Ces jeunes hommes de l’époque préhispanique pouvaient parcourir sur les chemins de l’Empire inca, jusqu'à 2 000 kilomètres en 7 jours, uniquement à pied, pour transmettre messages et colis.
Aujourd'hui, grâce à la technologie, un message parvient à son destinataire en quelques secondes. Il en va de même pour l'envoi de colis, de plus en plus rapide et précis. Dans l'ancien Pérou, les chasquis (qui en langue quechua signifiait 'celui qui donne et reçoit', 'personne relais' ou 'courrier') étaient de jeunes hommes ayant une condition physique irréprochable qui travaillaient au service de l'Inca. Ils étaient chargés de transmettre des messages et des objets à travers tout le réseau de chemins Qhapaq Ñan.
Leur travail était d'une importance vitale pour l'Empire inca, puisque les informations qu'ils faisaient voyager, pouvaient mettre fin à des conflits ou simplement servir d'alerte aux troupes de l’Inca, par exemple.
Un service de courrier moderne et efficace
Le rôle et les itinéraires des chasquis étaient parfaitement planifiés par les hauts gradés de l’administration inca. Ces derniers étaient chargés de recruter et de sélectionner les meilleurs coureurs (pour la plupart des fils de « curacas », des personnes de confiance, sorte de fonctionnaires, dans l'Empire inca), mais aussi de choisir les points de relais et de concevoir les meilleures routes.
Ainsi, le chasqui s’efforçait au maximum pour atteindre, le plus tôt possible, le point de destination (chaque tronçon faisait entre 10 et 15 kilomètres), où un remplaçant l’attendait pour prendre le relais. Grâce à ce système, le processus d'envoi d'informations ou d'objets en un temps minimum a été rendu possible dans tout le Tahuantinsuyo. Même avec l'arrivée des Espagnols, ce système est resté en vigueur tant les Européens ont été étonnés de l'efficacité de ce service.
De toute évidence, les chasquis possédaient des caractéristiques physiques enviables. Pour être sélectionné comme coureur, vous deviez démontrer une force et une puissance dans les jambes supérieures. La vitesse et la capacité de résistance à la fatigue musculaire n'étaient pas négociables. Ils avaient une mission et n'avaient pas de repos tant qu'elle n'était pas accomplie, au risque de leur coûter la vie.
Le chasqui emportait toujours avec lui une série d'objets essentiels
Parmi eux, deux objets en particulier ne pouvaient manquer sous aucun prétexte :
Le pututu, un coquillage qui servait comme une sorte d'instrument à vent dont le son était parfait pour avertir le prochain coureur, car plus le chant du pututu était fort, plus cela signifiait que la rencontre entre les deux chasquis étaient proches, pour se passer le relais.
Le quipu, un artefact inca fait de cordes nouées dans lequel l'information était transportée. Cet outil utilisé par les Incas, mais aussi par diverses cultures des Andes péruviennes, servait essentiellement à enregistrer des données (démographiques, calendriers, impôts, etc.). Il s’agissait d’une méthode d'écriture tridimensionnelle, numérique et statistique utilisée pour la collecte d'informations et l'archivage des données comptables concernant l'agriculture, l'élevage et le commerce. Le quipucamayoc, la personne chargée du décryptage du quipu, fournissait l'information aux chasquis pour qu'elle soit ensuite reçue et interprétée par l'Inca.
Outre ces deux principaux objets, le coureur portait également un « huaraca », une sorte de fronde pour se défendre de quiconque voulait l'empêcher d’avancer. Et pour être reconnu visuellement, le chasqui portait une coiffe de plumes blanches, ce qui servait également de distraction pour que l’on ne prête pas attention à ce qu’il transportait.