Laurence Bish et Elisabeth Souquet sont les co-coordinatrices du club Eco-Green de Londres Accueil. Autour d’un café à Hammersmith, toutes deux nous ont parlé avec passion de leur initiative, qui aide les expatriés français adhérents de Londres Accueil à adopter un mode de vie plus écologique. Elles croient dur comme fer que l’action par le bas est un des moteurs de la protection de l’environnement et de la lutte contre le dérèglement climatique.
D’où provient l’idée du club éco-green ?
Laurence BISH - Cela faisait longtemps que je faisais partie de Londres Accueil, et je trouvais que le problème de l'écologie était de plus en plus incontournable. Un jour, on m'a donné la chance de créer ce club. Je ne suis pas spécialiste de l'écologie, mais je me suis toujours dit qu’il fallait qu'on réfléchisse ensemble à ce problème, parce que nous sommes des femmes expatriées. Qui dit expatrié dit grand consommateur. Je voulais changer les choses par le bas. Puis Elisabeth, qui était déjà très motivée par le problème écologique, s'est jointe à moi.
La Fresque du Climat : l’affaire de tous, au Royaume-Uni aussi !
Quelles sont les activités que propose le club éco-green à ses adhérents ?
L.B. : Depuis le début, j’organise des rencontres chez moi autour d'une table, avec un thème déjà préétabli, par exemple, l’industrie du textile et la fast-fashion. À partir de documentations, nous exposons, nous débattons, nous échangeons des bons conseils et nous nous fixons ensuite des résolutions à tenir. Nous sommes là pour nous aider les unes les autres au quotidien, sans jugement. Nous organisons aussi de nombreuses visites liées à la protection de l’environnement et à l’écologie. Nous avons par exemple fait découvrir un centre de recyclage de Londres aux membres du club. Élisabeth Souquet, quant à elle, s'occupe de l’organisation des fresques du climat, de la biodiversité et du numérique.
Quelle est votre approche de l’écologie ?
L.B. : Je pense que l'écologie est parfois tellement vue comme déprimante qu'il faut qu'il y ait quelque chose d’excitant pour que les gens se disent que finalement, c'est pas mal. On a passé toute notre enfance à tuer ce que l’on consommait. Les gens se définissaient par toujours plus de consommation. Maintenant, il faut faire machine arrière et dire aux gens qu'il ne faut pas changer, qu'il ne faut pas jeter. Il faut changer de mentalité et l'introduire auprès d'un public, les femmes d'expatriés, qui ne sont pas forcément en proie à suivre ce chemin là en raison de leur mode de vie mondialisé.
L’écologie, c’est de la transmission.
Avez-vous trouvé votre public facilement ?
L.B. : Oui, très naturellement ! Les femmes expatriées sont très éduquées et concernées par les problèmes environnementaux et climatiques. On a toutes envie de vivre dans un monde meilleur.
Elisabeth SOUQUET : Ce sont des femmes qui se tiennent beaucoup au courant de l'actualité. Elles sont sensibilisées. L'année dernière, on a créé un groupe WhatsApp qui fonctionne très bien. Nous y échangeons beaucoup d'articles et d’adresses.
L.B. : Nous souhaitons que les gens communiquent de manière horizontale pour se partager les bonnes pratiques : acheter du détergent qui pollue moins, réduire sa consommation de plastique… Une cinquantaine de personnes sont inscrites sur le groupe WhatsApp!
E.S. : Il faut remettre tout le monde au même niveau, avec des sources scientifiques fiables et qui ne soient partisanes, pour pouvoir construire son quotidien en fonction de ses impératifs. L’écologie, c’est de la transmission.
Y a-t-il beaucoup d’actions écologiques mises en place à Londres ?
L.B. : Le maire Sadiq Khan a beaucoup travaillé sur la pollution de l'air dans la ville. Il a fait en sorte qu'il y ait moins de circulation à l'intérieur de la ville pour que l'air soit un peu plus viable, en particulier dans les zones défavorisées. La presse européenne reconnaît que Londres est beaucoup moins polluée qu'auparavant, même s’il est impossible d’annihiler complètement les fumées toxiques. Il y a aussi eu une grande politique de replantation.
E.S. : Dans mon quartier, il y a un département écologique qui essaie de faire des choses. Et cela existe dans chaque quartier. Et il y a beaucoup de community centers qui sont très actifs.
La mobilisation citoyenne pour l’écologie au Royaume-Uni est-elle importante par rapport à ce qui se fait en France ?
E.S : C'est différent. Ici, il y a par exemple beaucoup plus d'options véganes, puisque l’on sait que la consommation de viande a un impact énorme sur l’environnement.
L.B. : Culturellement, la nature est plus présente au Royaume-Uni et à Londres qu’à Paris. Je trouve que Londres est une des seules villes dont on peut dire que la campagne est à la ville et que la ville est à la campagne.
E.S. : Oui, les modes de fonctionnement ne sont pas les mêmes. Ici, il y a cette atmosphère de village et de communauté dans laquelle beaucoup de choses se font et qu'il n'y a pas en France. En France, beaucoup de choses sont relayées au niveau de l'État, de la région, etc. Ce ne sont pas les mêmes dynamiques.
Les recommandations culturelles du club Eco-Green :
Changer de boussole. La croissance ne vaincra pas la pauvreté - Olivier de Schutter
Faire écologie ensemble. La guerre des générations n’aura pas lieu - Léa Falco
Demain - Cyril Dion et Mélanie Laurent
Is It Time to Break the Law? - un documentaire de Chris Packham
Le Printemps silencieux - Rachel Carson
Amazônia - Sebastião Salgado (album photo)
Est-il possible de conjuguer citadine et vie écologique en vivant à Londres selon vous ?
E.S. : Oui, absolument ! On peut prendre les transports en commun. On peut voyager en train, donc on limite notre empreinte carbone. Il y a des magasins bio, des magasins en vrac, des farmers’ markets, des boutiques de seconde main, des options vegan. Il y a vraiment tout ce qu'il faut si on veut réduire son empreinte.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui veut se lancer dans un mode de vie plus écologique et qui ne sait pas comment s’y prendre ?
L.B. : Réduire sa consommation.
E.S. : Éduquer son regard, affiner son esprit critique pour éviter le greenwashing. S'appuyer sur un groupe pour avoir les bons conseils et les bonnes adresses.
Les recommandations de visites du club Eco-Green à Londres :
Chelsea Physic Garden
Kew Gardens
London Wetland Centre
À vos agendas !
- Mercredi 18 octobre - Rencontre mensuelle du club et débat autour de deux publications sur l’écologie
- Mercredi 1er novembre - Fresque du climat animée par Elisabeth Souquet
- Mercredi 15 novembre - Rencontre mensuelle dédiée à l’énergie
- Mercredi 22 novembre - Rencontre éducative sur le thème de la nutrition animée par Huguette Lelong, Nutritionniste Holistique, et Elisabeth Souquet
- En 2024 : nouvelles visites, dont London Wetland Centre et l’usine de recyclage de Londres
- Poursuite des ateliers fresques du climat, de la biodiversité et du numérique
Pour assister aux rencontres du club Eco-Green, vous devez adhérer à Londres Accueil. Toutes les informations concernant les événements futurs sont à retrouver sur le site du club.