Alors que les frappes israéliennes s’intensifient et que le gouvernement Netanyahu affiche sa volonté de reprendre le contrôle total de Gaza, le Royaume-Uni prend ses distances avec Israël. Londres, aux côtés de Paris et Ottawa, hausse le ton contre son allié historique, dénonçant une offensive “disproportionnée” et annonçant une possible révision de sa coopération avec Israël.


Face à l’intensification des frappes israéliennes à Gaza et à la volonté affichée par le gouvernement israélien de prendre le contrôle de l’ensemble du territoire, le Royaume-Uni a décidé de durcir le ton. La gravité de la crise humanitaire a fini par ébranler les réticences traditionnelles de Londres à critiquer ouvertement son allié historique.
Une déclaration conjointe inédite de Paris, Londres et Ottawa
Lundi 19 mai, les gouvernements britannique, français et canadien ont publié une déclaration commune, cosignée par Keir Starmer, Emmanuel Macron et Mark Carney. Ils y condamnent avec fermeté les opérations militaires menées par Israël dans la bande de Gaza.
Malgré leur alliance historique avec l’État hébreu, les trois pays affirment qu’ils ne resteront “pas les bras croisés” et se disent “déterminés à reconnaître un État palestinien”.
“Nous nous opposons fermement à l’expansion des opérations militaires israéliennes à Gaza. Les souffrances humaines y sont intolérables”, a déclaré Downing Street.
Les signataires menacent d’imposer des "mesures concrètes" si le gouvernement de Benjamin Netanyahu ne cesse pas immédiatement son offensive militaire “totalement disproportionnée”, et ne lève pas les restrictions imposées à l'aide humanitaire à Gaza.
Tout en réaffirmant le droit d’Israël de se “défendre” contre “le terrorisme”, ils appellent le Hamas “à libérer immédiatement les derniers otages qu’il retient si cruellement depuis le 7 octobre 2023”.
Nous nous opposons fermement à l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza. Le niveau de souffrance humaine est intolérable.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 19, 2025
Dans la perspective de la conférence du 18 juin à New York, nous devons tous travailler à la mise en œuvre de la solution à deux États.…
Une rupture verbale forte au Parlement britannique
Le lendemain, le mardi 20 mai, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a prononcé un discours particulièrement virulent à la Chambre des communes. Il y a annoncé “le réexamen de la coopération” bilatérale avec Israël, qualifiant la politique menée par le gouvernement Netanyahu de “dangereuse, répugnante et monstrueuse”.
"Cette guerre laisse une génération d'orphelins et de traumatisés, prêts à être recrutés par la Hamas", a-t-il déploré, avant d’ajouter solennellement : “Nous en appelons au gouvernement Netanyahu... l’Histoire vous jugera : bloquer l’aide, étendre la guerre. C’est indéfendable, et cela doit cesser. Premier ministre Netanyahu, mettez fin à ce blocus maintenant.”
David Lammy a également suspendu les négociations commerciales en cours avec Israël et annoncé de nouvelles sanctions ciblées contre les colons “extrémistes” en Cisjordanie. “Les violences commises ne peuvent pas rester sans réponse” : "Le gouvernement israélien a la responsabilité d'intervenir et de mettre fin à ces actions agressives. Son inaction constante met en péril les communautés palestiniennes et la solution des deux États", a-t-il insisté.
Today we have suspended negotiations with this Israeli government on a new free trade agreement.
— David Lammy (@DavidLammy) May 20, 2025
It is not possible to advance these discussions with a government that is pursuing egregious policies in the West Bank and Gaza.
My statement 👇🏿 pic.twitter.com/EGDfPAQ94i
Convocation de l’ambassadrice israélienne à Londres
Dans la foulée, l’ambassadrice israélienne au Royaume-Uni, Tzipi Hotovely, a été convoquée par le Foreign Office. Londres dénonce une offensive israélienne “moralement injustifiable, totalement disproportionnée et contre-productive” et exige désormais “un accès humanitaire sans entrave à Gaza”, sous peine de nouvelles sanctions.
L’appel à un cessez-le-feu immédiat de Keir Starmer
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a lui aussi haussé le ton devant le Parlement. Dénonçant les souffrances "tout à fait intolérables" infligées aux enfants de Gaza, il a déclaré : "Je tiens à faire savoir aujourd'hui que nous sommes horrifiés par l'escalade israélienne", tout en renouvelant son appel à un cessez-le-feu immédiat.
La réponse cinglante du gouvernement israélien
Le gouvernement israélien a vivement rejeté les critiques émises par ses alliés. Dans un communiqué publié lundi soir, Benjamin Netanyahu a dénoncé une position ”injustifiable et regrettable”.
“En demandant à Israël de mettre fin à une guerre défensive pour notre survie avant que les terroristes du Hamas à notre frontière ne soient détruits et en exigeant un État palestinien, les dirigeants de Londres, Ottawa et Paris offrent une immense récompense pour l’attaque génocidaire contre Israël du 7-Octobre, tout en encourageant de nouvelles atrocités de ce genre”, a-t-il fustigé.
Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a accusé Londres d’“obsession anti-israélienne”, minimisant la portée des annonces commerciales britanniques : “Les négociations sur l’accord de libre-échange n’étaient de toute façon pas avancées”, a-t-il ironisé.
By asking Israel to end a defensive war for our survival before Hamas terrorists on our border are destroyed and by demanding a Palestinian state, the leaders in London, Ottowa and Paris are offering a huge prize for the genocidal attack on Israel on October 7 while inviting more…
— Benjamin Netanyahu - בנימין נתניהו (@netanyahu) May 19, 2025
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