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La cigarette électronique bientôt prescrite par votre médecin au Royaume-Uni

magasin de liquide pour cigarette électroniquemagasin de liquide pour cigarette électronique
E-liquids UK - Unsplash
Écrit par Judith Chouzenoux
Publié le 2 novembre 2021, mis à jour le 2 novembre 2021

Le Royaume-Uni est sur le point de devenir le premier pays du monde à prescrire médicalement des cigarettes électroniques aux fumeurs. Le but : réduire le tabagisme au sein du pays et ce, en dépit des avertissements émis par l'OMS sur les dangers du vapotage.

 

Selon de récentes directives de l'Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA), il sera bientôt possible pour les médecins du NHS de prescrire des e-cigarettes, ou cigarette électronique, aux fumeurs qui souhaitent arrêter de fumer.

 

Le vapotage présenterait un risque « moins important » que le tabagisme pour les scientifiques britanniques

Selon une étude menée par Public Health England, l’organisme de santé publique du pays, les produits de vapotage sont « plus sûrs à 95% » que le tabagisme. Réglementés, l’agence gouvernementale reconnaît toutefois que, s’ils sont moins nocifs que le tabac, ils ne sont pas non plus sans risque.

 

Pour Vice World News, Harry Shapiro, directeur de l'organisation caritative DrugWise, qui a participé à la rédaction d’un rapport mondial sur les dommages causés par le tabac a expliqué que « en suivant la science, le Royaume-Uni a été un pionnier mondial. » Le pays aurait adopté une « réponse pragmatique et proportionnée au vapotage en tant qu'avantage pour la santé publique. »

 

Les « e-liquides » qui sont chauffés et inhalés ne contiennent pas les éléments les plus nocifs d’une cigarette, à savoir du goudron et du monoxyde de carbone. Ils sont cependant conçus avec de la nicotine, l’élément qui crée la dépendance au tabac.

 

Un tabagisme national en baisse malgré certaines inégalités

Les rapports sur la consommation de tabac en Grande-Bretagne sont positifs et observent un nombre de fumeurs en baisse depuis vingt ans (de 27% à 14% aujourd’hui). Le pays compterait environ 6,1 millions de fumeurs, contre 3,6 millions de vapoteurs, pour la plupart d’anciens fumeurs eux-mêmes. La lutte du gouvernement ne s’arrête pas à ces résultats encourageants pour autant, puisque l’on estime que 64 000 britanniques meurent chaque année des suites du tabagisme.

 

Harry Shapiro rapporte également qu’il existe de fortes inégalités face à la consommation de tabac. Les rapports gouvernementaux estiment que le taux de tabagisme dans les quartiers pauvres est trois fois supérieur à celui des quartiers les plus riches. Dans les colonnes de Vice, il explique : « Les appareils de vapotage sont facilement disponibles au Royaume-Uni, mais les personnes les plus défavorisées devraient pouvoir bénéficier d'une prescription. »

 

Pour le directeur de DrugWise, la prescription médicalisée des e-cigarettes serait un message fort envoyé aux médecins et fumeurs actuels, qui prouverait « que le vapotage est nettement plus sûr que le tabagisme » et permet « d'améliorer leur santé et même sauver leur vie. »

 

Des mesures plébiscitées par le gouvernement

Sir Norman Lamb, ancien ministre de la santé ayant présidé l'enquête de la commission des sciences et de la technologie des Communes sur les e-cigarettes en 2018, a félicité l’initiative et a affirmé « je suis convaincu que cela va changer la donne », ajoutant que la prescription de cigarette électronique se révélerait bientôt comme un « avantage significatif. »

 

Le secrétaire à la santé et aux soins sociaux, Sajid Javid, a pour sa part salué des annonces qui « ouvrent la porte à une e-cigarette autorisée, prescrite par le NHS, et qui a le potentiel de s'attaquer aux disparités frappant le taux de tabagisme à travers le pays, en aidant les gens à arrêter de fumer où qu'ils vivent et quel que soit leur milieu. »

 

Une décision qui intervient alors que le vapotage fait l'objet de controverses depuis plusieurs années

En juillet dernier, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, avait qualifié les e-cigarettes de « nocives », expliquant qu’elles créaient des dépendance et constituaient « une porte d'entrée pour les enfants vers le tabagisme. » Face à ces allégations, John Britton, professeur reconnu d'épidémiologie à l'Université de Nottingham, avait objecté : « L'OMS ne comprend toujours pas la différence fondamentale entre la dépendance au tabac, qui tue des millions de personnes chaque année, et la dépendance à la nicotine, qui ne le fait pas. »

 

Quelle est la législation ailleurs dans le monde ?

Le vapotage n’est encadré par aucune législation globale claire, et chaque pays y va de sa propre règle. Aux États-Unis, de nombreuses mauvaises utilisations de ces cigarettes électroniques ont entraîné des blessures et des décès. En conséquence, plusieurs villes et États ont mis en place une interdiction de la vente de produits de vapotage aromatisés et une interdiction partielle a été instaurée par le gouvernement fédéral. Mais après une enquête, cette épidémie d’accidents s’est révélée être le fait d’un composé utilisé dans des cartouches de vapotage au THC, vendues au marché noir.

En Australie, les e-cigarettes sont en théorie interdites, bien qu'elles soient aussi considérées comme un produit médical, elles ne sont cependant pas encore disponibles sur ordonnance en raison de la difficulté pour les fabricants d'obtenir une licence pour les fabriquer. Singapour a, pour sa part, complètement interdit à ses citoyens de vapoter.