Aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir acquérir des compétences sans trop de difficultés, sur Internet par exemple. J'ai moi-même appris à faire du code sur YouTube, et j’ai travaillé mes compétences par la suite.
À notre échelle, nous espérons pouvoir changer les habitudes de tourisme, et sensibiliser les gens à ce sujet.
Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
La réussite de FueGo. Cette application est notre projet le plus abouti, celui qui nous tient le plus à cœur. Nous travaillons à six. Mes collègues Nicolas, Narayan, Francisco, Flavie, Grace et moi sommes basés à Londres. Mais nous avons aussi des équipes au Japon, et à Paris. Nous voulons changer la manière dont les gens voyagent en rendant leur expérience unique et personnelle. Nous aimerions aussi rendre le pouvoir aux locaux, pour qu'ils puissent partager leur ville de manière durable. Le sur-tourisme est un vrai problème. Les touristes ne voyagent pas toujours de la bonne manière. À notre échelle, nous espérons pouvoir changer les habitudes de tourisme, et sensibiliser les voyageurs à ce sujet.
Vous avez reçu le Trophée Ancien élèves des lycées français du Trophée des Français de l’étranger en 2021, et vous venez de remporter le Trophée des Français du Royaume-Uni dans la catégorie Entrepreneur. Est-ce que ces signes de reconnaissance vous poussent à aller encore plus loin sur la voie entrepreneuriale ?
Je mets toute mon énergie dans la concrétisation de mes projets, que ce soit avec ou sans prix. Mais ces distinctions sont uniques parce qu’elles permettent de faire des rencontres enrichissantes qui façonnent et guident mon parcours. Les récompenses poussent aussi à faire des choses que je n’aurais pas faites naturellement. Et elles rendent fière ma mère, cela n’a pas de prix (rires) !