Vous n’étiez invité à aucun des derniers royal weddings, difficile de faire partie des happy few. Pour un banquet ou afternoon tea, ce n’est pas demain la veille qu’on vous verra passer les portes de Buckingham, mais, comme l’adage le dit si bien « Un homme averti en vaut deux ». Petit tour d’horizon de la Royal Etiquette (en français dans le texte, cocorico !).
Dress to impress
Le carton d’invitation (auquel on aura obligatoirement répondu) vous indiquera la tenue appropriée. Lounge suit, day dress, black tie … on laisse au placard sa mini-jupe en cuir ou son short écossais. Et on s’inspirera de la Royal family elle-même : pour ces dames, jambes nues comme l’épouse de David Cameron au mariage de William et Kate ? No way ! La Duchesse de Cambridge est le porte-étendard des collants de couleur chair, et des jupes pas plus hautes que le bas du genou. Pour éviter tout fashion faux-pas, mieux vaut miser sur un zeste de conservatisme : cachons ces épaules et ces doigts de pied que nous ne saurions voir.
No touch policy
Contrairement à Michelle Obama dans son geste d’une grande spontanéité (d’ailleurs rendu par la Reine), on ne touchera sous aucun prétexte sa Majesté. C’est elle qui lancera le signal du serrement de main (si tel est son bon plaisir, vous pouvez aussi rester sur le carreau, parfaitement invisible, ah !). Si vous êtes l’un de ses sujets (ie titulaire de la nationalité britannique), vous inclinerez la tête pour ces messieurs, tandis que vous mesdames, vous vous essayerez à une petite révérence de meilleur effet, en gardant votre équilibre, quoi qu’il arrive.
Préséances et art de la conversation
On attend obligeamment devant sa chaise que le monarque se soit assise (on ne s’assied surtout pas avant elle, grosse grosse gaffe, bouh !). Si vous êtes assis(e) à sa droite, c’est la place d’honneur, chapeau ! Elle s’adressera à vous pendant la première partie du repas, puis parlera avec son voisin de gauche. C’est elle qui engage la conversation (ouf !). Championne du small talk (ou l’art de savoir converser sur tout et rien), elle évitera habillement les sujets politiques et religieux (la pareille est attendue de votre part). Son entame favorite serait, dit-on : « Have you come far ? ». (Préparez votre réponse, aimable, intéressante, elle doit faire mouche. Bonne chance).
On reste concentré, ce n’est pas le moment de s’égarer
Alors que vous êtes assis(e) bien droit(e) sur votre chaise (espacée de 24 inches -voire 30 dans les grandes occasions- de sa voisine), s’étale devant vous le menu individuel écrit en français (cocorico bis). Cette fois vous comprenez tout, cela vous redonne confiance (d’ailleurs vous en aviez besoin). Serviette gracieusement pliée sur vos genoux, vous voilà parti pour un diner de 1h20, sans se lever de sa chaise (une envie pressante ? Il fallait y penser avant, tant pis pour vous, non mais !). Se succèderont très certainement 4 plats (poisson, viande, pudding et dessert) et 5 vins. Attention sur ce dernier point : oui le binge drinking est le sport national, non ce n’est pas le meilleur moment pour le pratiquer. Gardons les idées claires. On tient son verre par la tige, cela demande assez de concentration comme ça. Si toast il y a, on trinque, mais sans entrechoquer les verres.
Gare à ne pas s’emmêler les fourchettes
Surtout, on ne manie pas sa fourchette avant la maitresse de maison (2eme grosse gaffe, bouh !). Au sujet des couverts justement : fourchette et couteau sont disposés à 18 inches (soit très précisément 45,72 cm) l’un de l’autre. On commence par ceux situés à l’extérieur et on progresse en allant vers l’assiette. La fourchette est tenue dans main gauche, le couteau dans la main droite. On dirige la nourriture avec sa fourchette, main gauche (surtout pas d’inversion, non, non et non !).
Tout au long du repas, et contrairement à l’étiquette française, les mains reposeront sur vos cuisses, surtout pas sur la table. Les plats circulent tous seuls, merci les footmen. Ceux-là vous sont d’ailleurs servis sur votre gauche. Le diner prend fin quand la Reine a fini son assiette. Une règle particulièrement pénible pour les contemporains de la reine Victoria qui engloutissait un repas de 7 ou 8 plats en une demi-heure. Pour les convives, il ne s'agissait pas de trainer. Et on ne quitte pas la table avant la maitresse de maison (les gaffes, ça suffit maintenant).
Une royal etiquette finalement assez proche de l’art de se tenir à table à la française. N’ayez crainte : même si vous faites absolument n’importe quoi, sa Majesté n’élèvera même pas un royal sourcil, fidèle à la devise non officielle maison : never complain, never explain. Ce manuel du savoir-vivre vous a découragé ? Un bon burger vous remettra sur pied !
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