Elections législatives. Europe du nord. Quinze candidats se sont déclarés dans la troisième circonscription d'Europe du nord et briguent le mandat de député des Français établis hors de France. Qui sont-ils ? Que défendent-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Toutes les réponses ici grâce aux portraits des candidats dressés par la rédaction.
Pouvez-vous, en quelques lignes, vous présenter ?
Né en Alsace il y a bientôt 38 ans, j'ai donc presque le même âge que l'écologie politique française.
J'ai grandi dans une famille militant pour l'écologie et ce dès son apparition dans le paysage politique français dans les années 80. J'ai eu la chance d'être entouré dès mon plus jeune âge de pionniers de l'écologie tels que Solange Fernex et Antoine Waechter qui ont participé à la création des verts alors que je n'avais que 5 ans. Deux ans plus tard les deux catastrophes majeures d'Europe, Tchernobyl et Schweitzerhalle, nous rappelaient les dangers de certaines activités humaines et confirmaient l'importance d'écouter les écologistes qui avaient prédit des accidents. Voir tous ces poissons morts sur des kilomètres alors que je longeais les berges du Rhin peu après à l'incendie de Sandoz est une des images qui m'a le plus marqué. Adolescent, je participais volontiers aux campagnes électorales des Verts puis du MEI en allant coller les affiches ou en distribuant des tracts dans les villages alsaciens en sillonnant les routes vallonnées? en vélo !
Une fois un BTS en physique-chimie en poche j'ai quitté mon Alsace natale et je me suis installé en Haute-Savoie pour mon premier emploi. Après 11 ans passés dans cette magnifique région j'ai pris la décision en 2011 de m'expatrier au Danemark et je réside aujourd'hui dans la banlieue nord de Copenhague avec ma conjointe et nos 3 enfants âgés de 18 mois, 3 ans et 9 ans.
J'aime les forêts, les rivières, les lacs, les mers et les océans, observer les animaux sauvages dans leurs milieux, la paix, une nourriture fraîche et saine et les sociétés multiculturelles basées sur le respect et sur la tolérance, mais je vois notre monde se dégrader à grande vitesse, les grandes forêts reculer et laisser place à l'agriculture intensive, les océans pollués, les déserts avancer, les espèces disparaître, les guerres progresser, une nourriture sans saveur et empoisonnée produite par une industrie agro-alimentaire sans scrupules, la diminution des réserves d'eau potable, les migrations et leurs drames, l'augmentation des discriminations et du racisme? La liste est longue et tous ces malheurs semblent étroitement liés au commerce mondial et aux industries qui eux aussi ne cessent de croître puisant de plus en plus dans nos ressources et creusant les inégalités sociales.
Alors que les écologistes sont facilement qualifiés de pessimistes, hélas pour des raisons souvent valables, je suis de nature assez positive et je pense que tout peut changer et que les consciences peuvent se réveiller. Je vois autour de moi, sur les réseaux et même dans les médias, des personnes se posant les bonnes questions, partageant les valeurs de l'écologie et l'amour de la nature. L'écologie authentique doit faire un grand retour sur la scène politique française si nous souhaitons laisser un héritage aux générations futures. J'ai espoir que lors de ces élections législatives de 2017 le vote écologiste pèsera assez pour envoyer un signal fort à notre gouvernement et également renforcer le ministère de Nicolas Hulot.
Quel est votre ancrage local, résidez-vous ou avez-vous habité dans l'un des 10 pays de la circonscription ?
Vivant depuis quelques années à Copenhague j'ai participé à plusieurs collaborations en Norvège ainsi qu'en Suède et chaque fois que je me rends dans ces pays et je suis bluffé par la nature, les paysages et par le style de vie de mes collègues et amis Scandinaves. La qualité de vie élevée qui est associé à juste titre à ces pays m'inspire beaucoup et devrait inspirer de nombreux dirigeants. Je pense par exemple au congé paternel danois dont j'ai pu bénéficier et qui mériterait d'être essayé en France. En plus de créer des liens très forts entre le père et son enfant permet une meilleure répartition des tâches au sein du couple et contribue à améliorer l'harmonie du foyer.
J'ai également passé plusieurs séjours au Royaume-Uni, essentiellement en Ecosse où était basé un client ainsi que dans le Cheshire et à Londres, et j'avoue être moins convaincu par ce style de vie qui me rappelle plus les Etats-Unis que la Scandinavie.
Les îles Féroé et l'Islande sont des pays qui me fascinent également puisqu'on y trouve une nature encore intacte et préservée mais je n'ai jamais eu l'occasion de m'y rendre. L'Islande est en plus un modèle démocratique unique en son genre et en avance à mes yeux: des banquiers ont été envoyés en prison suite à la crise financière alors que dans d'autres pays d'Europe on les place encore aux plus hautes fonctions.
Quel mandat avez-vous actuellement? ou avez-vous eu ?
Je n'ai jamais exercé de mandat.
Vous êtes issu(e) de la société civile, dans quel secteur travaillez-vous ? Ou quel(s) métiers avez-vous exercé ?
J'ai travaillé essentiellement en laboratoire de R&D depuis 15 ans et suis spécialiste d'automatisation de laboratoire. Pendant une courte période j'ai été recruteur scientifique pour une agence de recrutement et chef de projet pour une compagnie produisant des instruments de laboratoire. Mon rôle actuel au DTU consiste à configurer, acheter, programmer et maintenir des équipements automatisés, pour différent types de recherches dans le domaine du développement durable, plus particulièrement pour ce qui concerne « l'après-pétrole ». Je permets aux chercheurs de miniaturiser et d'adapter leurs essais sur des instruments rendant possible la réalisation d'expériences à très haut débit et d'augmentant les chances de réussite pour par exemple découvrir de nouvelles familles d'antibiotiques.
Mon métier m'impose d'être à l'écoute et de bien comprendre les demandes et les problèmes de mes collègues. Puis afin d'apporter les solutions les plus efficaces, je dois être créatif, innovant, et être en constante veille technologique.
Ce métier me passionne car il me permet de développer mes connaissances à chaque nouveau projet et de participer au développement de technologies qui permettront peut-être aux générations futures de conserver certains conforts lorsque le pétrole cessera d'abonder, mais en attendant il est nécessaire continuer les efforts et de réduire notre consommation pour repousser cette date butoir au plus loin possible.
Quels sont les moteurs de votre candidature et raisons de votre engagement ?
J'ai suivi la campagne présidentielle depuis le Danemark et j'ai avant tout été très déçu par l'absence de candidature écologiste, une première depuis 1974, ce pour manque de parrainages. Et sur les onze candidats au premier tour seuls deux me semblaient écologiquement sincères, mais les questions environnementales n'ont pas été suffisamment posées lors des débats, pendant lesquels les candidats ont plus parlé de leurs affaires et de marques de leurs costumes que de leurs programmes, confortant l'écologie à la place de grande absente de cette élection présidentielle.
Je n'ai confiance ni en notre nouveau président ni en son gouvernement. Depuis sa prise de fonction, les signaux ne sont pas bons pour ce qui concerne les questions écologiques et sociales, qui semblent loin d'être les préoccupations majeures de notre élite. Même si l'illusion du renouveau et du « ni gauche, ni droite » semble réussie, et je crains que notre pays soit désormais aux mains de ceux qui font partie de ce système que notre ancien président François Hollande dénonçait et qualifiait de pire ennemi, sans nom et sans visage.
Je garde espoir que les électeurs ne soient pas dupes et ne donneront pas les pleins pouvoirs à ce gouvernement lors des élections législatives.
De plus, je ne veux pas que l'écologie authentique que j'ai vue naître en 1984 disparaisse au profit de l'écologie marketing. Lorsque j'ai décidé de m'investir personnellement et de me présenter dans notre circonscription, il était donc naturel pour moi de proposer à Antoine Waechter et au MEI de les représenter dans ma circonscription et de m'engager en portant des valeurs qui me sont chères et qui me semblent indispensables à une société saine.
Vous serez notamment l'élu(e) présent(e) pour accompagner le Brexit et la sortie du pays de l'EU. Sur quels relais, soutiens, réseaux pouvez-vous compter ici ?
La gestion du Brexit relève de la Commission européenne et le rôle des parlementaires sera uniquement de valider les conditions du divorce.
La Grande-Bretagne ne faisait pas partie de la zone Euro, ni de l'espace Schengen, et si des visas et des permis de travail deviennent nécessaire il y aura certainement des accords bilatéraux.
Le Brexit est peut-être même un mal pour un bien nous apportant l'opportunité de construire une politique plus indépendante des Etats Unis, notamment en ce qui concerne les affaires étrangères et la défense commune.
Elu(e) à l'assemblée nationale, ferez-vous partie de la majorité gouvernementale ou de l'opposition ?
Un député est élu pour voter les lois en fonction de ses convictions et du programme proposé aux électeurs et c'est ce que je ferai si je suis élu à l'assemblée nationale. J'accomplirai mon devoir sans avoir à suivre de recommandation du gouvernement, de l'opposition de gauche ou de l'opposition de droite. Je ne voterais pas les lois par stratégie mais par bon sens, et je ne me laisserai jamais influencer par des lobbies et autres groupes de pression. Je voterai contre toutes les lois qui ne respectent pas les principes fondamentaux écologistes et pour toutes celles qui feraient progresser le pays, la qualité de vie et la santé de ses habitants et bien sûr je serais de toutes les luttes pour tout ce qui concerne la protection des Français et de l'environnement.
Dans les 10 pays de la circonscription, pouvez-vous citer trois problématiques ou sujets particulièrement importants (hors Brexit) sur lesquels vous serez amené(e) à vous investir ?
Nucléaire :
Je suis inquiet de voir que malgré les 3 catastrophes nucléaires majeures de ces 40 dernières années, on puisse encore imaginer démarrer de nouvelles centrales nucléaire ou moderniser des centrales existantes, que ce soit en France ou ailleurs dans le monde.
En plus d'être dangereuse, cette énergie est bien plus chère qu'on veut nous le faire croire. Lorsque tous les coûts de démantèlement, de stockage du combustible et de traitement des déchets seront ajoutés à la facture d'électricité, les contribuables découvriront la supercherie. Il faut commencer par fermer, et sans plus attendre, la centrale de Fessenheim avant qu'un accident n'endommage toute la plaine du Rhin et affaiblisse non seulement la France, mais aussi l'Allemagne et la Suisse, et continuer à investir dans les énergies renouvelables tout en réduisant notre consommation et en luttant contre les gaspillages.
Alimentation :
J'ai vu comme tout le monde ces vidéos d'abattoirs qui ont circulé sur les réseaux sociaux et qui sont d'une horreur insurmontable. Il est intolérable que de telles pratiques puissent avoir lieu en France et en Europe. Je trouve intéressante l'idée danoise de créer un label pour les porcs élevés dans les conditions les meilleures (Bien-être de l'animal, hygiène, etc.) qui pousseraient à responsabiliser le consommateur ; Pourquoi ne pas appliquer une telle idée à tout type de viande et dans tous les pays d'Europe ? En plus de règlementer et de contrôler les élevages, les abattoirs et les transports d'animaux, il faut également apprendre à manger moins de viande et favoriser les circuits courts, consommer les produits de saison, lutter contre les gaspillages (légumes dits « moches », produits périmés jetés alors qu'ils sont encore consommables). Il est temps de reprendre le contrôle de notre système agro-alimentaire qui est aujourd'hui dans les mains de corporations qui ne montrent aucuns scrupules lorsqu'il s'agit de faire des profits. Les variétés anciennes et authentiques cultivées dans un jardin sont tellement meilleures que les hybrides cultivés hors sol transportés sur des centaines de kilomètres, gavés d'engrais et qui n'ont aucune saveur!
Santé et liberté du patient :
Alors que la Suède a jugé récemment la vaccination obligatoire comme étant anticonstitutionnelle, la France reste avec l'Italie l'un des seuls pays d'Europe à imposer trois vaccinations obligatoires, et on verra peut-être même le nombre de vaccins obligatoires passer à onze si le nouveau ministre de la santé en décide ainsi. Pourquoi la France irait elle dans la direction inverse des autres pays d'Europe ? Comme pour l'agro-alimentaire, il est temps de reprendre le contrôle de notre système de santé qui est aujourd'hui dans les mains de corporations ne montrent également aucuns scrupules lorsqu'il s'agit de faire des profits en jouant sur les craintes. Pendant encore combien de temps assisterons-nous impuissant à des scandales tels que le Mediator, la Dépakine, le Baycol, le Vioxx ou encore le Celebrex, pour ne citer que les plus connus ? Il faut revoir le système d'autorisation de mise sur le marché en toute urgence et être beaucoup plus stricte.
Pour conclure, 5 mots clés qui résument votre motivation et votre détermination.
Futur : La construction du futur est entre nos mains et il n'est pas trop tard pour corriger les erreurs faites par les générations précédentes. Nous pouvons et nous devons laisser à nos descendants un monde en meilleur état qu'il ne l'est aujourd'hui.
Nature : La nature est belle et bien conçue, mais elle est fragile et lorsqu'elle est dégradée l'homme est souvent responsable et victime. Il faut adapter nos comportements et réapprendre à respecter cette nature qui a tant à nous apporter.
Progrès : L'écologie n'est pas synonyme de retour à la bougie. Au contraire, c'est un bon en avant bénéfique pour toute la planète et toutes les espèces qui y cohabitent!
Santé : Il vaut mieux prévenir que guérir, principe de base dans la médecine traditionnelle chinoise, est une citation qui semble avoir été oublié. Les problèmes de santés sont trop souvent liés à des expositions à la pollution, au stress qui ne fait que croître.
Economie: Il faut économiser nos ressources et il est possible de le faire sans se priver. Il faut cesser de produire plus que nécessaire et éviter tous les gaspillages qui sont fait aujourd'hui, que l'on parle d'énergie, de nourriture, de temps ou d'argent. Enfin, il me paraît important de lutter également contre le fléau qu'est l'obsolescence programmée ; Il est indispensable que les fabricants se voient imposé l'obligation de règles plus strictes, de garanties plus longues et de qu'ils proposent des produits réparables plutôt que remplaçables dès la première panne afin d'être autorisés à les vendre aux consommateurs.
A Londres, Dublin et Stockholm, toutes les équipes du site LePetitJournal.com se mobilisent autour des Législatives de la 3e circonscription d'Europe du Nord. Suivez-nous et vivez en direct sur Facebook live les deux débats organisés dans la capitale britannique les 23 mai et 13 juin à 19h au King's College.
Consultez les portraits des autres candidats ici.
Antoine Engels (www.lepetitjournal.com/londres), le 1er juin 2017