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Delaporte /De La Patellière : “Le Comte de Monte-Cristo aura une carrière mondiale !”

Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, les réalisateurs du Comte de Monte-Cristo, ont accordé une interview exclusive au micro du site lepetitjournal.com. Après avoir explosé les scores au box-office, ils nous dévoilent l’envers du décor de ce fabuleux récit. Scènes coup de cœur, rôle de Pierre Niney, et attentes à l’international : les deux cinéastes révèlent tous les secrets autour d’Edmond Dantès…

comte de monte cristo comte de monte cristo
Écrit par Ewan Petris
Publié le 5 septembre 2024, mis à jour le 5 septembre 2024

C'est le film qui a marqué l'année 2024 dans les cinémas français : Le Comte de Monte-Cristo. Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte - deux réalisateurs déjà familiers des adaptations historiques - se sont associés à la star Pierre Niney pour offrir une nouvelle vie à Edmond Dantès.

Pour la première fois, le navire du Comte a traversé la Manche et a fait escale, le 28 août 2024, à l'Institut Français du Royaume-Uni à Londres. Avant cette première projection, nos équipes ont eu l'opportunité de leur poser quelques questions !

 

Alexandre de la patellière et Matthieu delaporte 2
Alexandre de La Patellière (gauche) et Matthieu Delaporte (droite)

 

Comment avez-vous réussi à rendre Le Comte de Monte-Cristo, une œuvre complexe et dense, aussi légère et accessible à tout le monde ?

 

Alexandre de La Patellière : Le Comte de Monte-Cristo est avant tout une excellente histoire. Bien que l'intrigue se déroule au XIXᵉ siècle dans le roman, elle reste intemporelle. Elle raconte l'histoire d'un jeune homme innocent à qui l'on arrache tout : son avenir, la femme qu'il aime... Victime d'une terrible injustice, il revient pour se venger. Il s’agit là d’une histoire qui pourrait tout aussi bien se situer de nos jours, à Londres ou à Paris. Ensuite, cette œuvre a un don : faire ressentir aux spectateurs ce qu’éprouvent les personnages. “Le travail” du cinéma est d’adapter un très long roman en 3 heures de film. Donc, tu es obligé de tracer des lignes pour vraiment traiter ce qui te semble essentiel. 

 

Matthieu Delaporte : Nous ne voulions pas nous perdre dans des sous-intrigues. Nous voulions rester concentrés sur un certain nombre de personnages pour rendre la ligne directrice la plus claire possible et permettre au spectateur de rester immergé pendant 3 heures, dans un rythme soutenu. La deuxième partie du livre est particulièrement dense, complexe, et nous pouvons nous y perdre. Nous avons choisi de vivre le film du point de vue d’Edmond Dantès, en simplifiant au maximum le reste et en réduisant le nombre de personnages pour placer l’enjeu sur quelques-uns seulement.


 

Le 28 août 2024, Le Comte de Monte Cristo est diffusé pour la première fois au Royaume-Uni, notamment à l’Institut français. Il était important pour vous de venir ici ?

 

Alexandre de La Patellière : C’est toujours important. Nous sommes dans un moment très agréable de nos vies, particulièrement par rapport au film qui a un succès gigantesque en France, avec 7,4 millions d’entrées à l’heure actuelle. Nous devrions dépasser les 8 millions rapidement.

 

Depuis que le film a été présenté à Cannes, tout s’est enchaîné de manière exceptionnelle, ce qui est rare pour des metteurs en scène. Aller à l’étranger a toujours été très important pour nous.

 

Et puis, cela reste tout simplement un plaisir, à vrai dire. Voir l’affiche écrite avec "The Count of Monte Cristo" et se dire que des gens avec une autre langue et une autre culture vont découvrir le film est génial. 

 

Matthieu Delaporte : Nous sommes impatients de discuter avec les différents publics. La ville de Londres est particulière pour nous, car il y a pas mal de Français et de francophiles. Nous avons plein d’amis ici, qui nous ont demandé quand le film sortirait à Londres, voilà chose faite !


 

Alexandre de la patellière et Matthieu delaporte 3

 

Est-ce que vous auriez pu imaginer un tel succès avec ce film ?

 

Matthieu Delaporte : Nous avions déjà écrit Les Trois Mousquetaires, qui avait fait 3,5 millions d’entrées. Le Comte de Monte-Cristo n’est pas une comédie, au contraire, il s’agit d’un film complexe et surtout long. C’était un pari, financier et industriel extrêmement important à relever. 

 

Alexandre de La Patellière : Il s’agit du plus gros film français en termes de budget de l’année 2024. Quand des gens te font confiance et te donnent les clés, tu ne peux qu’espérer que ça marche. Actuellement, nous sommes dans une situation rare où tout se passe bien, ce qui est très heureux pour tout le monde.


 

Est-ce que vous voyez Le Comte de Monte-Cristo s’exporter à l’international ?

 

Alexandre de La Patellière : Le film aura une carrière internationale, je pense. L’histoire est universelle, mais il y a toujours la barrière de la langue. Il est difficile de savoir à l’avance si ta proposition va rencontrer un désir dans tel ou tel pays. Mais la réaction de la presse internationale à Cannes a été très positive, ce qui est un bon indicateur. Maintenant, le film va être distribué dans beaucoup de territoires, et on espère qu’il touchera un public large.


 

Quelle a été la scène la plus compliquée à réaliser ?

 

Matthieu Delaporte : Il y a deux types de complications. D’abord, il y a les scènes naturellement compliquées, comme tourner sur un bateau ou avec des animaux.

 

Il est dit que l’enfer du metteur en scène, ce sont les 3B : bébés, bateaux, bêtes. Et notre équipe avait les trois.

 

Mais parfois, les scènes les plus simples sur le papier sont les plus complexes, comme la scène du dîner, qui demande de trouver le juste équilibre entre la comédie noire, la peur, et l’émotion.


 

D’ailleurs, Pierre Niney joue un rôle beaucoup plus sombre qu’à l’accoutumée. Comment s’est passé le tournage avec lui ?

 

Alexandre de La Patellière : Le tournage avec Pierre a été très facile. Nous avions envie de travailler ensemble, et il a pris ce rôle très à cœur. C’est un acteur extrêmement disponible et investi. Il a travaillé 17 semaines sur 18, souvent dans des conditions exigeantes, mais il a toujours gardé sa passion et son enthousiasme. 

 

Matthieu Delaporte : Il était là tous les jours. Selon les plans à tourner, le matin il pouvait avoir 20 ans, et l'après midi il en avait 40. Il est extrêmement professionnel, mais garde sa part d'enfance intacte. Il adore jouer et insuffle cette envie aux autres. Nous nous sommes rendus compte que nous avions le même rapport aux choses, au moment du tournage.

 

Pierre était comme un leader, un capitaine, pour les acteurs, car il est très généreux et aime ce qu'il fait. Il s'est entraîné à faire de l'apnée, à l'escrime…

 

Sur le plan physique, il est passé du tout au tout, quitte à perdre énormément de poids et à en reprendre dans les mois qui suivent.


 

La diversité des lieux dans le film est frappante. Est-ce que cela a été compliqué à gérer avec les acteurs ?

 

Alexandre de La Patellière : Ce qui est compliqué avec ce genre de film est la préparation. Nous avons eu une préparation très longue avec Mathieu qui a duré quasiment dix mois et notre équipe géniale (Stéphane Taillasson, chef décorateur, Thierry de Lettres aux costumes et Nicolas Bolduc, chef opérateur, directeur de la photographie) a sillonné la France, pour trouver des décors. À la fin, nous nous sommes retrouvées avec une diversité folle. Pour donner un exemple assez parlant, le Château de Monte-Cristo, représente quasiment 6 lieux en lui-même. L'extérieur n'a pas la même atmosphère que l'intérieur. En passant une porte, tu fais 600 kilomètres

 

Matthieu Delaporte : Créer une cohérence au sein de tous ces lieux, était important. Nous avons beaucoup “souffert”, pendant la préparation, mais c'était pour nous permettre d’avoir cette multitude de décors. Après les projections, les gens nous parlent souvent de musique, de paysages, de costumes… Ce qui est assez rare. Cela fait aussi partie du voyage, de l'aventure de vivre un grand film, comme nous n’en faisons plus tant que ça en ce moment. 


 

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La Q&A à l'Institut Français du Royaume-Uni !

 

Revenons sur Lord Halifax, le porte drapeau des British au cœur du récit.  Les Britanniques pourront-ils se reconnaître dans ce personnage ?

 

Alexandre de La Patellière : Il s’agit effectivement d’une caricature, mais nous avons travaillé avec Pierre pour que le personnage d’Halifax soit crédible, et je suis curieux de voir comment les Britanniques vont réagir à sa performance. Pour la petite anecdote, les gens doutent parfois du fait que ce soit Pierre Niney, lui-même, derrière le personnage. Il s’agit bien de lui et de sa voix. Il a fait un travail extraordinaire avec un anglais parfait, en une seule prise.


 

Quelle est votre scène préférée ? 

 

Les deux réalisateurs : Nous avons tellement aimé ce tournage que c’est difficile à dire, mais la scène du bateau est celle qui nous vient tout de suite en tête.

 

C’est un rêve d’enfant de tourner une telle scène, avec des acteurs habillés en pirates sur un trois-mâts, en pleine mer.

 

Qu’est-ce qu’on peut souhaiter au Comte de Monte-Cristo ?

 

Les deux réalisateurs : Eh bien, une longue vie, dans le monde entier ! Le film part en voyage à la fin, et j’aimerais qu’il continue ce voyage à travers le monde entier, ce serait merveilleux.


 

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