Le Covid-19 frappe l'Europe avec une force incroyable, n'épargnant pas le Portugal qui vient officiellement de déclarer l'état d'urgence, le 18 mars. Le point sur la situation.
Rappel des faits
Les premiers cas de Covid-19 ont été déclarés en Chine, son foyer d'origine, en décembre 2019, sur le marché de gros aux poissons de Huanan, situé dans la ville de Wuhan à 850 kilomètres à l'ouest de Shanghai. Début février, des travaux effectués par une équipe scientifique chinoise indiquaient que l'origine du virus serait animale. Ce serait possiblement le pangolin (consommé en Chine) qui aurait été le principal vecteur d'apparition et de transmission de la maladie. En trois mois, la propagation du virus s'est étendue à tous les continents, frappant durement l'Europe devenue « l'épicentre de la pandémie » selon les mots de Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). De fait la pandémie qui commence à peine sa décrue en Chine (aucun nouveau cas enregistré ces dernières 24h), s'est étendue dans le reste du monde et particulièrement sur le continent européen qui concentre désormais 37,8 % des cas cumulés enregistrés au niveau mondial depuis le début de l'épidémie. Alors que la France compte 10 995 cas confirmés le 19 mars (soit 1 861 de plus que la veille) et 372 décès, c'est l'hécatombe en Italie qui a enregistré un record de décès de 475 personnes ce18 mars. Dans le monde, on s'approche quasiment des 215.000 cas confirmés (Chine comprise) et 8 843 décès. Au Portugal, le premier cas de coronavirus a été détecté tardivement, le 2 mars, et le premier décès (quatre liés au virus à ce jour) a été enregistré le lundi16 mars. On compte pour l'instant 785 cas confirmés. La propagation se fait particulièrement rapidement et le système de santé portugais prend toutes les mesures possibles pour faire face à ce poison des temps modernes.
L'état d'urgence au Portugal
Le Président de la république Marcelo Rebelo de Sousa a déclaré mercredi 18 mars l'état d'urgence au Portugal. Cette mesure représente une restriction à la liberté de mouvement des citoyens, le but étant de freiner la progression de la pandémie de coronavirus, en favorisant la distanciation sociale et minimisant les risques de transmission d'une personne à l'autre. « Il ne s'agit pas d'une interruption de la démocratie. Mais c'est la démocratie qui tente d'empêcher une interruption irréparable de la vie des gens », a expliqué le Président lors de l'allocution télévisée du 18 mars pour justifier cette décision – inédite depuis l'avènement de la démocratie en 1974 - . De nouvelles mesures ont été annoncée à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire ce jeudi 19, et notamment des restrictions concrètes relatives à la liberté de circulation sur les voies publiques, la réquisition d'entreprises et salariés du public ou du privé pour maintenir le pays en fonctionnement ou encore la restrictions de la liberté de culte qui pourrait être imposée. L'état d'urgence ne peut être déclaré que pour 15 jours renouvelables, mais le Premier ministre Antonio Costa a prévenu qu'il pourrait en réalité durer plusieurs mois.
Tourisme mondial en quarantaine
Même s'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact à long terme de le Covid-19, le secteur du tourisme est d´ores et déjà touché de plein fouet par l'épidémie, comme le confirme l'annulation récente du salon du tourisme -BTL- à Lisbonne et ailleurs. Le nombre de touristes dans le monde devrait baisser de 3% en 2020 selon les premières estimations de l'Organisation mondiale du tourisme, ce qui devrait se traduire par une perte estimée entre 30 à 50 milliards de dollars en dépenses de touristes. Ces pertes vont évidemment toucher toutes les strates de l’industrie du tourisme, les petits commerçants locaux y compris les compagnies aériennes. La compagnie low cost d'Air France, Transavia, a fait savoir mercredi 18 mars qu'elle suspendait tous ses vols au départ ou à destination de la France à compter du 21 mars et jusqu'au 19 avril. Cette compagnie est l'une des plus empruntées par les touristes Français pour se rendre au Portugal.
Frontières fermées
En Europe, les frontières ferment les unes après les autres pour tenter d'endiguer l'épidémie. Le 16 mars Emmanuel Macron annonçait que l'Union européenne fermait les frontières de l'espace Schengen pour une période de 30 jours. La liste des pays fermant leurs frontières s'allonge de jour en jour. Plusieurs pays ont annoncé la fermeture totale aux voyageurs étrangers comme la Pologne, la Lituanie, le Danemark, la Slovaquie, Chypre et la République Tchèque. Dans cette course contre la montre, le Portugal s'est aligné sur ces voisins européens et a fermé non seulement tous les lieux publics (établissements scolaires, bibliothèques, musées...) mais également ses frontières avec l'Espagne, le deuxième pays le plus touché d'Europe, avec 830 morts, 17 963 cas diagnostiqués. Les Premiers ministres portugais et espagnol se sont concertés par visioconférence le dimanche 15 pour se coordonner et établir des règles circulatoires. Les deux pays voisins ont décidé d'établir des points de passage possibles pour les travailleurs et pour le transport des marchandises, dont le Portugal dépend pour son approvisionnement alimentaire notamment. Seuls les citoyens portugais, les résidents effectifs au Portugal, les travailleurs transfrontaliers, le personnel diplomatique et les cas de forces majeures, ainsi que les camions de marchandises, pourront entrer dans le pays.
Mesure de protection pour tous
L'Organisation mondiale de la santé préconise des gestes simples pour éviter la propagation du virus :
- se laver les mains régulièrement avec une solution hydroalcoolique ou à l'eau et au savon
- le maintient d'une distance d'au moins un mètre avec les autres personnes qui toussent ou qui éternuent (le virus se transmettant par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu'une personne tousse ou éternue). Plus drastiquement, la « distanciation sociale » qui consiste simplement à s'isoler au maximum et à rester chez soi, est désormais une mesure imposée par l'état d'urgence.
- Éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche.
- En cas de toux ou d'éternuement, il faut se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude, ou avec un mouchoir et jeter le mouchoir immédiatement après.
- Si des symptômes apparaissent, même bénins (maux de tête, légère fièvre, écoulement nasal modéré), restez chez soi jusqu'à la guérison et portez un masque pour éviter d'infecter d'autres personnes.
Parmi les choses à ne pas faire et qui peuvent même être dangereuses :
- Fumer
- Porter plusieurs masques à la fois (L'OMS recommande de faire un usage rationnel des masques médicaux afin d'éviter le gaspillage de ressources précieuses et l´utilisation abusive de ceux-ci étant donné la pénurie mondiale de masques).
- Prendre des antibiotiques. Seule le paracétamol est pour l'instant recommandé pour soulager les symptômes possibles comme la fièvre, des courbatures ou des maux de tête.
Si cette pandémie est réellement inquiétante, il faut rappeler que la majorité des cas sont bénins et que des centaines de personnes guérissent chaque jour de la Covid-19. Tandis qu'un Institut flamand de recherche en biotechnologie (VIB) a annoncé avoir développé un anticorps capable de neutraliser le virus, les États-Unis en sont déjà à faire des premiers tests de vaccin. Plusieurs vaccins devraient également entrer en phase d'essais cliniques dans les plus brefs délais en Chine, ont déclaré cette semaine des responsables lors d'une conférence de presse. L'OMS recommande surtout de rester informé de l'avancée des mesures prises par les autorités de santé publique nationales et locales. En attendant, restez à la maison.
Le gouvernement portugais vient de mettre en ligne une plateforme citoyenne avec toutes les réponses aux questions concernant le virus et la documentation nécessaire au bon déroulement des prochaines semaines : https://covid19estamoson.gov.pt/
En cas de symptômes appelez le SNS 24 : +351 808 24 24 24
Autres informations sur le site de l´Ambassade de France au Portugal