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Klaus Barbie, le rat dont la route est aussi passée par Lima

Klaus Barbie, le rat dont la route est aussi passée par LimaKlaus Barbie, le rat dont la route est aussi passée par Lima
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 13 mai 2022

Sort aujourd’hui en France, un récit graphique qui revient, 35 ans après l’ouverture historique du procès de Klaus Barbie à Lyon, sur le parcours, la traque et le procès du criminel de guerre nazi.

Fruit du travail conjugué de Frédéric BRRÉMAUD (scénario) et Jean-Claude BAUER (dessin) – qui a couvert le procès de 1987 pour Antenne 2 –, « Klaus Barbie - La route du rat » (Urban Graphic) retrace la vie de l’un des plus grands criminels de guerre du XXe siècle. Grâce à la participation de Jean-Olivier VIOUT, substitut général durant ce procès historique, ou encore de Serge et Beate KLARSFELD, grands défenseurs de la cause des déportés juifs, les auteurs aboutissent à un récit nécessaire, témoignant de l’un des procès les plus retentissants de l’Histoire.

 

Klaus Barbie, le rat dont la route est aussi passée par Lima

 

Né en 1913 en Allemagne, Klaus Barbie est un criminel de guerre allemand, officier de police SS sous le régime nazi, mort en détention en France en 1991. Chef de la section IV dans les services de la police de sureté allemande basée à Lyon pendant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, celui que l’on surnommait « Boucher de Lyon » s’est rendu coupable d’innombrables crimes contre l’humanité : déportation de milliers de juifs, exécutions massives d’otages, torture et exécutions de nombreux résistants dont Jean Moulin.

À la fin de la guerre, Klaus Barbie échappe à la justice et à une double condamnation à mort en quittant l’Europe pour l’Amérique du Sud avec l’aide des ratlines (« routes des rats »), réseaux d’exfiltration nazis. Sous une fausse identité, il s’installe en Bolivie où il poursuit sa sinistre trajectoire, sur fond de trafic d’armes et de drogues, entre autres au profit de dictatures militaires sud-américaines.

Reconnu et identifié grâce au travail d’enquête de Beate et Serge Klarsfeld au début des années 1970, il est arrêté à La Paz puis extradé en France en 1983. Le 11 mai 1987 débute à Lyon le procès historique de Klaus Barbie, condamné en juillet 1987 à la prison à perpétuité pour crime contre l’humanité.

 

Lima, une étape dans la fuite de Klaus Barbie

Se faisant appeler Altman et ayant très vite obtenu la nationalité bolivienne, Barbie se sentait en sécurité en Bolivie, loin de l’image d’un homme traqué. Mais c'est à la suite de son implication dans le coup d'État militaire raté en 1971 du futur dictateur Hugo Banzer, que le nazi finit par quitter La Paz pour se réfugier à Lima.

Destination logique pour Klaus Barbie qui a déjà voyagé à plusieurs reprises au Pérou dans le cadre de ses activités liées à la compagnie Transmaritime bolivienne dont il était le directeur général. Et par ailleurs, Barbie avait à Lima un allié solide en la personne de Friedrich Schwend, un autre nazi reconverti dans la falsification de documents qui se faisait appeler Federico, très bien inséré dans la bourgeoisie péruvienne.

 

Klaus Barbie, le rat dont la route est aussi passée par Lima

 

Klaus Barbie à Lima - Place San Martín

 

A Lima, Klaus Barbie est finalement reconnu par l'une de ses victimes, sur une photo parue dans un journal d'une réunion de membres du gouvernement avec des hommes d'affaires. La victime pense y reconnaître l'officier nazi qui l'avait torturé un quart de siècle plus tôt en France, et envoie le cliché aux époux Klarsfeld. En comparant l’image un peu floue avec deux photographies qu'ils avaient dans leurs archives de Barbie prises en 1943, mais aussi avec l'aide d'experts, ils en concluent que les coïncidences physionomiques sont multiples. En 1971, Beate Klarsfeld veut suivre cette piste.

Après avoir mobilisé la justice allemande et française, et alerté les médias et l'opinion publique sur le sort du Boucher de Lyon, elle annonce qu’elle va se rendre à Lima. De son côté, le Pérou, pour ne pas avoir à refuser son extradition vers la France, demande à Barbie de retourner en Bolivie, ce qu’il fait puisqu’il y est plus en sécurité grâce à une double protection : celle offerte par ses puissants amis et celle de la loi. Citoyen bolivien, il ne pouvait être extradé vers la France.

 

Frédéric Brrémaud et Jean-Claude Bauer retracent la traque et le procès de Klaus Barbie dans un récit graphique richement documenté

Dessinateur d’audience pour Antenne 2 en 1987, Jean-Claude Bauer a saisi sur le vif de nombreuses scènes du procès, qu’il publie pour la première fois en les intégrant au cœur de la narration, comme des balises pour le récit glaçant et sans concessions qu’il nous livre avec Frédéric Brrémaud. Jean-Olivier Viout, substitut général durant ce procès historique, signe la postface de l’ouvrage, préfacé par Serge et Beate Klarsfeld.

Avec La Route du rat, Frédéric Brrémaud et Jean-Claude Bauer accomplissent un travail de mémoire essentiel et nécessaire, pour donner aux générations présentes et à venir les armes du témoignage et de la connaissance, contre la barbarie.

 

Klaus Barbie, le rat dont la route est aussi passée par Lima

 

Jean-Claude Bauer (dessinateur)

Avant d’avoir sa modeste place dans le PAF (Paysage audiovisuel Français) c’est chez Pif que Jean-Claude Bauer signe ses premières bandes dessinées. Il passe ensuite par la publicité et collabore pour Travail et Sécurité en traitant la prévention des accidents du travail avec humour. Son travail donnera lieu au recueil Un coup de crayon pour la prévention (INRS). De 1987 et 1997, il est le croqueur des bons, des brutes et des truands pour la télévision, en illustrant la chronique judiciaire des journaux télévisés d’Antenne 2 puis France 2. En 1995, il co-écrit Portraits de justice (Dargaud) avec Dominique Verdeilhan, puis revient à la bande dessinée avec Planète Randonneurs (Hugo & Cie), Spyware (Sandawe) ou encore Johnny - La naissance d’une idole (Jungle).

 

Frédéric Brrémaud (auteur)

Après des études à La Rochelle, il intègre le centre national de la bande dessinée d’Angoulême. Auteur prolifique, il scénarise des albums de bande dessinée de toutes sortes et pour tous publics, en France et dans le monde. Passionné par le monde animal, il collabore avec Federico Bertolucci pour Love (Glénat - Vents d’Ouest), une série de documentaires animaliers en bande dessinée, publiée en Europe et aux États-Unis. Toujours avec Federico Bertolucci, il scénarise Les Vacances de Donald (Glénat), puis Lettres des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes (Les Échappés) avec Allain Bougrain-Dubourg. Frédéric Brrémaud est également le scénariste, entre autres, de Tête de Pioche (Dargaud) et de la série Camomille et les chevaux (Bamboo), qu’il signe sous son autre pseudo, Lili Mésange.

 

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