Plus de 12.000 personnes touchées à Ucayali par des pluies et des inondations. Malgré l’ampleur de l’urgence, le gouvernement central n’a envoyé aucun soutien.


Pucallpa, Ucayali.
Les pluies intenses qui frappent la région d’Ucayali depuis plusieurs semaines ont provoqué le débordement du fleuve Ucayali, inondant entièrement des villages entiers dans les districts de Yarinacocha, Manantay et Nueva Requena. Les conséquences sont dévastatrices : plus de 12 000 personnes sinistrées, des cultures détruites, des écoles inondées et des centres de santé effondrés. Mais le plus grave, c’est que le gouvernement n’a strictement rien fait.
« Nous dormons sur du carton mouillé. Il n’y a pas d’eau potable, pas de nourriture, pas de médecins. Personne du gouvernement n’est venu, même pas pour voir dans quel état nous sommes », raconte Rosa Sánchez, mère de quatre enfants, depuis une école rurale désormais transformée en abri de fortune à San Fernando.
Témoignages de l’abandon
Dans le village de San José de Pacache, à une heure de navigation de Pucallpa, la situation est désespérée. Le fleuve a tout envahi, emportant les plantations de bananes, manioc et papayes. Plus de 80 maisons sont devenues inhabitables. La seule aide reçue vient de bénévoles d’une ONG environnementale.
« Nous nous sommes organisés entre voisins pour évacuer les enfants et les personnes âgées en pirogue. Le gouvernement est aux abonnés absents. Il nous a abandonnés, comme toujours », déclare avec colère Don Julio Tapullima.
Pendant ce temps, l’Hôpital régional de Pucallpa est saturé. L’humidité et les eaux stagnantes ont entraîné une recrudescence de maladies comme la dengue, les infections respiratoires et les diarrhées.
« Il nous manque des médicaments et du personnel. La direction de la santé a fait ce qu’elle a pu, mais sans le soutien du ministère de la Santé (MINSA), nous sommes en crise », déclare une médecin, sous couvert d’anonymat par crainte de représailles.
Sans aide, sans plan, sans État

Ce qui choque le plus, c’est l’absence totale de réponse officielle. L’exécutif n’a pas décrété l’état d’urgence, n’a pas envoyé de brigades de la Défense civile (INDECI), et n’a activé aucun programme social d’urgence comme Qali Warma ou le programme Contigo. Aucun ministre n’a mis les pieds à Ucayali depuis le début de la catastrophe.
« Où sont les hélicoptères ? Où sont les kits de secours ? La seule chose qui arrive ici, c’est la pluie », s’indigne Marcela Diaz.
Une région oubliée
Ucayali n’est pas un cas isolé. La même situation se répète dans d’autres régions amazoniennes comme Loreto, Madre de Dios et San Martín, où les pluies et l’abandon de l’État forment une combinaison mortelle. Des experts en changement climatique avaient déjà alerté sur la vulnérabilité de ces zones, mais aucune mesure préventive n’a été prise.
« Le problème n’est pas seulement naturel, il est aussi politique. L’Amazonie est hors du radar de l’État. On ne se souvient de nous qu’en période électorale », dénonce l’anthropologue C.P.
Alors que les eaux continuent de monter, l’indignation d’une région invisible pour ses propres dirigeants grandit elle aussi. Ucayali appelle à l’aide, mais l’État reste silencieux.