312 voix contre 308. Les députés britanniques ont voté hier contre une sortie de l’UE sans accord. Si ce résultat n'est pas juridiquement contraignant, il ouvre la voie à un report du Brexit.
Pour l'instant, le Royaume-Uni est engagé à quitter l'UE le 29 mars sans accord. Le seul accord existant n'a pas été ratifié. Mais le vote de ce soir démontre une volonté de trouver une nouvelle solution pour sortir de l’Union européenne de façon ordonnée.
Le no-deal rejeté par deux fois hier soir
L’amendement Spelman, adopté par 312 voix contre 308, a déclenché une crise au sein du parti conservateur et du gouvernement. Très radical dans sa formulation, en excluant d’office le no-deal, son adoption a neutralisé la motion du gouvernement qui évoquait la possibilité d’un no-deal par défaut, en l’absence de ratification d’un accord de sortie. La Première ministre a donc appelé ses députés à voter en urgence contre la motion du gouvernement fraîchement amendée par le vote précédent. Cela n’a pas suffit : le gouvernement a perdu ce second vote par une majorité beaucoup plus large (321 contre 278 voix). Les députés ont, par deux fois, rejeté le no-deal hier soir.
17 députés Conservateurs ont soutenu cet amendement dont la ministre du travail et des pensions, Sarah Newton, qui a démissionnée dans la foulée. D’autres ministres se sont abstenus : le ministre de l’énergie, le ministre de la défense, le ministre du commerce et le ministre des affaires étrangères.
La Première ministre Theresa May affirme qu’un report de la date du Brexit ne résoudra pas les problèmes auxquels le Royaume-Uni doit faire face : « l’Union européenne voudra savoir pourquoi nous souhaitons une extension : pour un nouvel accord, pour révoquer l’article 50 ou pour un référendum ? C’est la décision que doit prendre le Parlement britannique. »
Nouveau vote jeudi 14 mars
Les parlementaires britanniques se retrouveront ce soir pour se prononcer pour ou contre un report de la date de sortie de l’Union Européenne prévue. La motion du gouvernement propose le 20 mars comme nouvelle date butoir. La motion précise que si un accord est adopté d’ici le 20 mars, seule une extension courte et technique sera nécessaire et donc le report du Brexit pourra être demandé pour le 30 juin. Mais si aucun accord n’est adopté d’ici le 20 mars, un report beaucoup plus long sera sollicité.
Ce report plus long impliquera sans doute une réflexion plus poussée avec de nouvelles élections, l'organisation d'un nouveau référendum ou la révocation de l'article 50. Jeremy Corbyn, chef de l’opposition, se réjouit à la perspective d’une reprise du pouvoir par le Parlement. Quoiqu’il arrive, les Vingt-Sept devront donner leur accord à l'unanimité sur une demande de report qu’ils souhaitent dûment justifiée.