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LONDRES ET SES SECRETS - Chapitre 1 : les étoiles de Soho

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 janvier 2018

 

Deux semaines plus tôt, lepetitjournal.com de Londres décidait d'explorer les entrailles de la capitale, pour vous en dévoiler ses moindres secrets. Une introduction plus tard, nous avons fait le chemin jusqu'à Soho, où se pose le décor de cet épisode. Voici donc le premier chapitre de notre nouvelle série sur Londres et ses secrets.

(source photo: Dezo Hoffman/Rex Features)

Point de départ : la station abandonnée de British Museum

Commençons cette histoire en souterrain, pour ensuite remonter à la surface. Vous connaissez sûrement dans les moindres détails le métro londonien qui, comme nous l'avons vu dans un précédent article, a ouvert ses portes en 1863. Et en 150 ans, on a tout le temps de jouer au va et vient des stations, aux ouvertures, déplacements ou fermetures. Il n'est donc pas étrange qu'il existe des stations fantômes, comme on les appelle aujourd'hui. 40 pour être plus précis. Certaines n'ont jamais été ouvertes, d'autres n'ont pas été utilisées fort longtemps. A l'occasion, vous pourrez sans doute visiter la station d'Aldwych, ouverte aux visiteurs une fois par an. A condition de faire partie des heureux élus ayant réussi à obtenir un ticket.

Puisqu'on parle de métro, saviez vous que le célèbre Mind the gap (between the train and the platform, refrain entrainant qui vous trotte dans la tête) a fait son avant première en 1968, sur la Northern Line ? Ou, par exemple, que toutes les lignes n'utilisent pas la même voix, ou les mêmes textes ? Si Peter Lodge est à l'origine du Mind the Gap, Oswald Lawrence a aussi été, pendant 40 ans, la voix qui avertissait quotidiennement une grande partie des Londoniens, avant d'être remplacé. Jusqu'à ce qu'après sa mort, sa veuve demande à Transport for London de réhabiliter la voix de son ancien mari, afin qu'elle puisse l'entendre à nouveau. Une demande touchante, qui motiva TFL à rediffuser cette annonce à la station Embankment, où cette femme réside toujours.

Partons donc d'une de ces stations fantômes : British Museum, tiens. Coincée entre Tottenham Court Road et Holborn, cette station fermée en 1933 devait initialement s'appeler Bloomsbury. Elle fut brièvement utilisée dans les années 60 comme bureau militaire, avant que le bâtiment extérieur soit détruit en 1989. Même s'il n'est plus possible d'y accéder, elle fait partie intégrante de l'histoire de Soho, où nous nous trouvons donc. Sortons du souterrain. 

(la station British Museum. Photo par Gordon Joly)

Bienvenue à Soho, un quartier qui a connu l'Histoire

La première chose à savoir sur Soho, c'est la particularité de son nom. Il trouve ses origines dans les parties de chasse à courre qui y prenaient place, à l'époque du roi Henri VIII. Pour regrouper les chasseurs à la poursuite du gibier, on criait simplement "So Hoe ! So Hoe !". Surprenant, n'est ce pas ?

Comme son nom le prouve, Soho est un lieu bourré d'histoire, et fut le théâtre de grands événements et personnages chers à la communauté française. Premier symbole, l'Ambassade Française, qui se situait il y a fort longtemps sur Soho Square - ont notamment été ambassadeurs Talleyrand-Périgord et le Duc Victor de Broglie, deux présidents du Conseil des Ministres, respectivement sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, mais aussi Chateaubriand. Parlons-en, tiens. Dans son ouvrage Londres, balades au fil des ombres, Eric Simon retrace d'une superbe plume la longue liste des français qui ont foulé les sentiers de Soho. François-René de Chateaubriand, l'auteur des Mémoires d'outre-tombe, y trouva donc l'exil au coeur de la Révolution Française en 1793, après avoir été blessé à la jambe. Il quittera le pays en 1800, avant de revenir en Angleterre en tant qu'ambassadeur français, en 1822. Quittons un peu le cercle de l'Ambassade, pour découvrir qu'à la chute de la Commune de Paris en mai 1871, Verlaine et Rimbaud "partageaient une chambre sur Fifth Street", toujours d'après l'auteur. Jules Vallès, dans une mauvaise période, y posa ses valises pour écrire La Rue à Londres, tandis que plusieurs générations plus tard, Michel Polnareff enregistrait La poupée qui fait non à quelques rues de là, au studio Southern Music.

 

(Le pub The French House. Photo DR)

Et comment parler de l'histoire française de Soho sans évoquer The French House ? Là où, selon la légende, au premier étage, Charles de Gaulle écrivit son fameux Appel (avec un grand A), avant qu'il soit diffusé à l'aube du 18 juin 1940, sur les ondes de la BBC. Ce pub situé sur Dean Street, fut "le grand rendez vous de la France combattante", à l'époque où la Résistance officiait de Londres. On notera même qu'Edith Piaf y fredonna quelques notes. Aujourd'hui, la longue histoire de ce lieu est contée sur ses murs, où les photos témoignent (presque) mieux que les mots.

Laissons de côté la communauté frenchy pour citer, de manière non exhaustive, les événements cachés qui ont fait la renommée du coin. Sur Denmark Street, on fêtait la musique : le chanteur des Kinks a d'ailleurs composé le morceau Denmark Street, qui "rend hommage à tous ces jeunes musiciens qui désespèrent d'enregistrer un disque". Bob Dylan se produisit dans cette rue, David Bowie tenta d'y faire ses débuts. Sur Dean Street, au dessus du luxueux restaurant Quo-Vadis, Karl Marx aurait écrit Le Capital. Aujourd'hui, vous pouvez même y déguster des merveilles dans la salle Marx. Joli paradoxe ! Il finira ses jours à Londres, et est aujourd'hui enterré au cimetière d'Highgate, au nord de la capitale.

Un fantôme, deux fantômes... et puis s'en vont

Ce parcours a donc commencé par un fantôme, et se terminera de la même façon. Soho laisse entrevoir ses mystères, mais il y en a tant d'autres à découvrir, rien que dans ce quartier. Dans deux semaines, cette série trouvera un nouveau port d'attache, un nouvel angle, ou un nouveau mystère à découvrir. La question est alors : lequel ? Patience. 

Cindy Jaury (www.lepetitjournal.com/londres) jeudi 6 mars 2014

lepetitjournal.com londres
Publié le 5 mars 2014, mis à jour le 6 janvier 2018
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