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Le Pérou, le pays aux 55 communautés autochtones

Le Pérou, le pays aux 55 communautés autochtonesLe Pérou, le pays aux 55 communautés autochtones
© Persnickety Prints – Unsplash
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 9 août 2021, mis à jour le 10 août 2021

À ce jour, le Pérou compte 51 peuples autochtones d'Amazonie et 4 des Andes, parlant 48 langues natives. Environ 5 millions de Péruviens ont une langue autre que l'espagnol comme langue maternelle.

 

Selon les Nations Unies, plus de 476 millions d'autochtones vivent dans 90 pays du monde, soit 6,2 % de la population mondiale. Les peuples autochtones représentent une immense diversité de cultures, de traditions, de langues et de systèmes de connaissances uniques. Ils ne comptent pas moins de 5.000 cultures différentes et parlent la vaste majorité des quelques 7.000 langues de la planète.

Malgré leur diversité, la plupart des peuples autochtones partagent d'importants points communs, notamment les liens qu’ils entretiennent avec leurs terres ancestrales et leur environnement, de même que la volonté de préserver leur mode d’organisation, leurs valeurs culturelles, sociales et économiques, qui varient souvent des normes dominant dans les sociétés dans lesquelles ils vivent. Bien que pluriels, les peuples autochtones partagent donc des défis similaires liés à la reconnaissance et à la protection de leurs droits les plus fondamentaux.

Depuis des décennies, les peuples autochtones demandent la reconnaissance de leur identité, de leur mode de vie, de leurs terres, territoires et ressources naturelles mais, malgré leurs efforts, ils continuent d’être victimes de discriminations et d’injustices. Afin de sensibiliser le public aux besoins de cette partie de la population, chaque année, le 9 août, est célébrée la Journée internationale des peuples autochtones. Une date qui commémore la première réunion du groupe de travail des Nations Unies sur les populations autochtones, tenue à Genève en 1982.

« Partout dans le monde, les peuples autochtones continuent de se heurter à une marginalisation, une discrimination et une exclusion accablantes. Ces inégalités criantes trouvent leur origine dans le colonialisme et le patriarcat, et sont entretenues par une réticence profondément enracinée à reconnaître et à respecter les droits, la dignité et les libertés des peuples autochtones », a déclaré António Guterres, Secrétaire général de l’ONU.

« Tout au long de l’histoire moderne, les peuples autochtones ont été spoliés de leurs terres et territoires, privés de leur autonomie politique et économique, et on leur a même retiré leurs enfants. Leurs cultures et leurs langues ont été dénigrées et détruites ».

Rien ne justifie qu’on empêche les 476 millions d’autochtones dans le monde d’exercer leur droit à l’autodétermination et de participer effectivement à toutes les prises de décision.

 

La BDPI, la base de données officielle des peuples autochtones du Pérou

La Base de données des peuples autochtones (BDPI) du ministère péruvien de la Culture est une plateforme en ligne qui répertorie les peuples autochtones au niveau national. Cette source d’informations sociodémographiques, statistiques et géographiques, qui dénombre actuellement 8.984 localités de peuples autochtones est régulièrement mise à jour. L’objectif de la BDPI et de présenter des informations sur l'histoire, la culture et la langue de chacun de ces peuples, ainsi qu'une carte interactive avec leur localisation référentielle.

Le Pérou, le pays aux 55 communautés autochtones

Au Pérou, il existe 55 peuples autochtones qui parlent 48 langues différentes et qui représentent des caractéristiques ethniques et culturelles spécifiques.

Le Pérou, le pays aux 55 communautés autochtones

 

 

Violence et exclusion croissantes subies par les peuples autochtones

La pandémie de COVID-19 a aggravé les inégalités subies par la population autochtone, qui est près de trois fois plus susceptible de vivre dans l'extrême pauvreté que la population non autochtone. Les peuples autochtones sont également confrontés à la violence qui a augmenté pendant la pandémie. En 2020, l'Amérique latine a continué d'être la région du monde avec le plus de meurtres de défenseurs des droits humains, avec 264 morts, environ 50 de plus qu'en 2019, selon le dernier rapport de Front Line Defenders. Près de la moitié de ces défenseurs - 40 % - ont été tués pour avoir défendu les territoires et les droits des peuples autochtones.

« Les peuples autochtones sont confrontés à une violence aux mille visages : d'abord, l'abandon institutionnel et le déni de leurs droits ; et, d'autre part, la violence qui va des menaces, intimidations et harcèlements policiers, en passant par les arrestations et l'emprisonnement, jusqu'aux agressions, expulsions de communautés, violences sexuelles, enlèvements et meurtres de dirigeants autochtones » explique Mariana Ugarte, responsable des projets Manos Unidas au Pérou.

« Derrière ces morts se cachent l'exploitation forestière illégale, le trafic de terres, l'exploitation minière, l'agrobusiness, le trafic de drogue, mais le cadre qui accueille tout cela est le même : un modèle économique extractiviste, le centralisme des politiques étatiques et le racisme structurel ».

 

Le Pérou, le pays aux 55 communautés autochtones
© gob.pe - Cultura

 

Les Kakataibo, en Amazonie péruvienne, menacés par le trafic de drogue

Dans la seule Amazonie péruvienne, pendant la pandémie, il y a eu une douzaine de meurtres de dirigeants indigènes selon les données de l'Institut du Bien Commun. La communauté la plus touchée a sans aucun doute été celle des Kakataibo, avec quatre dirigeants assassinés, dont la principale cause a été le trafic de drogue. En janvier 2020, le chef Kakataibo Arbidio Meléndez a informé le rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits humains, des menaces que son peuple recevait. Arbidio a été tué deux mois plus tard près de sa communauté.

Selon Luis Hallazi, de l'Institut du Bien Commun, « le manque de protection s'est aggravé avec la pandémie et le scénario favorable a été créé pour que les économies illégales envahissent les forêts et augmentent la violence. La pression sur les territoires indigènes augmente car il n'y a pas de protection juridique appropriée ».

Pour permettre la mise en place de mécanismes de protection territoriale, une réserve indigène de Kakataibo Nord et Sud vient d’être créée, située dans les régions de Loreto, Ucayali et Huánuco, avec près de 150 mille hectares de forêts, au profit de la protection des droits, de l'habitat et des conditions qui assurent l'existence et l'intégrité des peuples autochtones isolés et en premier contact (PIACI).

À ce jour, le Pérou compte 7 réserves indigènes et territoriales, situées dans les régions de Madre de Dios, Cusco, Huánuco, Loreto et Ucayali, qui totalisent un total de 3.967.341,56 hectares de l'Amazonie péruvienne, ce qui correspond à 3,1 % de la territoire national.

Les forêts amazoniennes du Pérou constituent le principal territoire des peuples autochtones, parmi lesquels se trouvent les peuples autochtones isolés (PIA) et les peuples autochtones en premier contact (PICI). Les PIA sont les descendants de ceux qui ont habité le pays depuis des temps antérieurs à la formation de l'État péruvien et qui ont décidé de s'isoler pour se protéger. Ils entretiennent un lien culturel et spirituel étroit avec les forêts dont ils tirent les ressources nécessaires à leur subsistance. Alors que les PICI sont ceux qui ont commencé à interagir avec la société.

L'Etat péruvien a reconnu 20 PIACI dont la population est estimée à 7.000 personnes (4.900 en isolement et 2.100 en premier contact) dans les régions de Cusco, Madre de Dios, Ucayali, Loreto et Huanuco.

 

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