La réalisatrice péruvienne Melina León nous fait part de son sentiment à l’occasion de la sortie de son film, acclamé par la critique dans le monde entier.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2019 et plusieurs fois récompensé à l’international depuis un an (33 prix obtenus), le premier long métrage de Melina León « Canción sin Nombre » (« Chanson sans Nom ») dont la sortie en salle était initialement prévue le 18 mars mais repoussée à cause de la pandémie du Covid-19, est enfin proposé au grand public et c’est à partir d’aujourd’hui, en France, pour la réouverture des cinémas.
« C’est émouvant et symbolique de faire partie de ce retour à la vie en France »
« C’est beaucoup d’émotions, l’accueil de la presse en France, le fait de nous projeter dans 37 salles et l’attention que nous a apporté notre distributrice Sophie Dulac. Cette "histoire" avec la France a commencé effectivement à Cannes l’année dernière mais elle a continué avec un incroyable accueil au Festival de Biarritz, au Festival Chéries-Chéris, au Festival à l’Est et cette année, nous étions prévus aussi pour le Festival de Toulouse, qui bien qu’il ait été annulé à cause de la pandémie, nous a donné l’opportunité de présenter notre prochain projet dans sa session de développement ».
Une programmation au moment de la réouverture des cinémas en France, en plein contexte de crise sanitaire, est-ce une chose positive ou négative pour le film ?
« Je pense qu’il y a des deux, c’est positif parce que c’est émouvant et symbolique de faire partie de ce retour à la vie en France. L’aspect qui peut être difficile, c’est que les cinémas réouvrent à 50% de leur capacité normale. Peut-être que cela pourra être compensé avec plus de temps en salle et plus de séances, nous verrons ».
Après cette sortie en France, qu’est-il prévu pour le futur du film ?
« Nous attendons la sortie dans les salles en Italie, Suisse, Japon, Grande Bretagne et Espagne. Aux États-Unis, le film sortira dans des théâtres virtuels, c’est-à-dire par Internet mais en payant une entrée qui va au cinéma que chacun peut choisir, c’est un format qu’ils ont commencé à mettre en place pratiquement depuis le début de la pandémie et apparemment cela fonctionne bien. Au Pérou, nous cherchons une date appropriée, quand réouvriront les cinémas et quand la pandémie sera sous contrôle ».
Reconnu par le Ministère de la Culture au Pérou comme étant le meilleur film péruvien de l’année 2019, « Canción sin Nombre » qui a été tourné en noir et blanc, situe son action au cœur de la crise politique des années 80 au Pérou.
Le film raconte l’histoire de Georgina, vendeuse de rue, qui vit dans la pauvreté. Enceinte de son premier enfant, elle se rend dans une clinique qui propose des soins gratuits. Mais après l’accouchement, on refuse de lui dire où est son bébé. Désespérée et déterminée à retrouver sa fille, elle sollicite l’aide d’un journaliste qui accepte de mener l’enquête.
« Canción sin Nombre » aborde l’une des périodes les plus sombres de l’histoire récente du Pérou alors en proie à la violence du mouvement révolutionnaire du Sentier lumineux et fait référence à une affaire de trafic d'enfants de l’époque que le père de la réalisatrice contribua à dénoncer, en tant que journaliste.