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Le Quinquina, symbole de la flore péruvienne

Le Quinquina, symbole de la flore péruvienneLe Quinquina, symbole de la flore péruvienne
© GFLOR - MUCEN
Écrit par Le Petit Journal LIMA
Publié le 8 juillet 2021

Au cœur du drapeau péruvien, le blason national rappelle toute la richesse naturelle du pays, avec la corne d’abondance pour le minéral, la vigogne pour le règne animal et le quinquina pour le végétal.

Juillet est le mois au cours duquel les Péruviens célèbrent leur indépendance et il est de coutume de placer des drapeaux du Pérou sur les bâtiments publics et les maisons. Au centre du drapeau péruvien, il est possible d’observer un symbole très important pour l'histoire de ce pays : le Blason National, qui représente la richesse naturelle du Pérou avec la vigogne pour le règne animal, la corne d'abondance dorée pour les minéraux et le quinquina (« Quina » en espagnol) qui symbolise la flore péruvienne.

 

Le quinquina ou les poudres de la comtesse

On oublie facilement que le quinquina a sauvé l'humanité du paludisme au XVIIe siècle, ce qui en fait une grande contribution du Pérou au monde. L’histoire raconte qu’en 1639, l'épouse du vice-roi Luis Jerónimo Fernández de Bobadilla y Mendoza, comte de Chinchón, était dans un état très grave, atteinte de paludisme. Elle entendit parler des poudres que les indigènes utilisaient contre la fièvre, la femme du vice-roi en prit et fut guéri, c'est pourquoi le remède miraculeux était aussi connu sous le nom de « poudre de la comtesse ». Mais qu'étaient exactement ces poudres ?

Lorsque les jésuites arrivèrent à Lima, en 1568, ils fondèrent le « Colegio Máximo de San Pablo » (aujourd'hui l'église de San Pedro de Lima) et y ouvrirent une sorte de laboratoire qu’ils ont appelé « pharmacie ». Grâce à leur proximité avec les indigènes, les jésuites découvrirent qu’à partir de l'écorce de l’arbre du quinquina, les autochtones obtenaient de la quinine, une substance pouvant soigner le paludisme. À cette époque, cette maladie tuait de nombreuses personnes en Europe. En 1623, à Rome, des centaines de personnes, dont le pape Grégoire XV, sont mortes de cette maladie. Ce qui explique pourquoi ce remède contre le paludisme fut envoyé de Lima à Rome, il était alors connu dans cette ville comme « la poussière des Jésuites ».

 

De l’indépendance du Pérou au XXème siècle, l’histoire de la quinine

Cette renommée de la quinine a survécu jusqu'à l'époque de la guerre d'indépendance du Pérou. En effet, lorsque le libérateur Don José de San Martín a débarqué sur la côte péruvienne, ses troupes ont subi de nombreuses pertes dues à la malaria et au paludisme. Très vite, la quinine a été utilisée pour guérir les soldats atteints de cette maladie. Le sulfate de quinine a alors retenu l'attention du Français Abel Victorino Brandin, un médecin qui a accompagné l'expédition de libération du Chili. Il a essayé de promouvoir l'utilisation de cette substance à Lima où, en 1827, il a publié la première revue médicale péruvienne appelée « Les Anales Médicales ».

Puis, l'histoire de cet arbre de quinquina nous emmène jusqu’à la Première Guerre mondiale lorsque la quinine a également sauvé la vie de nombreux soldats, même si par la suite, lors de la Seconde Guerre mondiale, elle a été remplacée par la chloroquine, inventée par les Allemands.

 

Le quinquina, un arbre symbole en danger d’extinction et d’oubli

Grâce à tous les bénéfices que les Péruviens ont pu tirer du quinquina, cet arbre est désormais considéré comme le plus grand représentant de la richesse végétale du Pérou, c’est pourquoi il figure sur le blason national du Pérou créé en 1825 par le scientifique péruvien José Gregorio Paredes.

Malheureusement, le quinquina est menacé d'extinction depuis plusieurs années, à cause de l'agriculture migratoire, de l'exploitation forestière illégale, des incendies de forêt et de l'introduction d'espèces exotiques, telles que le pin et l'eucalyptus. La situation est si grave que de nombreux Péruviens n'ont pas vu un seul arbre de quinquina de toute leur vie. Il n'est donc pas surprenant que dans les versions les plus modernes du blason national, l'image de cet arbre ait été remplacée par une sorte de pommier ou même un ficus.

Par chance, dans le cadre des célébrations du bicentenaire de l'indépendance du Pérou, le gouvernement péruvien a lancé une campagne intitulée « Le quinquina du Bicentenaire. Revalorisons notre arbre emblème », afin de récupérer et de protéger les espèces de quinquina, en raison de leur forte valeur économique, environnementale et productive. Cette année, il est prévu de planter 30.000 arbres de quinquina, avec l'objectif d'en atteindre 500.000, afin d’assurer la reproduction de l'arbre emblématique du pays.

 

Le Quinquina, symbole de la flore péruvienne
© Gob.pe - Minagri

 

Rédaction : Pablo Solórzano – Guide touristique

 

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