Édition internationale

Manifestations anti-migrants: l’écho inquiétant du vieux slogan “Keep Britain White”

Depuis le début de l’été 2025, les manifestations anti-migrants font rage dans l’ensemble du Royaume-Uni. Portés par des mouvements d’extrême droite, les manifestants dénoncent un manque de sécurité et prônent le projet de “remigration”. La récente agression sexuelle sur mineure par un migrant à Epping semble avoir remis le feu aux poudres.

Depuis le début de l’été 2025, les manifestations anti-migrants font rage dans l’ensemble du Royaume-Uni.Depuis le début de l’été 2025, les manifestations anti-migrants font rage dans l’ensemble du Royaume-Uni.
Capture d'écran tirée de la vidéo de France 24 : "Royaume-Uni: manifestations anti-migrants, heurts et arrestations à Manchester"
Écrit par Perle Liardet
Publié le 8 septembre 2025, mis à jour le 9 septembre 2025

Cela fait maintenant deux mois que des manifestations anti-immigration déchirent le pays, notamment à Londres. Ces agitations s’inscrivent dans un contexte de crise migratoire. Ces dernières années, le pays a connu un record du nombre de demandeurs d’asile. Faute de structures d’accueil adaptées et suffisantes, le gouvernement est contraint d'accueillir les migrants dans des hôtels. En plus d’être une solution coûteuse pour le pays (estimée à 5 milliards d’euros par an), cette situation dérange particulièrement les sympathisants des partis d’extrême-droite et notamment de Reform UK, le parti de Nigel Farage. L’un d’eux, interrogé par France 24 déplore : “Nos hôtels sont remplis de migrants. Nous avons nos propres sans abris dans les rues (...) et nous logeons tous ces étrangers dans nos hôtels” 

 

L’agression sexuelle sur mineur qui a mis le feu aux poudres

 

Le 20 juillet dernier, Epping, dans le Nord de Londres, est devenu l’épicentre de toutes les manifestations depuis l’agression sexuelle d’une petite fille de 14 ans par Habush Kebatu, un migrant éthiopien de 41 ans. Selon les chiffres du Guardian, son arrestation a donné lieu à un rassemblement de près de 500 manifestants anti-immigration contre 700 contre-manifestants devant l’hôtel The Bell, qui l'hébergeait. Depuis, un climat anxiogène règne à Epping. Les écoles incitent les élèves, en particulier les filles, à être vigilants et les parents expriment leur inquiétude. 

Face à ce climat, est né le mouvement des “Pink Ladies”, des mères vêtues de rose qui affirment agir pour la pour la sécurité de leur enfant. Leur principale revendication : plus de transparence sur l’identité des migrants accueillis par l’hôtel The Bell à Epping. Lindsay Thompson, interrogée par Express clarifie “Nous ne sommes que des mamans normales, pas des racistes d’extrême droite”. Le port de leur tee-shirt rose sert justement à se distinguer du reste des manifestants. 


 

L’extrême droite capitalise sur les peurs malgré la baisse des arrivées

 

Slogans racistes décomplexés comme “Keep Britain white”, récupération de la symbolique du drapeau, propagande finement orchestrée … l’extrême droite britannique utilise des faits divers pour justifier ses politiques anti-immigration face à une supposée “menace”. Tom King, membre du parti d’extrême droite “Homeland party” interrogé par TF1 énonce clairement son projet de “rendre les rues libres” face à la “menace existentielle” que représentent les migrants. 

Pourtant, les chiffres montrent une autre réalité : à l’été 2023, 56 000 migrants étaient hébergés dans des hôtels, contre seulement 32 000 cet été. Les prises en charge ont diminué, mais pourtant le climat social s’est aggravé. Pour Florence Faucher, professeure de science politique à Sciences Po interrogée par Public Sénat, ce paradoxe s’explique par l’efficacité de la propagande de l’extrême droite. Selon elle, ces partis jouent sur l’idée que “les migrants seraient mieux traités que la population locale car hébergés dans des hôtels de luxe”.

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