Le 2 août est la journée nationale du cajón au Pérou. Apprenez-en un peu plus sur l’histoire de cet instrument de percussion péruvien, désormais reconnu dans le monde entier.
Au Pérou, tous les sons, rythmes et mélodies racontent une histoire. Le cajón péruvien, cet instrument emblématique de la musique créole et afro-péruvienne, est l'un des instruments qui a le mieux réussi à s'internationaliser, notamment en se transcendant à travers différents genres musicaux grâce à sa qualité rythmique et de sa résonance unique.
Le cajón, un instrument à percussion d'origine afro-péruvienne
L'origine de cet instrument remonte à la colonisation espagnole. Aujourd'hui qualifié de Patrimoine Culturel de la Nation, le cajón a été conçu au milieu du 16ème siècle par les esclaves africains qui accompagnaient les conquérants arrivés au Pérou.
Selon les historiens, les esclaves qui ont été amenés à Lima - afin de servir dans les maisons espagnoles ou de travailler dans les champs de coton situés au sud de la ville – se voyaient interdire toute manifestation culturelle, comme produire de la musique traditionnelle avec des tambours en cuir, pouvant rappeler et préserver leurs racines africaines.
Le rythme dans le sang et possédant une maîtrise parfaite de l'art de la percussion, les esclaves ont alors cherché d'autres moyens pour s'exprimer musicalement, utilisant toutes sortes d'objets comme des cuillères en bois, des chaises, des tables, des calebasses creuses ou encore des caisses en bois qui servaient au transport des marchandises. Ainsi est né le cajón, un instrument de musique original, fruit de la créativité des Afro-Péruviens pour faire vivre leur culture, désormais utilisé dans les célébrations et manifestations artistiques, tel un cri de protestation contre les mauvais traitements subis par les colonisateurs espagnols.
Ce n'est qu'au 19ème siècle que Porfirio Vásquez, passionné de musique et descendant afro-péruvien, donne au cajón la finition et la taille qu'il a aujourd'hui : une boîte en bois mesurant 47 cm de haut pour 32 cm de large, et avec un trou rond sur l'un de ses côtés. Cet instrument péruvien de forme rectangulaire se caractérise par le fait qu’il constitue un siège pour ceux qui en jouent. Pour en tirer les meilleurs sons, il faut frapper la boîte avec la paume ou du bout des doigts, certaines versions ont même introduit des pièces métalliques à travers la cavité.
L’art du cajón, une ouverture sur le monde grâce au flamenco
Les musiciens qui jouent du cajón sont appelés les « cajoneros » ou « cajoneadores ». Les premiers Péruviens qui ont enseigné et diffusé cette expression musicale ont été Francisco Monserrate y Córdova, plus connu sous le nom de « El Pibe Piurano », et Víctor « El Gancho » Arciniega. Dans les années 1970, de nombreux orchestres renommés ont commencé à inclure le cajón parmi leurs instruments de musique. Parmi les plus remarquables figuraient l'Ensemble folklorique national, dirigé par la compositrice de Lima, Victoria Santa Cruz, et le groupe Perú Negro, dirigé par le cajonero afro-péruvien, Ronaldo Campos.
Également bien intégré dans les fêtes populaires de la côte péruvienne, le cajón s’est révélé aux yeux du monde grâce au groupe espagnol Paco de Lucía, qui après avoir été émerveillé par ses charmes lors d'une tournée au Pérou à la fin des années 70, l'a fait connaître à l’international à travers sa musique de style flamenco. Mais l'adoption du cajón péruvien dans le flamenco a semé la confusion sur l’origine de l’instrument puisque pour beaucoup de pays elle était désormais attribuée à l'Espagne.
Dans les années 1980, l’artiste et musicien afro-péruvien Rafael Santa Cruz deviendra l'un des plus grands ambassadeurs du cajón péruvien à travers le monde. Il consacrera les dernières années de sa vie à faire reconnaître cet instrument comme étant bien d’origine péruvienne, jusqu’à fonder en 2008 le Festival international du cajón péruvien qui porte aujourd'hui son nom. En 2009, Santa Cruz est également entré dans l'histoire en réunissant plus d'un millier de cajoneros sur la Plaza de Armas de Lima, créant ainsi la plus grande cajoneada jamais vue. Un événement enregistré dans le livre Guinness des records.