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Le tourisme au Pérou, un secteur paralysé

tourisme Péroutourisme Pérou
©patostudio
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 13 mai 2020

L’épidémie du Covid-19 a plongé le secteur touristique au Pérou dans une crise profonde. Gérante de deux petits hôtels à Arequipa, Audrey Lenormand n’a pas eu d’autre choix que de fermer ses établissements. Elle nous parle de son expérience personnelle et nous donne son ressenti face à cette « crise sans précédent ».

Étant donné la fermeture des frontières et le confinement obligatoire, Edgar Vásquez, ministre du Commerce Extérieur et du Tourisme péruvien, estime que le tourisme réceptif chutera de 65% cette année au Pérou à cause de la crise sanitaire due au Covid-19. Il qualifie même la situation actuelle de « plus grande crise de toute l’histoire du secteur touristique au Pérou ».

Faute de clients, Audrey a donc été obligée de fermer ses deux hôtels à Arequipa.  « Au départ, nous avons réussi à accueillir quelques touristes bloqués, dans l'attente d'un retour vers leurs pays, puis suite au rapatriement des derniers clients que nous avions, début avril, nous avons fermé ».

Son histoire au Pérou commence il y a dix ans, puis avec son compagnon péruvien, originaire d’Arequipa, ils se lancent dans un projet professionnel lié au tourisme. En 2014, ils sont séduits par une « casona », une grande maison en « sillar » (une pierre volcanique de couleur blanche qui a donné son surnom à Arequipa, la ville blanche). Ils en ont fait un petit hôtel dans le style des chambres d'hôtes. « Nous avons peu à peu gagné de la notoriété à Arequipa et nous avons réussi à attirer beaucoup de touristes étrangers, européens surtout. Trois ans plus tard, nous avons trouvé une autre "casona" dans le centre historique d'Arequipa qui nous a permis d'ouvrir un autre petit hôtel dans lequel nous avons également investi beaucoup de temps, d'énergie et d'argent... et qui a fonctionné jusqu'à cette crise sans précédent ».

 

Audrey Lenormand 2

 

Désormais contraints de faire face et de s’adapter à cette situation inédite et exceptionnelle, Audrey et son compagnon cherchent des solutions : « Nous essayons de louer les chambres au mois à des personnes qui n'arrivent plus à payer leur loyer. La difficulté c'est que, en dehors du fait qu'ici c'est dans la culture de vivre chez ses parents ou dans sa famille même lorsqu'on a un emploi et un salaire, les locaux n'ont plus les moyens de payer un loyer même pour une chambre à 300/350 soles (80-90 euros) ».

« Je suis en pleine réflexion sur la viabilité à court et moyen termes de ce secteur d’activité à Arequipa »

« Je me questionne beaucoup et je me demande si ça vaut le coup, est-ce que ça vaut la peine de maintenir une affaire pendant des mois, car finalement le tourisme reviendra mais petit à petit, au compte-goutte, il y aura tellement d'offres que les prix seront cassés et donc ce ne sera plus rentable pour nous… ».

Si son ressenti personnel est plutôt pessimiste, Audrey relativise et ne s’estime pourtant pas à plaindre : « On vit tout confort dans un appartement, on a tout ce qu'il faut, des économies aussi, ce qui n'est vraiment pas le cas de tout le monde ici. J'ai aussi conscience de la chance que j'ai d'être européenne et malgré tout, à n'importe quel moment je peux décider de rentrer dans mon pays… L'idée de rentrer en France avec les enfants m'a traversée et me traverse encore, pour y trouver un travail "en attendant", en attendant de trouver quelque chose de nouveau et de recommencer ici à Arequipa ou ailleurs ».

« Les amis du secteur touristique… souffrent beaucoup »

« Ce que j'observe des autres, notamment d'amis du secteur touristique… ils souffrent beaucoup ! Je pense notamment aux agences de voyage qui n'ont pas de "plan B". En ce qui concerne la restauration, le centre historique n'a jamais été aussi rempli de restaurants en tout genre, avec des propositions très différentes (sushis, indien, végan, burgers artisanaux...), très fusion et international, mais surtout dirigés vers les touristes étrangers. Ces restaurants ont réussi à gagner un petit pourcentage de clientèle péruvienne. Malheureusement, aujourd'hui, cette clientèle n'est plus au rendez-vous malgré l'organisation des livraisons à domicile ».

« L'idée qui circule pour l'après quarantaine est de s'adapter à la clientèle locale, de repenser les produits, les offres et de les "péruaniser" ».

Etant donné que le retour du tourisme international dans le pays dépendra de comment sera contrôlée la crise du coronavirus par les autres pays, Edgar Vásquez, ministre du Commerce Extérieur et du Tourisme affirme qu’au moment de la remise en route de l’activité touristique au Pérou, la priorité sera le marché intérieur. Mincetur estime qu’environ 1.400 hôtels pourront respecter le protocole sanitaire mis en place pour faire face à l’épidémie du Covid- 19 et ainsi rouvrir leurs portes dans tout le pays, lors de la première phase du plan de relance économique.

 

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