Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Étienne Friess : « Illustrer un texte, c’est faire des choix »

Étienne Friess : « Illustrer un texte, c’est faire des choix »Étienne Friess : « Illustrer un texte, c’est faire des choix »
© GFLOR
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 18 octobre 2022, mis à jour le 21 octobre 2022

L'illustrateur français de livres pour enfant est au Pérou pour une quinzaine de jours, invité par le réseau des Alliances françaises dans le cadre de MELI, le mois de la littérature jeunesse.

 

Pour sa première invitation à l'étranger, Étienne Friess s'est laissé tenté par le Pérou où il a atterri pour une série d'interventions à Lima (Alliance française de Miraflores et Collège Franco-Péruvien), mais aussi dans les Alliances françaises d'Arequipa et de Cusco.

« Jusqu'à maintenant, j'avais fait beaucoup d'ateliers en France mais jamais à l'extérieur. Dès qu'un salon du livre est organisé en France, nous sommes sollicités en amont pour des interventions dans les écoles... Ici, au Pérou, j'ai dû m'adapter parce que mes ateliers sont en français, or je vais avoir quelques interventions avec une traduction simultanée pour s'ouvrir un peu plus au public non francophone », nous explique le jeune illustrateur, originaire de La Rochelle.

 

Retrouvez sur le site de l'Alliance française de Lima le programme complet de MELI, le mois de la littérature jeunesse au Pérou.

Étienne Friess : « Illustrer un texte, c’est faire des choix »

 

Des interventions basées sur les thématiques abordées dans ses livres

Pour ses différentes ateliers, en fonction de l'âge des enfants qu'il a en face de lui, Étienne Friess reprend les sujets de ses livres : élaborer une carte au trésor (« L'île au trésor », son dernier livre) ; fabriquer un masque de loup (« Le grand méchant catalogue des loups ») ; dessiner des dragons (« Le fantastique catalogue des dragons et autres créatures ») ou encore créer une illustration à partir d'un texte. « J'aime bien travailler en fonction d'un livre que j'ai fait, parce que ça permet aux enfants, s’ils veulent approfondir, de visualiser les illustrations en ayant le livre entre les mains ».

 

Étienne Friess : « Illustrer un texte, c’est faire des choix »

 

« Avec les plus petits, nous avons fait des masques de loup parce que dans mon livre “Le grand méchant catalogue des loups”, ce sont des portraits de loups très différents, avec chacun leur stéréotype : le loup de mer, le louphoque, le lourdaud… Donc à partir d'un patron que j'ai apporté, nous avons dessiné les contours de la tête de loup et ensuite les enfants l'ont agrémenté à leur manière avec des accessoires ».

 

Étienne Friess : « Illustrer un texte, c’est faire des choix »
Loup-Yétu © Étienne Friess

 

« Pour les enfants plus âgés, l'idée est de leur faire faire mon métier. Je leur donne un extrait de texte d’un de mes livres pour qu'ils l'illustrent, sans leur montrer mon dessin. Je leur propose d'apprendre à extraire des idées à partir du texte et à se concentrer sur une seule pour l'illustrer. On ne peut jamais tout représenter ce que dit un texte donc illustrer, c'est faire des choix, c’est faire un pas de côté et s'intéresser, par exemple, juste à un mot. Être redondant avec le texte n'a aucun intérêt, le but est d'amener quelque chose en plus, quelque chose que le texte ne dit pas ».

Avec l’illustration, le but est d’amener ailleurs, de changer de point de vue !

Illustrer, c'est un métier, et faire des ateliers pour l'expliquer, c'en est un autre, mais Étienne Friess nous avoue y prendre beaucoup de plaisir. « Transmettre, je trouve ça très très chouette ! Si un jour on me le propose, je pourrais devenir professeur de dessin, tout en continuant l'illustration évidemment. Ce qui est bien avec le dessin, c'est que l'on peut tenir le même langage à des enfants qu'avec des adultes. Les règles et l'attitude à avoir au moment de dessiner sont les mêmes ».

 

Étienne Friess : « Illustrer un texte, c’est faire des choix »
Étienne Friess au collège Franco-Péruvien de Lima © Nadia

 

Dans votre prochain livre, « Sauvages ! », qui sort le 2 novembre, ce sont une nouvelle fois les animaux qui sont au cœur de votre travail d'illustration, pourquoi et quelles sont vos sources d'inspiration ?

« Avant, je dessinais beaucoup les humains, mais je me suis mis à dessiner les animaux, d'abord par facilité et ensuite parce que je suis un grand consommateur de documentaires animaliers. J'ai l'avantage de faire un métier où je peux faire autre chose en même temps que je dessine. Donc quand je suis devant ma table à dessin, en parallèle, j'écoute des podcast ou je regarde des documentaires animaliers ».

« Sauvages, dans lequel les animaux d'un zoo ont disparu, est un album un peu particulier parce qu'il est à cheval entre le livre illustré et la bande dessinée. De jour, c'est le côté album classique avec l'enquête de police pour savoir qui a volé les animaux et de nuit, c'est une BD muette dans des teintes bleues où nous découvrons le plan machiavélique des animaux dont chacun, en fonction de sa caractéristique, a joué un rôle pour qu'ils puissent tous s'évader ».

 

Étienne Friess : « Illustrer un texte, c’est faire des choix »
Sauvages © Étienne Friess

 

« Quand je me documente, j'essaie toujours d'aller chercher des sources les plus éloignées possibles comme par exemple des photographies, notamment pour des références de couleur. J'évite de m’inspirer des autres illustrateurs pour ne pas être influencé par leur style de dessin. Les illustrateurs, nous sommes un peu des éponges et inconsciemment, nous sommes toujours influencés ».

« Par contre, j'ai suivi les conseils de Benjamin Lacombe qui en plus d'être un ami, est le directeur de la collection dans laquelle est paru mon livre L’île au trésor. J'aime beaucoup son travail parce qu'il a une vraie intelligence dans son dessin. Il m'a appris à toujours mettre du fond derrière les illustrations. Donc, j'essaie toujours d'avoir des références parce qu'illustrer sert aussi à ouvrir sur des questions, comme par exemple quand j'utilise Arcimboldo dans le livre des loups. Dans ce cas-là, cette source d'inspiration est plus une forme d’hommage ».

 

Illustrateur expérimenté et auteur, l'écriture ne vous tente pas ?

« C'est dans les tuyaux, ça viendra ! J'aime beaucoup m'accaparer un texte pour l'illustrer, mais je pense qu'il y a toujours un moment dans la vie d'un illustrateur où vient la volonté de commencer par construire les images avant la narration. Il y a plein de choses  possibles quand les deux sont créées en même temps. Certaines choses narratives peuvent être coupées pour les faire passer uniquement par l'image... Si la question de ma légitimité pour l'écriture se pose, j'ai maintenant, avec l'expérience, un regard un peu plus critique sur la narration… »

 

Flash infos