Expatrié au Royaume-Uni, Pierre-Emmanuel Largeron, 26 ans, se voit décerner le Trophée « Jeune espoir » des Français de l'étranger. Créés par le Lepetitjournal.com, ces prix récompensent des projets exceptionnels ou des engagements forts de Français hors de l'Hexagone et mettent en lumière la diversité de ces aventures humaines. Voici le parcours de ce jeune violoniste et prodige.
Sa carrière, une partition écrite dès son plus jeune âge
Dès l'âge de 2 ans, Pierre-Emmanuel Largeron exprime le désir de jouer du violon et d'en faire son métier. « Il n'y avait aucun instrument de musique particulier à la maison, mais je me souviens avoir été fasciné par la forme de ces instruments pendus dans la vitrine d'un luthier de Grenoble. Je pense que j'associais déjà le son particulier du violon à ces courbes et volutes baroques, vues dans cette devanture ». A 3 ans, Pierre-Emmanuel Largeron intègre l'académie Vivaldi à Grenoble. 4 ans plus tard, il rejoint le conservatoire de Nice, puis celui de Paris. Avec un premier récital « sous le signe des cultures étrangères », il obtient en 2007 le 1er prix de violon, en même temps que son diplôme d'études musicales (DEM), dès l'âge de 16 ans. Fort de ces succès et désireux d'élargir ses horizons, Pierre-Emmanuel part à 18 ans en Angleterre, afin de se perfectionner auprès du grand violoniste franco-vénézuélien Maurice Hasson. « Ici, la relation professeur-élève est de l'ordre du partenariat ; en France, je dirais que le sentiment de hiérarchie est plus présent ». Il décroche un Master en Arts de l'Université de Londres, ainsi qu'un diplôme d'honneur avec la plus haute mention de la Royal Academy of Music.
Les technologies ou l'exploration de nouvelles pistes de création musicale
Après une année passée à jouer en Angleterre, en Italie, au Canada, au Japon, à Singapour et en France, Pierre-Emmanuel décide d'entamer un doctorat en musique assistée par ordinateur à l'université de Plymouth, au Royaume-Uni. « Plus qu'une étape, cette recherche constitue un "maillon" de ma future carrière. En tant que violoniste et chef d'orchestre, cette expérience m'apporte une palette sonore plus large et une compréhension profonde des mécanismes de création les plus récents, couvrant cinq siècles de musique jusqu'à nos jours ».
Une double casquette d'instrumentiste et de chef d'orchestre
La direction d'orchestre, le jeune musicien y aspire également depuis tout jeune. « Je battais la mesure en rythme à l'âge de quelques jours sur la Petite musique de nuit de Mozart, qu'on m'a fait écouter régulièrement pendant les neuf mois de grossesse de ma mère ». Mais avant de passer de l'autre côté du pupitre, il lui fallait d'abord être un instrumentiste accompli. « Mon expérience de violoniste concertiste est un acquis indispensable dans la direction d'orchestre. Il est plus facile de diriger des musiciens quand on a soi-même déjà joué l'?uvre ». Pierre-Emmanuel délaisse parfois son archet pour la baguette : il a ainsi dirigé ou plutôt « collaboré », comme il préfère le dire, avec le Berlin Sinfonietta en décembre dernier ou encore le Ten Tors Orchestra en Grande-Bretagne.
« L'expression musicale au service des autres »
Pour ce jeune violoniste, la portée de la musique peut dépasser le simple plaisir artistique. Et c'est pourquoi il a mis son archet au service de causes humanitaires. « Dès mes 5 ans, avec l'Académie Vivaldi de Grenoble, j'ai participé à des concerts au sein d'un hôpital pour les enfants malades. C'était le premier pas pour moi dans l'expression musicale au service des autres... J'ai donc réalisé très tôt que ma musique pouvait apporter un mieux-être concret, dépassant la pure dimension artistique ». En 2011, Pierre-Emmanuel contribue à la levée de fonds de 20.000? pour aider les victimes du Tsunami à Fukushima. Il participe également à un concert de clôture à Londres de la campagne « End Polio Now » du Rotary International, ainsi que d'autres pour bâtir des écoles au Sri-Lanka ou au profit de « London Air Ambulance », pour les accidentés de la route. « Ces actions ajoutent une valeur humaniste essentielle à mon activité de concertiste et j'espère que ma plus belle réussite dans ce domaine est encore à venir ».
Le Trophée des Français de l'étranger, « une belle reconnaissance de mon parcours de Français expatrié »
Le jeune musicien a déjà reçu de nombreux prix et bourses au mérite, témoins de son succès et de son travail acharné. « Ce Trophée, remis par Le Monde, Courrier Expat' et Lepetitjournal.com est aussi une satisfaction pour les personnes qui m'ont soutenu et encouragé dans cette voie », explique-t-il. « C'est enfin une belle manière de fédérer la communauté française de l'étranger ». Infatigable, le jeune homme participe d'ailleurs à l'organisation de la première ?Journée de la Francophonie? à Plymouth, le 20 mars 2017. Elle se tiendra à l'Université, en lien avec des professeurs et le consul honoraire de France à Plymouth, Mr A.Sibiril. « Il s'agit de sensibiliser un public local, jeune et universitaire à la portée de la langue française à travers le monde et sur les avantages culturels, professionnels et personnels de sa pratique » conclut notre « Jeune Espoir », un titre sans nul doute bien mérité. A suivre donc !
Antoine Engels et Angélica Tarnowska (www.lepetitjournal.com/londres), le 8 mars 2017.