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Le Parlement gallois est-il resté un exemple de parité ?

Le Parlement Gallois videLe Parlement Gallois vide
Wikimedia Commons
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 12 mai 2021, mis à jour le 12 mai 2021

Nous nous sommes intéressés à l’évolution suivie par le Parlement gallois, qui représente un exemple de parité depuis plusieurs années. Les dernières élections ont-elles corroboré cette bonne spirale ?

 

Le Pays de Galle : un modèle de parité parlementaire

Il convient de rappeler qu’au cours des dernières décennies, le Senedd (siège du Parlement gallois) avait maintes fois ouvert la voie à la féminisation politique, titillant même l’utopie de la parité parfaite. Et ce, sans qu’aucune loi ne l’exige. En 2016, là où la moyenne mondiale se situait à 23.3%, la délégation galloise se prévalait d’une présence féminine de 42%. Elle avait même grimpé jusqu’à 48% des suites de plusieurs remaniements. Plus incroyable encore, en 2003, le pays intronisait le premier parlement au monde égalitaire en genres. Des succès qui avaient été largement salués sur la scène internationale.

À l’issue de cette dernière élection, la part de femmes parlementaires est désormais de 43%. C’est plus qu’à Westminster, où les dernières élections générales avaient conféré ces responsabilités à 34% de femmes. Les deux prorata sont quoi qu’il en soit bien plus égalitaires que dans beaucoup de pays dits « développés ».
Ce 8 mai aura aussi permis d’apprécier l’élection de la parlementaire Natasha Ashgar, la conservatrice d’origine indienne. Elle est devenue la première galloise non-blanche à intégrer the House of Commons (chambre basse du parlement britannique), et le Parlement européen.

Le rôle majeur joué par le parti travailliste en terme de parité dans les élections 2021

Il ne faudrait pas négliger le rôle essentiel qu’ont joué les travaillistes pour préserver cette parité lors de ces dernières élections. En effet, seul le parti Labour, vainqueur de ces élections législatives, avait proposé une liste paritaire, et ses efforts ont payé : les travaillistes comptent désormais 17 femmes sur leurs 30 sièges victorieux. Autant dire que sans eux, l’égalité des sexes au parlement gallois aurait été grandement malmenée.
Une prise de position dont les autres partis auraient eu la bonne idée de s’en inspirer. À contrario, ils ne sont pas montrés très enclins à une telle avancée sociale. En comparaison, seulement 9 femmes parmi les 19 candidates du parti nationaliste Plaid Cymru l’étaient pour des circonscriptions dites « gagnables », et 3 sur 16 uniquement du côté des Tories.

En tout et pour tout, seulement 34%, de ces circonscriptions « gagnables » auront été convoitées par des femmes. Chwarae Teg, l’association caritative cardiffoise pour le développement économique féministe, avait déjà alerté de cette injustice dès février, et avait très pertinemment prédit le risque encouru pour la parité des élections du 8 mai.

Conséquence immédiate de ces calculs : la proportion des femmes dans l’institution a baissé de 5% depuis 2016, soit 3 femmes parlementaires de moins.

Un plafond de verre politique ?

Il ne serait pas à propos de prendre cette tendance à la légère puisque, depuis les prouesses de 2003, le nombre de femmes dans l’assemblée est à la baisse, au sein d’un pays qui s’était targué par le passé de vouloir atteindre un « gouvernement féministe ».

Par ailleurs, si le pays de Galles peut se féliciter de l’ascension de Natasha Ashgar, un tel succès ne saurait toutefois éclipser des retards certains. D’autant plus que l’élue s’est elle-même exprimée auprès de la BBC sur le manque de diversité affiché à Cardiff, qualifiant l’institution d’ « obsolète ».

Enfin, le réseau « Women’s Equality Network » s’inquiétait déjà en 2019 des efforts qu’il jugeait superficiels de la part des pouvoirs gallois. La fondation insistait sur la nécessité de maintenir cette parité, mais aussi de légiférer davantage sur des sujets comme l’égalité salariale ou les violences sexistes et sexuelles perpétrées sur les femmes.

Il semblerait donc légitime de prendre du recul concernant les efforts entrepris par cette nation, et d’espérer, comme Natasha Ashgar, que son élection sera source d’inspiration pour l’avenir.

Au Pays de Galles comme partout ailleurs, à quand un parlement réellement représentatif de la diversité humaine ?

 

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