Cela fait désormais deux mois que les cours en présentiel ont cessé au lycée français de Lima, le lycée Franco Peruano. L’occasion pour son proviseur, Marcel Salvetat, de nous dresser un bilan de la situation et notamment du dispositif de continuité pédagogique.
Depuis le 12 mars, un dispositif de continuité pédagogique a été mis en place par le Franco Peruano suite à la décision du gouvernement péruvien de fermer toutes les institutions éducatives afin de lutter contre l’épidémie du Covid-19.
Pour l’organisation des classes virtuelles, M. Salvetat nous explique que plusieurs supports numériques sont utilisés (visio-conférence, e-mail, padlet…) et que si au début il y a eu quelques petites difficultés dues à ce nouveau mode de fonctionnement, tout est désormais résolu du point de vue technique. Une trentaine de tablettes a même pu être prêtée aux familles qui en ont exprimé le besoin. « Nous sommes tout à fait conscients que ce nouveau mode d’enseignement implique beaucoup les parents, d’ailleurs je les félicite, je les remercie de participer eux aussi à ces cours en ligne parce je sais qu’ils assurent un suivi qui est remarquable. Sans cet accompagnement des parents, le travail des professeurs ne serait pas le même ».
Quels ont les points positifs de ce dispositif, qu’est-ce qui fonctionne bien ?
« Je ne veux pas faire de l’autosatisfaction mais ce dispositif fonctionne bien, voire très bien, on a d’excellents retours… je pense que ce que nous proposons est tout à fait dans le cadre de l’excellence pédagogique de l’AEFE, alors on est bien d’accord que cela ne remplacera jamais des cours en présentiel mais nous n’avons pas d’autre choix ! »
« Grâce à l'appui du poste diplomatique, mais aussi grâce aux compétences des enseignants et au soutien de l’AEFE qui a mis des formateurs à notre disposition, par discipline pour le second degré ou des conseillers pédagogiques pour le premier degré, je pense que nous avons effectivement un dispositif et une continuité des apprentissages qui sont tout à fait corrects ».
En outre, M. Salvetat souligne deux points positifs à ces cours à distance. Tout d’abord, il met en avant le travail réalisé sur l’autonomie des élèves, puis il trouve également intéressant la prise de conscience des parents qui de cette manière se rendent compte de la charge de travail fournie par les enseignants qui doivent faire preuve d'adaptation et de créativité. « Tous les enseignants sont mobilisés pour faire en sorte que les élèves puissent apprendre, consolider leurs acquis et ne pas perdre l’année scolaire, c’est ça le plus important ! »
Quelles sont les plus grandes difficultés de l’enseignement à distance ?
« Les difficultés sont surtout pour les classes de maternelle où il est beaucoup plus difficile d’arriver à capter l’attention des enfants de 3-4 ans. Il y a des parents qui disent que nous n’assurons pas les 6 heures de cours par jour mais c’est très difficile car les enseignants organisent des visio-conférences par petits groupes ».
« On ne pourra jamais donner autant d’heures qu’en présentiel… d’ailleurs le ministre péruvien de l’éducation a bien dit que les cours à distance ne devaient pas forcément correspondre au nombre d’heures qui sont dues en présentiel ».
« Nous avons des contacts avec tous les établissements du réseau AEFE de la zone et ils ont tous la même difficulté… En maternelle, parce qu’il s’agit d’un public d’enfants tout petits qui ne sont pas autonomes, on ne peut pas travailler de la même manière en visio-conférence qu’en présentiel à 20-25 ».
« Dans tous les lycées du réseau, c’est le même problème, il est très difficile de donner un enseignement ‘normal’ en maternelle ».
Que pouvez-vous nous dire sur les évaluations des élèves et les examens, brevet et baccalauréat, de cette année ?
« Ce que je peux vous dire, c’est que les élèves travaillent dur, parce que les enseignants donnent beaucoup de travail, ils préparent les séquences en amont, des évaluations sont faites en aval et les élèves travaillent beaucoup ». M. Salvetat nous indique qu’il y aura pour le second degré des conseils de classe virtuels avec au moins le professeur principal et un délégué de parents et pour le premier degré, il y aura des remises de livrets au mois de juin pour montrer qu’il y a des évaluations formatives.
Concernant le brevet et le bac, le Franco Peruano attend tout simplement les indications du Ministèrede l'Éducation en France. « Dans les jours à venir, on devrait connaître les modalités de passation des examens. Nous finalisons actuellement toutes les inscriptions aux examens pour les sessions de 2020 que ce soit le brevet, le bac de français en première et le bac en terminale, donc les examens auront lieu mais certainement sous des modalités différentes ».
Avez-vous plus d’informations sur ce qui va se passer dans les mois à venir ?
« Pour l’instant, ce que l’on sait du Ministère de l’Éducation péruvien, c’est que les cours en présentiel sont suspendus jusqu’à nouvel ordre, nous n’en savons pas plus. Il y a de forte présomption pour que ce soit pour toute l’année. Honnêtement, j’espère que non, parce que ce sera très difficile pour les élèves et pour les enseignants de maintenir un tel niveau d’enseignement jusqu’au mois de décembre ».
« Nous vivons des circonstances exceptionnelles dans lesquelles il faut s’adapter, à la fois le personnel du lycée, les élèves et les parents ».
« Nous sommes en contact permanent avec l’AEFE pour savoir comment on va pouvoir nous adapter et continuer ce dispositif qui demande sans arrêt des évolutions, des améliorations… Au niveau de la communication, nous envoyons des communiqués deux fois par semaines à peu près, je fais des visioconférences une fois par semaine avec les enseignants, une fois par semaine à peu près ou autant que de besoin avec les représentants des parents d’élèves dans le conseil d’école et le conseil d’établissement, donc la vie ne s’est pas arrêtée, nous communiquons, nous essayons de faire le maximum pour donner toutes les informations. Notre philosophie aujourd’hui est de penser au jour le jour ».