Édition internationale

ANTOINE DETRIE/LA PETITE BRETAGNE - La gastronomie bretonne s’invite à Londres

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 février 2018

 

Antoine Détrie s’est lancé dans la restauration il y a plus de deux ans. Un secteur dont il a fait son métier et son entreprise, La Petite Bretagne, aujourd’hui. Avant de voler de ses propres ailes, ce breton a d’abord travaillé dans un cabinet de conseil. Connaître, maîtriser puis exercer sont les maîtres mots de son parcours. Lepetitjournal.com a rencontré Antoine Détrie, CEO

(crédit : Paul Croft)

Entreprenariat : de l’esprit d’entreprise à l’esprit d’entreprendre

"Celui qui ne risque rien ne perd ni ne gagne" dit un proverbe breton. La citation peut résumer le parcours d’Antoine Détrie. Après avoir obtenu son diplôme de l’ESCP en 2006, il rejoint le cabinet de conseil, BearingPoint, à Paris. Il y travaille pendant près de deux ans. "C’était un métier intéressant, mais trop abstrait. J’avais envie de quelque chose de plus concret" explique-t-il. En parallèle, il voulait regagner Londres pour des raisons personnelles. Sa démission posée, il part quatre mois parcourir l’Afrique de l’Ouest. "Ce voyage était nécessaire pour me retrouver, pour être sûr de faire les bons choix, des choix lourds de conséquences" raconte l’entrepreneur. Abandonner un job bien rémunéré pour repartir de zéro est une grande prise de risque pour un jeune d’une vingtaine d’années. La prise de risque, inhérente à l’activité entrepreneuriale, prend une importance accrue. Mais si la prise de risque peut déboucher sur la réussite, elle ne va pas sans son inévitable corollaire : la possibilité de l’échec. "J’ai toujours aimé la restauration, alors autant se lancer dans un domaine qui me plaît".  L’envie de créer sa propre société prend donc le dessus.

(crédit : Paul Croft)


Des débuts hésitants, des tâtonnements, pour arriver à la recette miracle

Initialement, Antoine Détrie avait pensé à un concept de fast food de qualité, orienté sur la nourriture française. Mais le projet n’était pas viable, car trop onéreux. Le marché britannique est développé et concurrentiel. De plus, les anglais n’ont pas les mêmes habitudes que les français à l’heure du déjeuner. Ils consomment beaucoup de plats à emporter. Le jeune entrepreneur décide alors de se réorienter vers les crêpes. Un projet qui prend tout son sens "De part mes racines bretonnes, je connaissais les produits. C’était doublement intéressant, car très peu exploité sur le marché britannique. Ils connaissent les crêpes et les pancakes, mais sucrés. Je pouvais donc mettre en avant la galette bretonne à emporter pour le déjeuner". Ce produit offre une marge considérable, à l’instar des pizzas. Les matières premières ne coûtent pas chères. Les crêpes peuvent se décliner en sucrées et en salées. Il est ainsi possible d’en vendre à toute heure, au petit déjeuner, au goûter comme en soirée. "L’avantage est immense. Dans la restauration, les coûts fixes sont énormes entre le loyer, le staff, etc. donc c’est frustrant de ne vendre qu’à midi et le soir, et rien entre les deux. Mais avec la galette, ce n’est pas le cas", se réjouit le chef d’entreprise.

(crédit : Paul Croft)

Du stand dans la rue à la boutique à Hammersmith
La Petite Bretagne est présente dans la capitale britannique depuis deux ans et demi, mais elle n’a pas toujours été sous la même forme. Dès le départ, Antoine Détrie a l’ambition d’ouvrir un restaurant. Dans une perspective de développement, il est plus aisé de proposer un modèle clé en main dans une boutique, qu’un stand sur des marchés. Seulement, il n’avait ni les fonds, ni les compétences nécessaires. L’entrepreneur se rend compte, avec humour, de la responsabilité d’un tel engagement : "La restauration est un vrai métier. Il y a un pas à franchir entre préparer un repas le samedi soir entre amis et servir 400 couverts dans la journée". L’entrepreneur met la main à la pâte. Dans un premier temps, il teste le concept en tenant un stand sur des marchés. Vous avez d’ailleurs, peut être, eu l’occasion de goûter à ces fameuses crêpes du côté de Lower Marsh ou Archway Market. Il élargit l’offre en participant à des festivals de musique, des anniversaires ou des mariages. Pendant deux longues années, le crêpier attrape le coup de main. Il monte, démonte le stand. Il passe ses journées dehors qu’il vente ou qu’il pleuve. Cette période lui permet d’étudier quels arguments marketing mettre en avant, le prix, le packaging. Un travail essentiel pour cerner le marché et les attentes des clients. Il travaillera sur les marchés jusqu’en octobre 2011. Une période pendant laquelle il va économiser. Il arrive à un business model original et rentable. Il boucle le financement et finalise le business plan. Il cherche un local, des prestataires, un avocat… ça y est, une boutique ouvre ses portes fin mai, à Hammersmith, quartier très actif du grand Londres. "Le but est de réconcilier l’aspect traditionnel de la crêperie et l’aspect plus moderne et plus rapide du take away", explique Antoine. Il espère attirer ainsi les employés des grands groupes (Coca Cola, Disney, L’Oréal, Accor) présents sur la zone.

(crédit : Paul Croft)

Le Made in France à l’honneur
Le britannique est très friand de produits vendus avec une étiquette française, qui possède une très bonne image. Notre entrepreneur surfe sur cette tendance et fait la différence avec son produit phare : la galette de sarrasin. "Les anglais sont très curieux. Tout l’enjeu est qu’ils entrent une première fois dans le magasin. Ils doivent essayer, car ils ne connaissent pas. C’est à la fois l’avantage et l’inconvénient d’avoir un produit de niche", raconte le chef d’entreprise. Dans sa boutique, vous pouvez également trouver d’autres spécialités, telles que du cidre breton -il possède désormais la licence pour en vendre - du caramel au beurre salé, du Kouign Amann... autant de mets difficiles à trouver à Londres. Dans la mesure du possible, le CEO essaie de se fournir en Angleterre, car c’est plus simple, mais surtout moins cher. Finalement, il collabore avec des fournisseurs anglais qui font des produits français, ou avec des grossistes français présents dans la capitale. Néanmoins, quelques produits viennent directement de la région bretonne, comme les caramels au beurre salé. Impossible d’en trouver à Londres. Le chef d’entreprise se veut confiant "Généralement, une fois qu’ils ont goûté, ils aiment bien et reviennent".

L’avenir en quelques mots

Antoine Détrie, dynamique et courageux croit en son projet et au potentiel de ses produits "Le Kouign Amann, une pâtisserie à base de beurre salé et de sucre, cartonne aux Etats-Unis. Elle a été élue parmi les meilleures pâtisseries du monde… et nos goûts sont similaires". L’entrepreneur est satisfait du chemin parcouru. L’ouverture de sa boutique concrétise tous les efforts fournis jusque là. Il espère ouvrir plusieurs boutiques sous la même enseigne, soit sous modèle de franchise ou en propre "J’ai été suffisamment patient pendant deux ans, pour affiner le business modèle. Si ça marche, il faut que je sois suffisamment ambitieux pour en ouvrir plusieurs rapidement, dans les prochaines années". Ses années ont été riches en enseignements. Il nous avoue que ce n’a pas été facile tous les jours. Néanmoins, parti de rien, il a la satisfaction de voir les portes de sa boutique ouvrir à Hammersmith. "Le projet, la perspective d’ouvrir plusieurs magasins derrière, la satisfaction de créer des emplois… même si ce n’est pas facile tous les jours, ça donne de l’énergie pour continuer".

Donia Hachem (www.lepetitjournal.com/londres) mercredi 4 juillet 2012

Lire aussi

SOFITEL LONDON ST JAMES - Plongez dans les cuisines du restaurant The Balcon

Gourmand, Lepetitjournal.com est allé à la rencontre de Vincent Ménager. Le chef du restaurant The Balcon, situé sur Pall Mall dans l’immeuble classé de l’hôtel Sofitel London St James, nous a entrainé dans ses cuisines pour nous faire partager son parcours, sa méthode mais avant tout sa passion

 

 

GASTRONOMIE - Hélène Darroze : "Un destin auquel il est difficile d'échapper"

Lepetitjournal.com part à la rencontre des grands chefs cuisinier français de Londres. Après avoir obtenu deux étoiles au Guide Michelin pour son restaurant gastronomique traditionnel landais de Saint-Germain-des-Prés, Hélène Darroze a également pris les commandes des cuisines du restaurant de The Connaught, l'hôtel 5 étoiles du quartier de Mayfair. Deux nouvelles étoiles au Guide Michelin plus tard, elle se confie à Lepetitjournal.com

lepetitjournal.com londres
Publié le 4 juillet 2012, mis à jour le 8 février 2018