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Alexandre Holroyd : “Je croirai toujours en une politique humaniste et européenne”

Porte-parole de la communauté française du Nord de l'Europe depuis 7 ans, Alexandre Holroyd, député sortant, ne s’est pas représenté aux élections législatives. Il revient, pour lepetitjournal.com, sur les points clés de son mandat et fait le bilan, entre la montée des partis extrêmes, le Brexit et les avancées pour les Français au Royaume-Uni.

Alexandre holroyd député sortantAlexandre holroyd député sortant
Écrit par Ewan Petris
Publié le 9 juillet 2024, mis à jour le 10 juillet 2024

Alexandre Holroyd est élu député le 18 juin 2017, dans la 3e circonscription des Français de l'étranger. Depuis près de 7 ans, il représente la communauté française installée dans le Nord de l'Europe. Alors que Vincent Caure a été élu comme nouveau député ce dimanche 7 juillet, le député sortant, et nouveau remplaçant fait un bilan de son mandat. Émergence des partis extrêmes, gestion interne du COVID et Brexit, il retrace les événements qui ont marqué son mandat.

 

Vincent Caure

Législatives 2024: Vincent Caure élu député des Français d’Europe du Nord

 

Pourquoi avez-vous fait le choix de ne pas vous représenter à l’annonce des législatives ?

 

La 3e circonscription des Français de l’étranger est une partie de ma vie mais Il faut du renouvellement dans la vie politique et il est positif que de nouvelles personnes s'essayent à cette fonction. Il s’agit d’une bonne chose pour les institutions et pour le pays.

Pour des raisons à la fois personnelles et de convictions, j’estime qu'il est temps que quelqu'un d'autre s’y attelle. Jecroirai toujours en la promesse d'une offre politique qui est humaniste, pro-européenne et qui libère les entreprises des carcans administratifs.

 

J'ai passé sept ans à essayer de construire cette offre, maintenant, place à la suite.

 

Quel bilan tirez-vous de votre mandat ?

 

Nous avons tendance à oublier ce qui s'est passé, tant le temps passe vite. Au niveau national, le bilan est trèspositif. Depuis 2017 2 millions de françaises et de français ont trouvé un travail, grâce aux réformes menées. À notre arrivée, la politique écologique de l'exécutif sortant était inexistante. En 2023, il y a eu 6 % de baisse d'émission ; la plus grosse baisse enregistrée sur une année de l'histoire du pays. Le premier trimestre 2024 confirme bien cette lancée.

Depuis que nous sommes arrivés, le nombre d'apprentis a été multiplié par 10. Nous avons recréé des emplois industriels qui avaient été détruits. Aujourd'hui, en France, il y a plus

d'investissement que dans n'importe quel autre pays européen. Il y a aussi des changements sociaux importants,comme la constitutionnalisation de l'interruption volontaire de la grossesse.

 

Qu’en est-il sur la 3e circonscription des Français de l’étranger ?

 

Pour ce qui est de ma circonscription, nous avons été bouleversées par le Brexit. J’ai essayé de protéger au mieux nos concitoyens grâce à des négociations qui ont été menées avec les Britanniques, pour aider les plus démunis. Nous avons travaillé sur le droit du travail, les aides sociales, l’accès à la Sécurité sociale britannique etc. Il y a eu des progrès considérables sur la fiscalité. Quand je suis arrivé, je m'étais engagé à ce que les Français vivant dans la circonscription ne soient plus soumis à la cotisation sociale généralisée sur leurs revenus de source française ; promesse tenue. Au Danemark, il y avait des soucis sur la fiscalité, avec une absence de convention depuis 2009. Je m'étais engagé à en faire négocier une. Elle a été ratifiée, promesse tenue.

Nous avons également stabilisé pour la première fois les budgets des établissements de l'éducation française à l'étranger, qui avaient été massivement coupés avant 2017 par la gauche. Ensuite, durant la pandémie de COVID-19, je crois que les Français à l'étranger ont constaté à quel point les Français en Métropolitaine ont bénéficié d'une protection importante, par exemple grâce aux vaccins et aux tests PCR gratuits (ce qui n'était pas le cas pour la plupart des pays de la circonscription).

Puis, il y a eu la période de relance et l'inflation suite à la guerre ukrainienne. À nouveau, j’estime que les Français à l'étranger sont bien placés pour voir à quel point nous avons protégé nos concitoyens. Regardez le bouclier tarifairesur les prix de l’énergie qui a été prodigieux pour nos concitoyens.

 

Quels sont les trois points que vous retenez ?

 

Protéger - Les circonstances ont fait que, dans les sept dernières années, la protection était peut-être plus importante que ce que j’imaginais à mon arrivée. Ces années ont été bouleversées par des changements considérables dans la géopolitique. Les Français ne réalisent pas à quel point notre couverture médicale est exceptionnelle. Aucun pays au monde n’a été protégé de façon plus complète que la France.

 

Demandez à n'importe quel Français de l'étranger combien il a payé ses tests PCR et vous verrez que la gratuité, dans certains pays, était un fantasme qui n'existait pas.

 

Relancer - Depuis les années 80, la France est un pays qui décroche peu à peu par rapport à ses équivalents européens en termes de croissance. Elle a souffert pendant presque 30 ans du chômage de masse. Depuis notre arrivée, ce problème-là n'en est plus un. Il y a toujours un chômage important, mais ce n'est plus une problématique de masse. L’emploi était la première préoccupation des Français jusqu'aux années 2007-2008. La relance de l'économie, la création d’emplois en France, notamment industriels, ont été au cœur de notre programme.

Transition Écologique - Le dernier point concerne la transition écologique. En examinant le dernier classement despays qui ont des plans et mettent en place une transition écologique à l'échelle mondiale, nous sommes classés cinquième. Trois des quatre autres pays sont dans ma circonscription et sont des pays nordiques. En tant que président de la caisse des dépôts et consignation, j’ai présidé à un engagement de 100 milliards d’euros d'investissements dans la transition écologique, le déploiement du renouvelable, le développement du photovoltaïque, la réduction de l’utilisation de pesticides.

 

Quels seront les enjeux futurs importants, notamment dans notre circonscription ?

 

Il s'agit là d'un travail permanent. Protéger nos concitoyens, avoir une économie dynamique, lutter contre le changement climatique c’est un combat de tous les jours. Il s'agit d'un effort continuel et générationnel pour chaque responsable politique. Dans la circonscription, il y a des éléments essentiels : la dématérialisation de toutes les procédures administratives pour les Français qui habitent à l'étranger, pour laquelle je me suis beaucoup battu.

L’autre devoir est de s’engager dans un vrai combat pour notre Union européenne.

Des forces politiques en présence, comme l'extrême gauche de M. Jean-Luc Mélenchon et l'extrême droite de Marine Le Pen, sont desforces anti-européennes.

Le député va avoir un très grand rôle, car une partie de l'Hémicycle va vouloir déconstruire ce que nos prédécesseurs ont construit pendant 70 ans. Nous le voyons très bien avec l'annonce de l'extrême droite sur les binationaux ; il y a une tendance à la xénophobie qui apparaît dans notre débat public et qui est parfaitement contraire aux valeurs que portent la majorité des Français dans notre circonscription. Ils sont par définition des immigrés, car ils habitent à l'étranger.

 

Enfin, avez-vous des regrets sur ce mandat ?

 

Je trouve qu'on a avancé trop lentement sur la dématérialisation de la remise des titres d'identité pour les Français de l’étranger. Aujourd'hui, une expérimentation est mise en place au Canada et au Portugal, mais je partirai de mon mandat sans avoir vu cet objectif apparaître à Londres, à Stockholm, à Copenhague.

Je regrette aussi que l'extrême droite et l'extrême gauche soient plus fortes qu'il y a 10 ans. Je me suis engagé en 2017, car je croyais en l'Europe. Je regrette de quitter la vie politique à un moment où nous avons échoué collectivement à mettre ceux qui veulent la déconstruire au banc de notre vie politique. Enfin, j'aurais voulu avancer plus vite sur certains dossiers, notamment ceux qui facilitent la vie des Français à l’étranger, ou le retour en France - pour lequel nous avons beaucoup œuvré, mais peut-être pas assez vite.


 

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