Uniformes et pas cadencé comme symboles d'amitié : la France et le Royaume-Uni, pour célébrer les 120 ans de l'Entente cordiale entre les deux pays, organisent lundi une relève croisée entre l'Elysée et Buckingham Palace.
Bonnets en poil d'ours, épées et pas cadencé: avec une inédite relève de la garde croisée entre l'Élysée et le palais de Buckingham, la France et le Royaume-Uni ont célébré lundi les 120 ans de l'Entente cordiale entre les deux pays.
Dans la foulée, le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Rishi Sunak ont, lors d'un entretien en visioconférence, "salué l'excellence des relations" franco-britanniques avant de balayer l'actualité de ces relations, dans la sécurité, la lutte contre l'immigration irrégulières et la pêche, et de rappeler leur ambition de "renforcer le soutien militaire" à l'Ukraine.
Signé en 1904, l'accord de l'Entente cordiale a permis d'améliorer les relations entre la France et le Royaume-Uni après les guerres napoléoniennes. Il est à ce jour considéré comme le fondement de l'alliance entre les deux membres de l'Otan, à l'amitié souvent tumulteuse.
Des Grenadiers de la maison royale britannique ont été associés lundi à 9H45 (07H45 GMT) au cérémonial de la relève de la garde dans la cour d'honneur du Palais de l'Élysée, en présence du chef de l'État et de l'ambassadrice du Royaume-Uni en France, Menna Rowlings.
Les 16 membres de la "Number 7 Company Coldstream Guards" de l'ambassade du Royaume-Uni, coiffés de leur traditionnel "bearskin", le haut bonnet en fourrure, ont pris part à la relève de leurs homologues français de deux sections du 1er Régiment d'infanterie.
Le Chœur de l'armée française a ensuite entonné les deux hymnes, God Save the King et La Marseillaise.
"C'est la première fois dans l'histoire de l'Élysée qu'une troupe étrangère est invitée à participer à ce rituel militaire", souligne la présidence française.
A Buckingham, c'est aussi la première fois qu'un pays non membre du Commonwealth, organisation qui comprend principalement d'anciennes colonies et possessions britanniques anglophones, a pris part à la relève de la garde.
Devant le palais du roi Charles III, les deux hymnes ont retenti. Les Grenadiers de la maison royale ont, de plus, joué la Marche "L'Entente cordiale", composée il y a plus de 100 ans par Gabriel Allier pour célébrer l'accord entre les deux pays.
- "Liens historiques" -
Au total, 32 membres de la Garde Républicaine de la Gendarmerie française et 40 membres des "Scots Guards" ont pris place devant le palais de Buckingham.
Le duc et la duchesse d'Édimbourg - le prince Edward, qui est le plus jeune frère du roi, et son épouse Sophie - accompagnés de l'ambassadrice de France au Royaume-Uni, Hélène Duchêne, ont inspecté les troupes françaises et britanniques, en présence du chef d'état-major britannique, le général Patrick Sanders, et de son homologue français, le général Pierre Schill.
Au centre du parvis, les chefs d'escadron des deux troupes se sont serré la main, symbolisant l'Entente cordiale.
"Alors que le Brexit a été voté puis mis en œuvre, alors (...) que la guerre revient et que nos défis sont immenses, cette entente cordiale est en quelque sorte le socle si vieux, mais si pertinent, dans notre actualité qui nous permet de tenir la relation bilatérale", avait déclaré Emmanuel Macron dans une vidéo postée sur X plus tôt dans la journée.
"La France et le Royaume-Uni (...) ont su construire une relation bilatérale forte, fondée sur un même idéal démocratique, sur une adhésion commune au multilatéralisme et sur une vision partagée de nos responsabilités et de nos intérêts stratégiques", a rappelé M. Macron.
"Ce grand partenariat nous rend tous plus sûrs et plus forts", a salué le ministre de la Défense britannique Grant Shapps. Le Royaume-Uni et la France "continueront de s'attaquer aux défis posés par un monde plus dangereux".
La signature de l'Entente cordiale le 8 avril 1904, pour régler des contentieux coloniaux, est largement considérée comme préparant le terrain à l'union de la France et de la Grande-Bretagne contre l'Allemagne lors de la Première Guerre mondiale.
Par extension, elle est souvent le nom donné aux relations franco-britanniques, régulièrement marquées par des antagonismes et des tensions.
Fin 2023, Emmanuel Macron a rendu à nouveau publique, les premiers mardis de chaque mois, la relève de la Garde républicaine devant l'Élysée. Celle-ci est toutefois bien moins spectaculaire que celle devant le palais royal de Londres.