25 septembre 2017, le monde s’écroule pour Fabien Azoulay. Arrêté à Istanbul pour détention de drogue, il est condamné à 16 ans de prison. En parallèle de cette descente aux enfers s’engage une bataille juridique et diplomatique. Fabien Azoulay passera quatre années entre les barreaux turcs. Il raconte son quotidien carcéral dans son livre Istanbul, dernier arrêt, qu’il vient présenter à Londres le 13 mai prochain, accompagné de Sophie Wiesenfeld et de Me François Zimeray, qui ont participé à sa libération. « Aujourd’hui, je vis chaque instant comme un miracle ! » Témoignage sur les dessous de cette affaire.
Du succès new-yorkais à l’enfer turc
Fabien Azoulay, Franco-Américain né en 1977, semblait tout avoir pour réussir. Parti à New-York après un master en gestion-finance, il crée une société de spas. Évoluant dans un milieu qu’il qualifie de «festif, luxueux et superficiel », il finit par se lasser, vend tout et part en 2016 faire le tour du monde pour tenter de se retrouver.
Dernière étape de son périple : la Turquie. Juste avant, il commet une lourde erreur, témoignant de son mal-être : il commande sur internet du GBL, un solvant détourné en drogue euphorisante récréative, autorisé à la vente dans de nombreux pays, dont la France.
A son arrivée à l’hôtel à Istanbul, il se fait arrêter illico pour importation de drogue illicite. Le GBL venait d’être interdit en Turquie mais Fabien l’ignorait… « Bienvenue dans ton nouveau chez-toi ! » lui lance ironiquement un policier. Un cauchemar aux accents de Midnight Express* débute pour Fabien, avec son lot de violences, tortures et harcèlements.
J’ai été ébouillanté par un codétenu et je dormais avec un couteau sous l’oreiller.
Les mots pour exorciser les maux
Fabien témoigne : « En 20 ans d’expérience professionnelle, j’ai appris à cerner les personnalités. Cela m’a aidé à mieux appréhender détenus et gardiens, pour échapper, de justesse, au pire. J’ai reçu énormément de courrier et de livres, d’amis ou d’inconnus du monde entier, moi qui ne lisais plus depuis des années ! J’y ai appris la résilience. J’ai rempli des grilles de sudoku et mots fléchés, que mon frère Xavier m’envoyait par dizaines. Et j’ai noirci cinq cahiers. Tenir mon journal chaque matin fut une véritable thérapie. Peu à peu, je me suis reconnecté spirituellement, et j’ai beaucoup parlé à ma mère, disparue à mes 19 ans.
Si après ma sortie, je me suis embarqué dans l’écriture de ce livre (avec l’aide de Sophie Blandinières), c’est pour témoigner et redonner espoir à toute personne emprisonnée de façon abusive et dans des conditions difficiles.
La vie est parfois comme un arbre en hiver, il semble mort, mais au printemps, il bourgeonne à nouveau.
(Message de soutien de Nadia, assistante sociale du consulat de France à Istanbul)
Mon « équipe de lumière » m’a sauvé
Je dois ma survie et ma libération à une formidable dream team ! Mon frère Xavier, tout d’abord, a mis sans réfléchir sa vie entre parenthèses pour moi. Mes deux avocats, Me Montenot et Me Zimeray, et depuis Londres Sophie Wiesenfeld, ont remué ciel et terre, entre ombres et lumière. Enfin, il y eut mon ange-gardien voulant rester anonyme, que j’appelle Nesim. »
Francois Zimeray est avocat, ancien ambassadeur pour les Droits de l’Homme, ancien ambassadeur de France au Danemark, avocat des familles des victimes du 7 octobre.
Sophie Wiesenfeld, activiste pour les Droits de l’Homme et fondatrice du think-tank Hexagon Society, a créé et présidé le comité de soutien Fabien Azoulay.
Un cas (presque) désespéré !
Londres, janvier 2020. Sophie Wiesenfeld reçoit un message de Me Carole-Olivia Montenot, côtoyée sur les bancs de La Sorbonne, qui lui expose le cas de Fabien Azoulay : « La voie judiciaire n’a rien donné, tu es ma dernière ressource ! ». Sophie a très vite l’intime conviction de la bonne foi de Fabien et se lance corps et âme sur ce dossier. Elle réussit à convaincre Me François Zimeray de l’épauler dans cette bataille et ensemble, ils mobilisent dans l’ombre leurs réseaux. « J’ai été très touchée par Fabien, dont le cas allait bien au-delà de celui d’une victime des mauvaises relations diplomatiques entre deux pays », confie Sophie.
Les dessous d’une affaire diplomatique internationale
Le temps juridique et le temps diplomatique sont des temps longs. Sophie Wiesenfeld et Me Zimeray contactent les personnalités les plus influentes de leurs sphères respectives, mais rien n’y fait. Et nous sommes en plein Covid… En avril 2021, ils décident de médiatiser l’affaire pour faire bouger les lignes. Tout s’accélère : une pétition sur le site change.org, une interview sur France Info, un passage dans l’émission TPMP de Cyril Hanouna… L’adhésion de l’opinion publique est très rapide. Côté diplomatique, on est même sur le fil du rasoir !
En juin 2021, en marge du sommet de l’OTAN, les présidents Macron et Erdogan s’entretiennent et évoquent le cas Azoulay : « Les conditions de son transfèrement en France avancent ! » S’en suit un enchainement de négociations pour aboutir mi-août 2021 à un retour de Fabien Azoulay en France, à la prison de la Santé. Après requalification de sa peine, il retrouvera la liberté le 2 novembre 2021.
Tout ce que je vis, c’est du bonus !
Fabien conclut : « Deux ans et demi après ma sortie de prison, je vais enfin bien. J’ai beaucoup appris et mûri. A présent, ma mission de vie est d’aider les autres à développer leur résilience et à guérir de leurs traumatismes. J’ai deux projets : faire du bénévolat et démarrer une nouvelle activité professionnelle, les deux alignés avec ce même objectif altruiste. »
J’ai profondément changé et si tout s’arrête demain, je n’aurai aucun regret !
Deux événements avec Fabien Azoulay à ne pas manquer :
Autour de son livre Istanbul, dernier arrêt (Éditions Stock)
Rencontre littéraire :
Lundi 13 mai 2024 à 17h30. Réservations ICI
Lieu : Librairie La Page, 7 Harrington Rd, London SW7 3ES
Rencontre-diner :
Jeudi 16 mai 2024 à 19h30. Réservations ICI
Lieu : Kapara Soho, 14 Greek Street, James Court, London W1D 4AL
Deux événements organisés par Hexagon Society
*Film d’Alan Parker sorti en 1978
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