Considéré comme l’un des colibris les plus extravagants du monde, ce petit oiseau du nord de l'Amazonie péruvienne se distingue par sa longue queue ornée à son extrémité de petites plumes.
Nombreux sont les touristes qui viennent dans la région de l’Amazonas, au nord du Pérou, pour apprécier les couleurs vives de son plumage et observer sa manière si singulière de flotter dans les airs. Au-delà de son nom en latin « Loddigesia mirabilis » (Loddigésie admirable), le nom de « colibri à queue de spatule » s’explique assez simplement puisque le détail le plus remarquable de cet oiseau est l’originalité de sa queue, qui -chez le mâle- multiplie sa taille par trois.
Ce drôle d’appendice est formé de seulement quatre plumes, quatre longues rectrices très fines dont deux, plus longues, se terminent par une spatule, une sorte de disque bleu-violet-noir. Ces plumes particulières, en forme de raquette, s’entrecroisent et bougent indépendamment du corps. Un bel ornement que le mâle utilise pour faire fuir ses prédateurs (son plus grand ennemi est le serpent) et surtout pour impressionner les femelles, plus petites, pendant les parades nuptiales.
Pendant la saison de reproduction, le mâle danse en voltigeant devant la femelle pour la courtiser. Croisant ses longues plumes, les deux spatules ondulent autour de lui, tel un langage découlant du mouvement de sa queue. Mais ce comportement lors des parades nuptiales requiert beaucoup d’énergie et dure en réalité très peu de temps. En effet, ces plumes semblent si fragiles et en même temps bien lourdes pour un si petit oiseau.
Décrit pour la première fois en 1853, cette espèce de colibri mesure environ 15 cm de long et son poids varie entre 40 et 70 g. (Le colibri est le plus petit animal au monde doté d'une colonne vertébrale). La couleur de son corps est irisée -comme la plupart des colibris-, c'est-à-dire qu'il change de couleur selon le point d'où on le regarde. Sa tête est bleue et la gorge est verte. Il a un long bec et une langue fine et allongée qu'il utilise pour se nourrir du nectar des fleurs et occasionnellement d'insectes et de petites araignées.
« La Loddigésie admirable », une espèce très utile pour son environnement écologique, mais une espèce menacée
Endémique du nord de l'Amazonie péruvienne, dans la région de l'Amazonas, on retrouve principalement le colibri à queue de spatule le long des rives du fleuve Utcubamba. Une région où l’on recense quelques 900 espèces d’oiseaux (dont 40 des 105 espèces endémiques au Pérou) sur les plus de 1 800 que compte le pays tout entier. Il faut rappeler qu’il existe dans le monde environ 10 000 espèces d’oiseaux, donc le Pérou en rassemble sur son seul territoire près de 20 %.
Le colibri à queue de spatule habite entre 2 000 et 2 900 m d'altitude et fréquente le plus souvent les lisières des forêts humides et les zones broussailleuses en montagne. Son importance pour l'écosystème réside dans le fait qu’en se nourrissant du nectar des fleurs, le pollen adhère à son plumage ou à son bec et voyage avec lui, permettant ainsi d’assurer la diversité et la reproduction de nombreuses plantes des forêts tropicales.
Malheureusement, la loddigésie admirable est un oiseau rare menacé par la déforestation au profit de cultures illicites comme la marijuana ou même légales comme le café. L’espèce est actuellement considérée comme étant en Danger d’Extinction. En raison de la déforestation, l'habitat de cette espèce se réduit considérablement chaque année, ce qui a eu pour conséquence de la placer sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et quasiment au bord de l'extinction selon la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).